Publié le 1 octobre 2020 à 10h04 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h13
La Maison de l’Emploi de Marseille associée à la Cité des Entrepreneurs d’Euroméditerranée et le réseau Cap au Nord Entreprendre, ont lancé les premiers « Village Mobilité » de Marseille dédiés à la fois aux entreprises et au grand public. L’objectif étant de promouvoir la mobilité douce sur le territoire et de mieux organiser l’usage des nouveaux moyens de transports : vélos, voitures et vélos électriques, trottinettes électriques, dans les contextes professionnels.
Dans le cadre de son programme «Euromob», la Cité des Entrepreneurs d’Euroméditerranée avait mené en avril 2019 une enquête auprès de plus de 300 salariés sur son territoire. A la question de savoir combien d’entre eux étaient prêts à abandonner la voiture pour se rendre au travail et préférer adopter des modes de transport doux, 44 % se déplaçant en voiture «pour une partie ou la totalité de leur trajet domicile-travail » avaient répondu chercher une alternative de mobilité douce. Et 25 % utilisant la voiture «pour la totalité de leur trajet domicile-travail » se disaient encore prêts à changer de comportement pour une mobilité plus douce. Depuis, le confinement est passé par là, et les problèmes de circulation à Marseille, en étant déconfinés, ne se sont guère arrangés… On peut raisonnablement penser que les pourcentages sont allés vers la hausse. Et davantage après les «deux journées de sensibilisation aux déplacements alternatifs » proposées sur Marseille, mercredi 16 et jeudi 17 septembre, dans le cadre de la «Semaine européenne de la mobilité ». «Cela fait plusieurs années que l’on a la volonté de manager la mobilité sur notre territoire», explique Christian Cortambert, président du réseau d’entreprises, Cap au Nord Entreprendre qui met alors en exergue une réalité : «Seules, dans leur coin, les entreprises ne peuvent et ne pourront pas arriver à faire changer les habitudes, à obliger ou pousser leurs salariés à se déplacer autrement. Pour nous, la principale difficulté est qu’il est toujours très compliqué de mieux faire connaître ce que nous avons mis en place pour que cela change, justement.»
«A nous, dans les entreprises, d’ouvrir la voie»
Ces dernières années, Cap au Nord Entreprendre annonce avoir multiplié les initiatives dans ce sens, notamment avec «4 responsables référents» s’occupant aujourd’hui d’encadrer à 8h30, tous les matins de la semaine, du Vieux-Port, plusieurs groupes de salariés pour effectuer à deux roues le trajet domicile-travail. «Et ce vélibus attire de plus en plus, poursuit Christian Cortambert, c’est l’exemplarité des dirigeants qui est aussi importante sur ces questions afin d’encourager de nouvelles habitudes. Il faut stimuler autour de soi, comme distinguer le salarié qui a, par exemple, le plus pratiqué le covoiturage sur un mois. C’est ce que nous avons décidé d’impulser. A nous, dans les entreprises, d’ouvrir la voie, et forcer un peu plus tout le monde, et je pense aussi aux collectivités, à prendre résolument le chemin dans ce sens.» La Métropole Aix-Marseille-Provence annonce de son côté lancer dès octobre «une offre de location longue durée de vélos électriques» qui seraient disponibles dans plusieurs stations de métro à Marseille, «avec la possibilité de les déposer chaque soir, sur place, dans des emplacements fermés et sécurisés». Pour le moment, au regard de ce que l’on peut observer au quotidien en prenant le métro dans la ville, il est encore difficile de pouvoir imaginer actif, dès les prochaines semaines, un tel nouveau service… «Les difficultés de déplacement sont toujours trop importantes pour ceux qui viennent de l’ouest de la ville vers la Joliette pour aller travailler, observe Sandra Chalinet, présidente de la Cité des Entrepreneurs d’Euroméditerranée, il faut réfléchir et penser à la fois aux quartiers nord et sud de la ville afin de mieux relier les concentrations d’habitations et les concentrations d’entreprises sur l’ensemble de son territoire. Je pense ainsi à fluidifier les déplacements entre les grands ensembles de la Rouvière et la Joliette.» Considère encore : «Les dispositifs de vélos électriques à la location sont à développer dans la ville. Ils sont plus sécurisants que les trottinettes. A la Cité des Entrepreneurs, notre ambition est d’apporter des services aux 250 entreprises du territoire Euroméditerranée. Mais sur cette question de la mobilité, nous n’avons pas assez de communication menée auprès des salariés des entreprises.» Sandra Chalinet propose alors différentes solutions: «Nous avons beaucoup travaillé avec l’application « Euromob », qui permet de se déplacer plus facilement en vélo sur le territoire. Ces villages mobilité permettent au plus grand nombre d’essayer ces nouveaux déplacements doux, et dans le même temps attirer les entreprises pour adopter cette mobilité. Nous allons pour cela à la rencontre des entreprises et de leurs salariés pour changer les comportements et les pousser à laisser la voiture de côté. Je suis convaincue que les solutions peuvent être mixées.» A ce propos, Christian Cortambert tient à ajouter : «Les entreprises ont une part du chemin à faire pour que les choses bougent et pour sensibiliser tous les citoyens. Nous proposons un service qui se met en place afin de trouver les premières entreprises pionnières et faire avancer la machine. Nous devons avoir la volonté de faire de l’expérimentation dans l’utilisation de ces modes de transports alternatifs, pour convaincre autour de nous.»
«Les problèmes liés à la mobilité sont les premiers freins à l’emploi»
Sandra Chalinet note encore : «Il est important de s’attaquer aux freins dans l’esprit des gens. Nous travaillons pour cela avec le laboratoire de psychologie sociale de l’AMU, en organisant des ateliers d’aide au changement de comportements en matière de mobilité à l’attention des salariés. Depuis les derniers mois, et le confinement n’y est peut-être pas étranger, des chefs d’entreprise, de nombreux DRH et responsables RSE répondent de plus en plus présents pour faire découvrir des offres de mobilité douce dédiées à leurs collaborateurs. C’est encourageant !» Stéphanie Chauvet, directrice de la Maison de l’Emploi à Marseille, acquiesce : «Nous pouvons témoigner que les problèmes liés à la mobilité sont les premiers freins à l’emploi. Un entrepreneur tarde le plus souvent et n’arrive pas à recruter faute de mobilité. L’une des missions de la Maison de l’Emploi est d’accompagner les salariés dans le maintien dans l’emploi. Avec l’objectif d’aider les chefs d’entreprise à pouvoir proposer à leurs collaborateurs des solutions alternatives à la voiture individuelle, et aussi les fidéliser dans cette idée.» Et pour faire précisément «évoluer les mentalités », la Maison de l’Emploi a par exemple pris l’initiative de faire installer une douche dans ses locaux, pour faciliter l’utilisation du vélo. Comme les autres partenaires de l’opération des « villages mobilité », elle entend pousser les entreprises à développer les aides pour les inciter à rembourser aux salariés une partie des frais de déplacements domicile-travail. Assurément une question centrale à mettre au cœur du débat pour aider de tels acteurs associés à être soutenus dans leur quête de mobilité douce.
Bruno ANGELICA
|Les différents acteurs présents sur « Village Mobilité » de Marseille
Les deux journées de sensibilisation aux déplacements alternatifs proposées sur Marseille, mercredi 16 septembre au Grand Littoral, et jeudi 17 septembre aux Fabriques, étaient organisées dans le cadre de la «Semaine européenne de la mobilité». L’objectif étant de faire découvrir et tester au grand public, le mercredi, comme aux entreprises, le jeudi soir, les différentes solutions innovantes de déplacement, les deux villages ont réuni une bonne trentaine d’acteurs engagés dans la mobilité douce. Étaient notamment représentés : la RTM, la SNCF, JCDecaux, la Métropole Mobilité, la société Ekodev, Plume (entreprise de location de longue durée de trottinettes VAE), Totem, Citiz… plusieurs start-up ont exposé et fait tester leurs solutions alternatives de déplacement. Le collectif « Vélo en ville » avait également son stand.|