45-10, 7 essais à 1, 31-0 en deuxième période : les chiffres parlent d’eux-mêmes : pour ouvrir l’année et clôturer la première partie du championnat, à Grenoble les Provençaux ont explosé en plein vol. Bousculés, laminés, humiliés, ce sinistre chaos d’après réveillons est difficilement compréhensible.
Si l’optimisme affiché mardi en conférence de presse d’avant-match par Mauricio Reggiardo et Jean-Charles Orioli n’était pas béat, il était tout de même réel. Les deux refusaient de considérer ce déplacement à Grenoble comme un match piège mais comme une rencontre à l’image des autres où le combat serait rude et l’engagement impératif pour l’emporter. La suite a prouvé que le piège existait bien et que les qualités attribuées à l’équipe aixoise dans notre précédent article ont fait pschitt de façon abracadabrantesque… Il y a loin de la coupe aux lèvres.
Cette humiliation grenobloise, car c’en est une, n’en déplaise aux irréductibles optimistes, pose une question : comment peut-on dominer outrageusement à Vannes et couler à pic quelques semaines plus tard à Grenoble. Vannes n’a pas donné le match, ce sont les Provençaux qui sont allés le chercher avec puissance et intelligence. Grenoble a obtenu sa victoire avec les dents et les tripes. Ils avaient faim, certes, mais ils avaient aussi l’envie de prouver que le sport pouvait l’emporter sur les déboires administratifs. Et quoi de mieux, dès lors, de dominer le dauphin du championnat. S’attendaient-ils à l’écraser ? Certainement pas vraiment ; mais les Provençaux ont donné les clefs du châtiment à leurs adversaires avec leurs errements et leur jeu fantomatique. Des fautes, des pertes de balles en touche et pas que, une défense aux abonnés absents ; si on y ajoute quelques cadeaux comme cette superbe passe au pied d’un Aixois à un Grenoblois qui débouchera sur un essai, la messe était dite et le calice bu jusqu’à la lie.
Dax à domicile pour se remettre ?
Alors oui, il faut tourner la page, et vite. Faut-il pour autant oublier ce (non) match pour passer à autre chose ? Ce serait peut-être une erreur. Trouver les raisons de la démobilisation collective pour mieux les combattre pourrait ne pas être chose aisée ; mais doit-on occulter la démarche ? Le staff prendra sa décision ; quant aux joueurs, après avoir absorbé quelques palettes de Doliprane pour chasser le gros mal de tête, ils devront se remettre en question, individuellement et collectivement. Lorsqu’on a les prétentions de Provence Rugby, il y a des choses que l’on ne peut pas se permettre ; ce 45-10 grenoblois en fait partie.
Désormais, le premier emplâtre à poser sur la fracture s’appelle Dax. Le promu avait été laminé chez lui (44-16) par les Aixois en match d’ouverture de la saison ; il serait de bon ton, pour ces derniers, de remettre le couvert à l’identique avant de se rendre à Béziers et de recevoir Brive. Mais après ce qui vient de se passer au stade des Alpes, il faudra de méfier de cette réception, certainement à haut-risque, car les Dacquois n’arriveront pas à Maurice David la corde au cou et les clefs du match offertes aux provençaux sur un coussin…
Michel EGEA
Provence Rugby vs US Dax, vendredi 12 janvier à 19 h 30 au stade Maurice David. Plus d’info provencerugby.com
