En battant Béziers 20-17 à domicile, les Provençaux ont assuré l’essentiel : prendre les points qui permettent de boucler le «mini championnat de Pro D2 de la coupe du monde» cher au manager général argentin du club, avec cinq victoires, un nul et deux défaites. Retour de justesse en deuxième position, jeudi, à l’issue d’une purge rugbystique qui a vu, et c’est là le plus grave, Thomas Salles se faire les croisés ; soit de longs mois d’indisponibilité pour le buteur.
« On ne peut pas se contenter de ça… » Belle mais sobre clairvoyance dans les propos d’après-match de Mauricio Reggiardo après une analyse du match au cours de laquelle il est allé piocher au fin fond des réserves oratoires quelques arguments destinés à étoffer une vision positive de la rencontre face à Béziers. Alors, c’est vrai que quatre points ont été engrangés et que Provence Rugby retrouve le duo de tête à 9 points déjà de Vannes qui caracole en tête et à trois points du 6e, Montauban. Mais c’est à peu près tout au niveau des satisfactions.
Salles, c’est grave !
Le gros point noir de la soirée est, sans conteste, la perte de Thomas Salles visiblement victime d’une rupture des ligaments croisés alors qu’il tentait de rattraper une passe, hasardeuse, de l’un de ses coéquipiers sur un ballon d’attaque. Une blessure qui peut entraîner plusieurs mois d’arrêt. Salles et Piazzoli out pour une longue durée : deux éléments majeurs du collectif disparaissent. Ce qui est loin d’être rassurant dans un contexte où, après un départ euphorique, les Provençaux semblent en être restés au rang des promesses concernant le jeu. Faut-il y voir un lien de cause à effet : la baisse de régime est apparue à la suite du match de Brive pour lequel le staff avait choisi de chambouler l’équipe qui gagnait jusqu’alors. Bilan : une défaite face à une formation largement à la portée des Noirs et un coup dans l’aile de la dynamique de victoire.
Le jeu plus que déficient
« Purge», «bouillie de rugby », j’en passe et des meilleures ; il suffisait de tendre l’oreille dans les travées du stade à la fin de la rencontre, jeudi soir, pour juger de la satisfaction des vrais amateurs du ballon ovale. Si un léger mieux est notable au niveau de la conquête par rapport au match à Montauban, nous n’avons pas vu grand-chose en ce qui concerne la construction et la relance. Pourtant les Biterrois n’ont pas fait dans le génie et peuvent se mordre les doigts de leurs imprécisions coupables sans lesquelles ils auraient pu faire très mal aux Noirs.
Lorsqu’on ambitionne le sommet et que l’on joue devant des tribunes combles, le spectacle doit être à la hauteur du contexte. Las ce ne fut pas le cas, loin s’en faut ; et ce n’est pas de cette façon qu’on pérennisera l’attrait de ce sport à Aix-en-Provence auprès d’un large public. Bref, une fois de plus, serait-on tenté d’écrire, Provence Rugby est passé à côté de l’opération séduction sur le terrain, laissant aux bodegas et autres food-trucks le soin de rattraper le coup.
Et maintenant ?
« Cette victoire suivie de quatre jours de vacances va nous permettre de profiter de nos familles et de décompresser sereinement…» C’est en substance ce que déclarait Mauricio Reggiardo jeudi soir. Est-ce la réalité? Rien n’est moins sûr car personne n’est dupe de la qualité de la prestation et que la réalité s’impose, même si d’un point de vue comptable la situation est loin d’être catastrophique. La prochaine rencontre verra les Provençaux se déplacer à Valence-Romans qui pointe à la 7e place, avec quatre points de retard sur eux. Des drômois, qui n’étaient pas attendus à ce niveau, s’affirment rencontre après rencontre. C’est déjà un match à énorme enjeu qui attend Provence Rugby avant la réception d’Aurillac le 10 novembre à Maurice David. Alors, de la sérénité on en veut bien, mais c’est surtout de la lucidité et de l’efficacité dans le jeu dont les Provençaux ont besoin…
Michel EGEA