Publié le 19 octobre 2020 à 8h14 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h14
Le nouveau président du tribunal judiciaire de Marseille, Olivier Leurent, qui a pris ses fonctions le 31 août a officiellement été installé le 2 octobre lors d’une audience solennelle au Palais Monthyon, au cours de laquelle a également été installée la nouvelle procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens. Entretiens.
Dominique Laurens, la nouvelle procureure de la République de Marseille, arrivée, en mai dernier, parle de son «ambition forte pour cette belle juridiction» de Marseille. Sa première ambition est d’avoir les moyens, en magistrats spécialisés, de répondre à de multiples objectifs même si elle reconnaît avoir eu le renfort de 2 magistrats, non spécialisés, en septembre. Elle décline les axes de travail pour le parquet: la lutte contre la criminalité organisée: «Elle ne se résoudra pas par le seul volet répressif, il faut aussi des volets économique et social»; contre la délinquance des mineurs, contre le trafic des êtres humains, la protection des personnes vulnérables: «On parle des femmes, il ne faut pas oublier les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées»; la préservation d’un cadre de vie apaisé et sécurisé. Elle évoque à ce propos«l’immense traumatisme de l’effondrement des deux immeubles de la rue d’Aubagne». Annonce dans ce cadre: «Je vais poursuivre le travail de mon prédécesseur, il faut aboutir rapidement à des actions, que les propriétaires comprennent qu’ils ont des devoirs». Puis, Dominique Laurens évoque la recherche d’alternative à des courtes peines d’incarcération et d’envisager le développement du Travail d’intérêt général: «J’y suis favorable car il permet de restaurer les personnes dans leur citoyenneté. Il ne faut pas se représenter cette peine comme un travail matériel, c’est plutôt un moyen de se réinsérer dans des valeurs collectives portées par le travail»… Entretien. dominique_laurens_02_10_20.mp3Olivier Leurent, le nouveau président du tribunal judiciaire de Marseille, commence son intervention par un constat, «un message d’alarme» sur le manque de moyens humain et matériel de la juridiction de Marseille. Juridiction qui connaît, selon lui : «un sous-dimensionnement en matière d’effectifs de magistrats et de greffiers. Ce qui a pour conséquence de ralentir l’activité juridictionnelle pour, donc, être une justice trop lente par rapport aux enjeux de la cité phocéenne». Considère ces mauvaises conditions de travail «comme une perte possible de vocation». Dans le même temps, il affiche son ambition de rapprocher la justice du justiciable. En premier lieu, il entend assurer «une meilleure qualité de vie au tribunal» où il manque 10 salles d’audience selon un audit récent. Se félicite d’un programme de construction immobilière, «même s’il faudra prévoir des déménagements qui permettront des rénovations en tiroir». Le président se veut rassurant sur ces changements immobiliers, en citant des commencements, «au niveau des geôles du tribunal et de sa mise en accessibilité». En appelle à «une belle et grande cité judiciaire» à Marseille, comme celles qui existent dans d’autres villes. L’espoir est aussi le fruit de «la hausse historique» du budget de la justice avec plus de 8%. «Elle ouvre pour nous des horizons…», tient-il à souligner. Une augmentation qui, espère Olivier Leurent, «sera mise à profit pour augmenter les effectifs des services judiciaires». Il salue également l’ouverture prochaine de la Maison de la Justice et du Droit de Marseille où tout Marseillais pourra se renseigner sur le droit de la famille, du logement, de la consommation et du surendettement ou sur le droit des étrangers. Un bus d’accès au droit va aussi bientôt être mis en service. Enfin, Olivier Leurent souhaite travailler en équipe, créer les conditions de l’intelligence collective: «On n’est jamais aussi intelligent que lorsque l’on travaille en équipe. Il faut un capitaine, je serai celui du Tribunal de Marseille. Il faut des arbitrages, mais, préalablement à ces arbitrages il faut des objectifs communs, y faire adhérer les équipes et, elles y adhèreront d’autant plus qu’elles y ont été associées». Il souhaite également nouer des partenariats avec d’autres acteurs de la justice, avec l’Université et la Recherche et accueillir des stagiaires pour susciter des vocations. Le président du tribunal judiciaire de Marseille revient enfin sur la lutte contre la délinquance financière. Entretien. olivier_leurent_02_10_20_president_tribunal_de_mrs.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO