Alors que Brive semblait avoir la main sur la rencontre face à Provence Rugby, les Aixois sont revenus du diable vauvert pour l’emporter et prendre provisoirement la tête du championnat.
En fait, il y a eu deux miracles, jeudi soir au stade Maurice David à Aix-en-Provence : un au ciel, l’autre sur la pelouse. Concernant le céleste, c’est l’apocalypse qui n’a pas eu lieu ; la météo promettait déluge et orage vers 22 heures : il n’en fut rien. Pourtant, avec des rugbymen aixois malmenés à la pause 3-17 par les visiteurs brivistes, on se disait que seul un bon coup de foudre pouvait sauver les locaux du désastre en ramenant définitivement tout le monde au vestiaire avant la fin de la rencontre.
Car jusqu’alors, les hommes de Mauricio Reggiardo, qui semblaient très fébriles, avaient joué à l’envers, multipliant les approximations, les fautes de main et autres erreurs assassines, se faisant marcher sur la tête par des visiteurs certes gaillards, surtout en défense, mais aussi trop souvent fautifs et pénalisés de quatre cartons jaunes, contre un aux Aixois. Et c’est alors que le miracle se produisit…
A la 73e minute, Brive mène 20 à 9 et vu l’inconsistance des Noirs, tout semble plié. A nos côtés, certains confrères ont pratiquement bouclé leur papier, relatant une défaite. Alors, avec l’énergie du désespoir, mais aussi avec la tête, les Noirs jouant une fois de plus à 15 contre quatorze, vont enfin enfoncer les Corréziens et permettre collectivement à Jammes d’aplatir derrière la ligne ; Plisson transforme : 20 à 16.
Allait-on revivre le même scénario que le 26 janvier dernier avec une victoire sur le fil (Lapègue 80e) et, coïncidence, le même arbitre, M. Urruzmendi ? Jeudi soir, l’histoire avait décidé de repasser les plats et pour sa 50e sélection, c’est Léo Drouet qui allait à dame au bout d’une longue chevauchée alors qu’il ne restait plus qu’une poignée de secondes au temps réglementaire, Jules Plisson ajoutant les deux points de la transformation après la sirène. Énorme coup, énorme ambiance dans un stade plein comme un œuf mais qui n’a joué son rôle de 16e homme qu’au cours des ultimes minutes, se contentant par ailleurs de n’être que spectateur. Dommage.
Si le manager corrézien dénonçait à demi-mots l’arbitrage à l’issue de la rencontre (on voit mal pourquoi au regard des vidéos), il peut surtout s’en prendre à ses joueurs qui ont accumulé les fautes. Le retour en bus vers Brive a dû sembler bien long… Côté aixois, la conférence de presse d’après match était animée par Léo Drouet, le héros du jour, et Mauricio Reggiardo. Pour le jeune ailier aixois : « C’est sûr qu’une victoire comme ça fait partie des plus belles et je suis heureux d’être à la conclusion du dernier essai qui récompense le travail de tout un groupe. Alors, oui, tout ne fut pas parfait, loin s’en faut, pendant cette rencontre, mais il est important d’en conserver l’aspect positif… »
Quant au manager argentin il s’est avant tout déclaré fier de ses joueurs, de leur investissement, de leur état d’esprit qui a permis au « miracle » de se produire. « Ils n’ont rien lâché face à une équipe dure !», soulignait-il; il est vrai que dans le même cas de figure on peut penser que peu d’équipes seraient revenues de la sorte. Et Mauricio Reggiardo de conclure : « Le groupe vit bien et nous pratiquons le rugby pour vivre et transmettre des émotions comme ce soir. » Une fois les émotions passées, il faudra tout de même remettre pas mal de choses sur le métier, car un miracle ne se produira pas à chaque coup et celui vécu jeudi soir ne doit pas faire oublier 70 premières minutes indignes des prétentions de cette équipe. Gageons que d’ici le déplacement qui ne sera pas de tout repos à Nevers, la semaine prochaine, la vidéo va tourner plein pot dans la salle de réunion de Provence Rugby.
Michel EGEA