Publié le 10 octobre 2019 à 9h57 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h32
L’expertise de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur n’est pas à démontrer en termes d’actions de protection de l’environnement. Voilà en effet près de 40 ans qu’elle officie sur ce chantier, jusqu’ici sous l’égide de l’Arpe. Aujourd’hui prenant également le nom d’Agence régionale de Biodiversité (ARB), elle compte se donner un nouveau souffle et œuvre à la mise en place de nouveaux outils.
Elle structure peu à peu son action. L’Agence régionale de la biodiversité, créée officiellement en Provence-Alpes- côte d’Azur au printemps dernier, compte bien tenir son rôle de chef de file dans la protection des espèces sur son territoire. «Quand l’agence française de la biodiversité a vu le jour, on a fait en sorte qu’il y ait une agence régionale. Depuis 40 ans, l’Arpe était déjà positionnée sur ces questions, notamment sur les problématiques concernant la tortue d’Hermann. Nous avons donc soufflé à l’État qu’il était heureux d’avoir une agence nationale, mais qu’il fallait aussi créer des ramifications en régions. De la sorte, cela permettrait de conforter le travail de l’Arpe, mais de créer ailleurs les agences qui n’existent pas encore. Et l’État nous a proposé un cadre : se saisir de cette opportunité pour développer des partenariats que l’on n’avait pas jusqu’ici », revient Claude Holyst, directeur de la nouvelle structure. Ainsi, autrefois Arpe, ou Agence régionale de protection de l’environnement, elle devient Arpe-ARB et c’est par le biais d’outils inédits qu’elle envisage de se donner un nouveau souffle, ce en adoptant «une façon différente de concevoir la politique publique, par rapport à ce qui a été fait jusqu’ici». Et cela passe notamment par de nouvelles priorités dégagées, comme «la nécessité d’accompagner les acteurs sur le terrain. Un manuel a déjà été rédigé en ce sens». Ce peut être dans le cadre de la restauration collective, avec la farouche volonté de favoriser le local, le bio… ou dans la mise en application d’une économie véritablement circulaire, visant à «mettre en relation les problèmes des uns et les actions des autres». Il sera également question, pour mieux accompagner ces acteurs, d’exploiter toute la data découlant de l’observation de la biodiversité. «Il s’agit de récupérer les données, de les synthétiser, de les rendre utiles à nos partenaires». Voilà pour la philosophie générale…
Une batterie de labels
… mais c’est aussi et surtout à la faveur d’actions nouvelles que cette protection de la biodiversité va se mettre en œuvre. Sans occulter celles déjà existantes. Parmi les initiatives émergentes, la création future d’aires naturelles éducatives (ANE), inspirées, pour le terrestre, d’un modèle déjà connu : les aires marines éducatives. Le concept : «une classe intervient sur un espace public maîtrisé, avec le concours d’une association locale et d’une collectivité. Ce peut être la commune, l’intercommunalité, le département… Et cette classe va s’engager dans une suite d’actions tout au long de l’année », explique Claude Holyst. Par exemple, le ramassage de déchets et la gestion de cette problématique, la valorisation de ces derniers ou encore, l’éradication d’espèces invasives. «Il s’agit d’un travail au long cours, reproductible chaque année… Nous avons réfléchi à ce concept, parce que nous nous posons beaucoup de questions relatives à l’éducation à l’environnement, notamment sur la façon de mobiliser les citoyens». Les sélections en vue de définir ces aires terrestres sont toujours en cours, l’équipe de l’ARB travaillant pour ce faire à la création d’un label ANE. Les appels à candidatures ont été lancés dans le courant de l’été avec un objectif : totaliser 10 à 15 labellisations les premières années. Parce que le label, c’est un outil dont la toute nouvelle Arpe-ARB compte bien se servir… Il y a ceux, comme les ANE, qui sont en gestation, mais aussi ceux déjà opérationnels et reboostés aujourd’hui. Parmi ces derniers, Parc +, « qui permettent de progresser sur plusieurs niveaux, environnemental, social, économique. Nous l’avons fait évoluer… » Ou encore, l’ancien « Capitale française de la biodiversité », devenu à présent « Territoire engagé pour la nature ». «Il s’agit d’une évolution impulsée par l’AFB. Cette année, notre région est première en nombre de labels obtenus, soit 27 communes et deux intercommunalités». L’ensemble de ces labels se décernent sous l’égide de jurys partagés comprenant la représentation de l’Ademe, de l’Agence de l’eau ou encore d’anciens territoires labellisés, «pour faire remonter, toujours, les besoins du terrain».
Un budget constant
Voilà pourquoi les associations de protection de la biodiversité, LPO, FNE, Conservatoire des écosystèmes naturels, Graine, CPIE, sont largement intégrées dans cette nouvelle dynamique. «On les implique de trois façons : par la réalisation de notes thématiques, pour lesquelles nous les sollicitons. Nous les invitons également en tant que partenaires, lors de la tenue de notre comité syndical. Par ailleurs, la gouvernance de l’ARB s’opère notamment via un comité de pilotage, dans lequel elles sont représentées. Enfin, elles sont partie prenante d’actions concrètes, ce sera le cas par exemple au sein des futures Aires naturelles éducatives. Mais nous voudrions les associer dans une gouvernance élargie». Enfin, il y a aussi l’actualité. En 2020, elle prendra tout son sens avec le congrès mondial dont on parle depuis plus d’un an déjà : celui de l’UICN, bien sûr, organisé à Marseille, au sein du Parc Chanot. Il est évident que l’Arpe-ARB interviendra en amont de ce rendez-vous international, lors de sa préparation. « L’idée, c’est de réunir tous les acteurs socio-économiques, publiques, pour voter un agenda et rentrer tous les événements s’inscrivant dans la dynamique de l’UICM, pour les valoriser. Car le territoire doit être uni pour la nature. Nous vivons dans une région très riche en biodiversité. De fait elle conjugue de multiples enjeux, et compte un grand nombre de gestionnaires de parcs naturels. On dénombre en effet une trentaine de grands acteurs… il faut faire reconnaître ça». In fine, de nombreuses missions pour cette nouvelle agence. Elle s’y attelle en étant financée via un budget constant, par rapport à l’avant-ARB. Soit 3,5 M€, mis sur la table par plusieurs financeurs.
Carole PAYRAU