Le collectif « Tous Acteurs » peut se féliciter, quelque 1 500 personnes ont participé à la cérémonie des Vœux 2024 du Monde Économique au Parc Chanot.
La soirée, placée sous le thème «Entreprises & Sport : pas le même terrain de jeu, mais la même même passion !», présentée par Elsa Charbit et Nelson Monfort a été animée par des tables rondes et une démonstration exceptionnelle de Breaking (Breakdance) -inscrit au JO2024- avec les athlètes/artistes de RockerZ.
Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur rappellera dans ce cadre à quel point la Région est une terre d’événements sportifs avec la Coupe du Monde de rugby qui a fait étape dans la région en 2023, les JO de Paris 2024 avec l’arrivée de la Flamme olympique le 8 mai à Marseille et les JO d’hiver 2030… ce qui permet à Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI Aix-Marseille Provence de lancer: « A jamais les premiers. Nous sommes en effet la première région à avoir dans la même décennie Jeux d’été et jeux d’hiver ».
Lors de la première table ronde, Thierry Rey, conseiller spécial du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, signale : « Marseille, pour la voile, est un des premiers sites que nous avons choisi et nous sommes très fiers de cet axe Paris-Marseille ». Explique sa fonction en tant que Conseiller : « J’ai d’abord travaillé, avec le soutien de l’État, à rencontrer les entreprises, chercher des finances. Je me suis ensuite occupé du parcours de la flamme qui arrivera à Marseille, de Grèce, le 8 mai ». Il considère le parcours de la flamme comme le début des Jeux, et insiste-t-il: « C’est le symbole que ces jeux appartiennent à tous le monde.» A la question: « Est-ce que tout est prêt pour l’accueil des JO», il répond : « Non et heureusement, la question est de l’être le jour J ». Thierry Rey prend pour exemple les athlètes : « Imaginez qu’ils soient à leur pic de forme aujourd’hui ce serait une catastrophe ».
Pour Christine Fabresse, présidente du Directoire de la Caisse d’Épargne Cepac: « Le sport c’est l’inclusion, la solidarité, le vivre ensemble. Pour être utile au territoire nous avons décidé, dans le cadre des Jeux, de rénover ou créer 22 terrains de basket 3X3. Nous soutenons aussi des athlètes depuis 2019 car il est important de s’inscrire dans la durée avec ces athlètes qui ont besoin de nous ». Elle en vient aux porteurs de la flamme : « Parmi nos porteurs nous aurons notamment un gardien d’immeuble ainsi que l’athlète paralympique Clavel Kayitare. Je suis fière qu’il porte la flamme avec nos 43 relayeurs tant il est un symbole de courage, de résilience. Il s’est battu pour avoir la fierté de porter le maillot de l’équipe de France ».
Pablo Longoria, président du directoire de l’OM parle d’un stade vélodrome qui fédère, qui est un facteur d’attractivité, citant : « Nous avons du foot, du rugby, la venue du Pape, des concerts ». Il souligne qu’ «être à l’OM cela exige de s’occuper du sportif, de l’économie et de l’institution. On est jugé toutes les semaines sur les résultats sportifs, on cherche à développer l’indépendance financière du club et tout cela en sachant que l’OM est plus qu’un club, c’est une institution ».
Le dépassement de soi
La deuxième table ronde porte sur le dépassement de soi. Alexandre Mazzia, chef étoilé, raconte son parcours de basketteur et de chef : « Je suis un sportif qui a fait l’école hôtelière et qui a pu faire le tour de France grâce au basket et à des chefs qui ont bien voulu m’accueillir dans leur brigade tout en étant basketteur ». Pour lui : « Dans le sport comme dans l’entreprise l’essentiel c’est la passion, la rigueur et l’hygiène de vie. Et il importe de comprendre que, dans une équipe, l’important n’est pas d’avoir les meilleurs mais une synergie pour créer le meilleur collectif possible. Et puis il faut donner sans compter, être curieux de tout car c’est cela qui nourrit l’âme et permet de garder sa flamme intérieure ».
S’il en est un qui sait ce que dépassement de soi veut dire c’est bien Ara Khatchadourian, sportif de l’extrême qui a gravi l’Everest, relié Marseille à Erevan en courant puis Marseille à Beyrouth à la rame. De commencer son intervention en remerciant « la France de m’avoir accueilli moi qui vient du Liban et Marseille de m’avoir adopté. Tout ce que je fais c’est pour la Paix sachant que ma grand-mère a connu trois guerres mes parents deux et moi une ». Comment y arriver quand c’est dur, quand on a envie d’abandonner ? « Il n’y a pas de plan B. Il faut réussir. Quand je me suis attaqué à l’Everest j’avais promis à un enfant malade de mener son nounours
Fabien Lamirault , athlète professionnel, champion paralympique en tennis de table, six médailles olympiques, dont deux en or aux derniers Jeux de Tokyo en 2021, raconte son accident, le traumatisme, la découverte d’un club handisport. « Les yeux qui se remettent à briller », raconte-t-il. Les rencontres, l’envie de se donner à fond. Il parle de ses échecs, lors de ses débuts, en 2012 : « Ils m’ont beaucoup appris en tant que sportif mais aussi en tant qu’Homme ».
Sandra Chalinet, au nom de « Tous Acteurs », rappelle que l’objet de ce rassemblement de 157 structures du monde économique du territoire, soit plusieurs milliers d’entreprises, a vu le jour en 2018 afin de faire d’eux des acteurs de la vie de leur territoire et des leviers susceptibles de peser dans les décisions des pouvoirs publics. «On travaille aussi sur l’inclusion et on s’entraide. Il peut y avoir des échecs mais comme on est ensemble il y a toujours quelqu’un pour aider l’autre à se relever », explique-t-elle.
Innover pour voir plus loin
La troisième table ronde a pour objet innover pour aller plus loin. Guillaume Rao, directeur scientifique Technosport Aix-Marseille Université (AMU) explique que cette structure permet l’étude de la performance dans son acceptation la plus large, du sport de haut niveau aux mouvements pathologiques. Il offre une expertise, l’étude scientifique interdisciplinaire du couple Homme/matériel ; l’étude in-vivo de la performance et affiche la volonté de fluidifier la relation recherche et développement avec l’industrie et l’ensemble des acteurs du sport. « Et si nous pouvons aider nos athlètes à gagner les quelques millièmes qui leur permettront d’avoir une médaille autant le faire», indique-t-il
Clavel Kayitare a un important palmarès, deux médailles d’argent aux Jeux paralympiques d’été de 2004 à Athènes. Son histoire commence de façon tragique, durant le génocide du Rwanda. Alors qu’il n’a que 8 ans sa famille est massacrée et personnellement sa jambe droite est brûlée et son genou éclaté par une grenade et une septicémie aiguë. Il est sauvé par Médecins du Monde qui le fait hospitaliser en France : « Merci à la France et à Marseille qui m’ont adopté ». Pour lui le sport « a été un facteur de résilience et aujourd’hui j’essaie de transmettre ces valeurs en étant éducateur sportif ». De remercier aussi « la Cepac qui m’accompagne. C’est important d’avoir le soutien d’une entreprise et quand on gagne c’est ensemble ».
Matthieu Capuono, président de Crowe Ficorec insiste sur le fait que les valeurs du sport et celles de l’entreprise se retrouvent : respect, innovation, éthique… Et la pratique du sport est entré dans l’entreprise et, avec, la nutrition, le bien être mais aussi la mise en place d’épreuves sportives. Ce lien avec le sport se traduit aussi par le mécénat et le recrutement de sportifs : « Nous avons commencé avec une judoka, au bout d’un an ses résultats étaient exceptionnels et nous avons continué en construisant un partenariat avec le Cercle des Nageurs de Marseille ». Émilie Mercadal, French Tech Aix-Marseille et Julie Carcassonne, secrétaire générale de Medinsoft mettent à leur tour en avant les liens entre sport et entreprise, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’innovation. Julie Carcassonne rappelle également que Medinsoft est mobilisé, dans le cadre d’un collectif, pour favoriser le soutien d’athlètes par des entreprises et après les jeux leur accueil dans des entreprises pour, a minima, du mentorat et, au mieux, un recrutement.
« Les entreprises ont tout à gagner à prendre des athlètes olympiques et paralympiques »
Camille Lacourt confirme : «Les entreprises ont tout à gagner à prendre des athlètes olympiques et paralympiques ». Marie Wattel, athlète de haut niveau licenciée au Cercle des Nageurs de Marseille, vice-championne du Monde 100 mètres papillon, quadruple Championne d’Europe, insiste pour sa part : « C’est indispensable d’être soutenu par des entreprises et lorsque c’est le cas elles sont très surprises du peu d’aide que nous pouvons avoir» . Pour Stanislas Huille, athlète de haut niveau licencié au Cercle des Nageurs de Marseille, 8 fois Champion de France : « l’important est d’anticiper. J’ai la chance d’avoir intégré une section sport étude à 12 ans puis l’Insep et enfin un cursus à Sciences Po Paris en dédoublant les années» .
« Nous, la flamme c’est tous les jours que l’on doit la rallumer »
Daniel Salenc, le président de la chambre des Métiers et de l’artisanat rend hommage à tous les artisans qui, «de nouveau en 2023, dans un contexte difficile et incertain ont prouvé leur combativité et leur agilité à rebondir et s’adapter ». Corinne Innesti, présidente de la CPME 13 avance pour sa part : « Nous allons continuer en 2024 à relever les défis ensemble ». Et de signaler : « Les 18 et 19 avril nous allons organiser un événement d’ampleur à Marseille en direction des TPE-PME et nous allons fêter cette même année les 10 ans des trophées des entrepreneurs positifs ». Catherine Vales, présidente de l’U2P indique : « Nous allons accueillir les JO et la flamme olympique. Nous, la flamme c’est tous les jours que l’on doit la rallumer ». Elle ajoute: « Nous, nous impliquons dans Tous Acteurs pour atteindre de nouveaux sommets ». Sabine Calba, TOP 20, directrice générale de la Banque Populaire Méditerranée vante à son tour « le goût de la performance, l’engagement sans faille et l’esprit d’équipe» avant de considérer : « Nous avons la flamme qui arrive à Marseille, des épreuves olympiques, c’est une opportunité, il faut que cela se traduise dans la durée et, pour cela, il faut notamment miser sur la jeunesse ».
« A jamais les premiers »
Jean-Luc Chauvin, le président de la CCIAMP rappelle: « les 157 membres unis dans Tous acteurs cela représente plus de 143 000 entreprises du territoire ». Annonce que dans le cadre de cette année olympique «nous organisons, avec le musée Regards de Provence, l’exposition « Marseille au cœur maritime » du 7 mai au 2 octobre ». Il invite ensuite à relever un défi : « Nous avons la chance d’accueillir dans les 2 ans à venir d’importants projets d’industries décarbonées qui peuvent nous donner les moyens de nous développer pour les 40 à 50 prochaines années. Alors il faut que le territoire se mobilise pour accueillir ces entreprises, que les infrastructures soient au rendez-vous. Et nous sommes enfin « à jamais les premiers » à accueillir dans une même décennie les Jeux olympiques et paralympiques d’été et d’hiver. C’est le pari fou gagné par Renaud Muselier ». Renaud Muselier qui tient à souligner : « Nous avons eu dans la région 10 matchs de la Coupe du monde de rugby, nous avons obtenu que des matchs de football du tournoi olympique se déroulent dans la Région et les épreuves de voile à Marseille. Et, en 2030, dans le cadre d’une union des Alpes françaises, nous accueillerons des épreuves des JO d’hiver et la cérémonie de clôture. Il faut paraît-il 10 ans pour obtenir ces jeux, nous nous les avons eu en 2 ans en battant les Suisses et les Suédois ».
Michel CAIRE