Publié le 7 juillet 2022 à 15h19 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 19h20
Les comptes de la Ville ou encore le devenir de la Villa Valmer ont suscité quelques affrontements entre la majorité municipale et l’opposition.
Ce premier Conseil municipal post présidentielle et législatives a vu le groupe écologiste faire entendre sa différence sur le dossier « Développement intégré de l’Intelligence Artificielle à Marseille -Convention de partenariat avec le ministère de l’Intérieur » qui, comme le précisera Yannick Ohanessian, l’adjoint PS à la sécurité, avait pourtant été voté à l’unanimité en commission… «Un dossier qui vise à sauver des vies en utilisant de nouvelles technologies», insiste l’élu. Le maire, Benoît Payan entend rassurer la composante écologiste de sa majorité: «Le ministre de l’Intérieur ne nous dicte pas ses positions». Mais cette plénière aura vu surtout des affrontements Droite/Gauche, notamment sur les comptes de gestion et administratif mais aussi sur le dossier de la Villa Valmer où RN et LR monteront au créneau contre la décision de résiliation du bail emphytéotique administratif conclu par la précédente majorité au bénéfice de la SAS Villa Valmer.
7 nouveaux véhicules de secours livrés à Odessa
C’est pourtant l’unité qui a marqué le début de séance. Yannick Ohanessian évoque la ville jumelle d’Odessa: «La mort vient du ciel et de la mer mais Odessa refuse de se taire, résiste, défend nos valeurs, une certaine vision de l’Europe et du monde». Rappelle que la Ville a déjà donné 7 véhicules de secours à Odessa et qui va en donner 7 nouveaux. Il profite de l’occasion pour saluer: «la bravoure des marins-pompiers et des retraités du Bataillon qui n’ont reculé devant rien pour livrer ces véhicules». Julien Ruas (LR) rend hommage au vice-amiral Patrick Augier qui vient de voir le contre-amiral Lionel Mathieu lui succéder à la tête du Bataillon. Puis, à la demande de Marion Bareille (LR), maire des 13/14 une minute de silence a été observée en hommage à Alban Gervaise, médecin militaire, tué alors qu’il allait chercher ses enfants à l’école. Benoît Payan insiste à ce propos: «La famille souhaite que nous restions dignes».
«L’épargne brute augmente de 34 M€»
C’est à Joël Canicave, adjoint en charge des Finances, aux Moyens généraux et aux Budgets participatifs qu’il revient de présenter le compte administratif qui est «marqué par la crise Covid», indique-t-il avant d’évoquer l’augmentation de 36% des droits de mutation, une maîtrise des dépenses à une hauteur de 1,54 milliard dont 620 millions de frais de personnel. Et, l’épargne brute qui augmente de 34 M€ et la dette est en baisse de 49M€. Olivia Fortin, adjointe au maire en charge de la modernisation, au fonctionnement, à la transparence, à la coproduction de l’action publique, précise pour sa part que la réorganisation des services se poursuit.
«Vous faites des choses à l’encontre de vos promesses»
Sur les bancs de l’opposition, le LR Pierre Robin, considère qu’«il y a des points positifs dans ce compte administratif avec l’épargne brute qui augmente et la modération des dépenses». Mais très vite le ton change: «Jusqu’à ce jour vous faites des choses à l’encontre de vos promesses et le mécontentement est grand à la suite de votre décision d’augmenter la fiscalité. De même vous avez voté pour 1,5 million d’euros en faveur de budgets participatifs que vous n’avez pas utilisés». Il aborde ensuite la sécurité publique: «vous avez annoncé un renforcement des effectifs pour un effectif théorique de 484 policiers municipaux alors qu’ils ne sont, en 2021, que 352». Et il dénonce la même situation concernant l’ensemble des fonctionnaires municipaux. Et poursuit ses doléances en avançant que «les choses patinent en matière de réhabilitation des écoles».
«Je suis comme Saint-Thomas»
Olivia Fortin, adjointe en charge de la modernisation, du fonctionnement, de la transparence, de la coproduction de l’action publique, rétorque: «Il y a eu l’ouverture de plusieurs centaines de postes concernant la police municipale, nous les pourvoyons. Mais vous n’ignorez pas qu’il y a des concours suivis de 6 mois de formation». Puis Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge du plan école, du bâti, de la construction, de la rénovation et du patrimoine scolaire poursuit la joute verbale en revenant sur la situation des écoles: «Vous dites que nous ne faisons rien mais, pour ce qui me concerne, je suis comme Saint-Thomas, je ne crois que ce que je vois et que voit-on? Des travaux dans les écoles et notamment des travaux que nous réalisons en interne, c’est à dire sur notre budget fonctionnement et non sur celui de l’investissement».
«J’espère que votre indignation sera la même»
Joël Canicave prend le relais: «Vous exprimez votre hostilité à l’augmentation de la taxe foncière. Je voudrais juste vous rappeler qu’il y a peu, à la métropole, Yves Vidal a évoqué ce sujet considérant que nous avions bien fait et que la métropole devrait prendre la même décision. Si tel est le cas j’espère que votre indignation sera la même». Concernant le budget participatif, il rappelle la crise sanitaire en 2020, sa poursuite en 2021: «Nous avions décidé que les budgets participatifs seraient expérimentés dans les 2/3, 15/16 et 13/14. Nous avons eu une réponse très structurée du 15/16, un beau dossier des 2/3… et rien du 13/14. Si cela n’intéresse pas cette mairie qu’elle nous le dise ». Il alertera enfin sur l’augmentation du prix de l’énergie qui a conduit la Ville, dans son budget supplémentaire, d’ajouter 16,5 millions d’euros pour pouvoir chauffer classes et crèches.
La bataille de Valmer
Et on en arrive au dossier relatif à la résiliation du bail emphytéotique administratif conclu par la municipalité précédente au bénéfice de la SAS Villa Valmer. Bernard Maranda, RN, intervient le premier: «Je sais que le Tribunal Administratif risque d’être saisi en référé, une indemnité de rupture du bail pourrait être sollicité, on parle de 45 millions d’euros». Pierre Robin lui succède: «L’intérêt des Marseillais réside dans la préservation de leur patrimoine. Et nous sommes attachés à sa remise en valeur. L’intérêt des Marseillais c’est aussi l’économie, l’attractivité du territoire, la confiance des investisseurs. On ne peut pas faire fi des conditions financières. La villa Valmer n’est pas un trophée. Lorsque l’on prend ses fonctions – ce qui nous arrivera en 2026- il ne s’agit pas de mener des combats d’arrière-garde. Sur ce dossier nos craintes sont financières. le promoteur parle d’une demande à hauteur de 45 millions en cas de résiliation. Madame Chaboche estime le risque à zéro. Je suis un peu étonné. Puis il y aura des frais à la charge de la Ville pendant le contentieux et quel signal envoyons-nous aux investisseurs? ». Il admet: «On peut penser que l’on veut ce contrat mais lorsqu’une Ville s’engage une continuité s’impose. Certes, il y a eu un bâtiment de détruit, vous dites que c’est intentionnel, pas pour le promoteur qui dit être d’accord pour reconstruire à l’identique». Il pointe enfin le risque d’un dossier qui s’enlise et de lancer à la majorité: «Ayez une vision plus large de l’intérêt général, d’autres solutions auraient été possibles». Et d’annoncer un vote contre.
«Des partenaires qui ne jouent pas le jeu»
L’opposition a tiré la première mais Mathilde Chaboche n’entend pas s’en laisser conter et d’interroger: «Êtes-vous naïfs ou de mauvaise foi alors que vous reprenez toutes les propositions du locataire et que vous relayez sa ligne de défense médiatique?». Elle avoue se poser d’autant plus la question: «Face à votre insistance à vouloir nous faire dévoiler notre stratégie de défense». Benoît Payan insiste pour sa part sur le fait que Jean-Claude Gaudin, son prédécesseur avait beaucoup tardé à signer ce bail «C’est dire si ses doutes étaient forts et sans doute n’aurait-il pas signé s’il avait pu résister plus longtemps». Puis assure que ce dossier était une mauvaise affaire pour la Ville: «La Villa Valmer abritait les organisations internationales logeaient par la Ville. Et, avec ce bail emphytéotique, la Ville doit percevoir un loyer de 600 000 euros par an quand, pour reloger les organisations internationales, elle doit verser 1 million par an de loyer. Et je crois savoir que d’autres offres, bien meilleures, ont été refusées. Mais, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir nous avons fait le choix de négocier. le problème c’est que l’on se retrouve face à des partenaires qui ne jouent pas le jeu (…) avec des pelleteuses qui font s’écrouler le bâtiment. Alors nous le lâcherons jamais ».
École: le prix des cantines restera inchangé
Pierre Huguet, adjoint en charge des cantines scolaires, l’a non seulement dit mais il l’a répété: «Le prix de la cantine scolaire restera inchangé à la rentrée scolaire». Il n’ignore pas l’augmentation des prix des matières premières, tout au contraire, il trouve là une raison supplémentaire pour ne pas augmenter les prix afin de soutenir les familles. Il ajoute: «Nous serons très vigilants sur la qualité des repas servis». Il annonce la mise en place d’ «une nouvelle gouvernance pour le suivi de la DSP de la restauration scolaire et la définition du nouveau modèle des cantines des écoles de Marseille, première étape de la reprise en main par la Ville de la restauration scolaire».
Michel CAIRE