Publié le 5 janvier 2016 à 22h21 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Lyon avait, en matière de gastronomie, ses mères, Marseille avait sa Rose. Elle s’en est allée, à 92 ans, ce lundi 4 janvier après-midi, à l’hôpital de la Timone, où elle avait été admise la veille au soir. Avec elle, c’est un pan de l’histoire de Marseille, de son âme, qui s’en va. C’est en 1946 qu’elle vient aider son frère, Vincent, au «Vésuve », ce restaurant de la rue Glandevès, à proximité de l’Opéra de Marseille, une autre passion familiale. Elle sera dans sa cuisine jusqu’à plus de 90 ans. N’omettant jamais de faire le tour des tables; de s’inquiéter de savoir si tout allait bien… Des assiettes vides étaient la plus évidente des réponses. Les légumes en entrée, les pieds-paquets, la soupe au pistou… et que dire de son escalope milanaise. Un chef-d’œuvre digne de dialoguer avec les tableaux accrochés aux murs, véritable musée des années de gloire des peintres marseillais du Péano.
Ici, le tout Marseille se retrouve, mondes politique, économique, de la justice, du spectacle, du bel canto… Et, chaque année, Michel Montana, le président du Mondial La Marseillaise à pétanque, l’ami de toujours, fait découvrir ce lieu à nul autre pareil, aux personnalités qui viennent participer au Mondial, créant ainsi de nouveaux habitués.
Rose avait reçu des mains de Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire de la Ville, les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur le 28 février 2014. Pour l’occasion, personnalités et habitants du quartier s’étaient retrouvés pour participer à cet événement. Le Maire avait tenu à rendre hommage à «celle qui est restée pour moi cette femme au doux regard clair, au sourire tendre, inlassablement poussée par un souffle impétueux et une énergie incroyable ». Également présent, Frantz-Olivier Giesbert qui s’est inspiré de Rose pour son roman « la cuisinière d’Himmler », allant jusqu’à faire dire à son personnage qu’il existe une autre Rose, meilleure cuisinière qu’elle, à Marseille, rue Glandevès. Lui offrant ainsi l’immortalité.
Michel CAIRE