Ils avaient suspendu leur mobilisation nationale en raison des promesses du Premier ministre en début du mois. Deux semaines après, ils ont le sentiment que peu de choses ont changé. Les normes dénoncées sont toujours appliquées tandis que les contrôles dans la grande distribution ne sont pas effectifs faute de personnels. Fumier, paille, branchages ont été déversés dans des lieux emblématiques.
Entendus mais pas écoutés
Les revendications sont multiples lors de cette mobilisation. « On veut des actes. A part pour le GNR il n’y a pas eu d’avancées», indique Nicolas Solda. Margot Megis, présidente des jeunes agriculteurs 04, réclame « une application pleine et entière de la loi Egalim. Gabriel Attal nous avait promis de renforcer les contrôles mais ce n’est pas le cas, faute d’effectif suffisant ». Romain Courdouan insiste sur la surabondance des normes en France. « On retrouve des produits qui sont importés dans nos supermarchés et qui n’ont pas ces normes-là». Roland Gauthier dénonce la froideur des administrations: « Avant on arrivait à avoir une personne compétente au téléphone. Maintenant on nous demande d’envoyer des mails. Voilà ce qu’est devenue notre agriculture ». Mais au-delà les agriculteurs demandent de vivre avec des revenus décents. « La grande distribution, les centrales d’achat ou les distributeurs se remplissent les poches. La famille Besnier possède des milliards. Il faudrait pour agriculteur travailler 2 500 ans pour arriver à son niveau », ajoute René Laurans, président de la FDSEA 05. Tous réclament enfin plus de considération pour les paysans et si rien n’évolue, le Salon de l’agriculture ne devrait pas être une promenade de santé pour les membres du gouvernement.
La pression monte
Dans leur défilé dans le centre-ville de Marseille les agriculteurs vont laisser leurs empreintes devant diverses administrations la Draaf (Direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et la forêt) puis la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement). Le rideau baissé de cette dernière est enfoncé avec une benne. Les esprits s’échauffent quand un agent de la structure jette un cendrier sur les manifestants et une bouteille de bière. Il faudra l’arrivée du directeur pour calmer les esprits.
Devant la préfecture c’est du fumier qui est répandu aux pieds des CRS. « A force qu’on nous prenne pour des imbéciles les gens s’énervent c’est obligé », lance Frédéric Landry, agriculteur dans le Var. « Quand on annonce n’importe quoi et qu’il n’y a aucune action derrière au bout d’un moment les agriculteurs comprennent qui si on ne fait rien, on n’aura rien. Alors petit à petit ça monte d’un cran ». Florian Pellegrin, le président des Jeunes agriculteurs Paca, réclame « d’être entendus et qu’on arrête de nous mener par le bout du nez. Les semaines passées ça n’a pas avancé alors on veut que ça bouge maintenant ».
Prochain rendez-vous le salon de l’agriculture. L’ambiance pourrait être houleuse si le monde de l’agricole n’a pas obtenu gain de cause après les annonces ce mercredi matin, du Premier ministre Gabriel Attal qui tiendra une conférence de presse sur la situation agricole. Il devrait faire plusieurs annonces et présenter également les grands axes du projet de loi agriculture.
Reportage Joël BARCY