SALON « GENERATION ENTREPRENDRE »

Publié le 22 mars 2013 à  3h00 - Dernière mise à  jour le 10 août 2023 à  10h43

La création d’entreprise à portée de tous
Tous les acteurs de la création ou la reprise d’entreprise sont durant deux jours au palais des congrès du parc Chanot à Marseille pour répondre à toutes les questions que se posent les porteurs de projets en herbe. Avec un objectif majeur : permettre à ces derniers de se faire une idée très précise de ce qui les attend.

Tous les acteurs de l'accompagnement de la création ou de la reprise d'entreprise sont réunis durant deux jours au parc Chanot. (Photos Serge PAYRAU)
Tous les acteurs de l’accompagnement de la création ou de la reprise d’entreprise sont réunis durant deux jours au parc Chanot. (Photos Serge PAYRAU)
Institutions, collectivités locales, chambres consulaires et organismes de conseil et d'accompagnement apportent des réponses concrètes aux porteurs de projet.
Institutions, collectivités locales, chambres consulaires et organismes de conseil et d’accompagnement apportent des réponses concrètes aux porteurs de projet.
Le forum tente également de mieux faire connaître la réalité de la création d'entreprise à travers les expositions photos de quatre jeunes photographes qui ont suivi quatre jeunes créateurs durant 24h.
Le forum tente également de mieux faire connaître la réalité de la création d’entreprise à travers les expositions photos de quatre jeunes photographes qui ont suivi quatre jeunes créateurs durant 24h.

Vous avez une idée de création ou de reprise d’entreprise, mais vous ne savez pas très bien comment vous y prendre ? Alors le salon « Génération Entreprendre » est fait pour vous. Car depuis ce jeudi 21 mars après-midi et durant toute la journée de ce vendredi 22 mars (de 10h à 17h) tous les acteurs de l’accompagnement de la création d’entreprise sont réunis au palais des congrès du parc Chanot à Marseille : institutions, collectivités locales, chambres consulaires, organismes de conseil et d’accompagnement, de financement et de développement ou encore de protection sociale. Au total, deux cents experts sont à disposition sur 70 stands pour répondre aux multiples questions des 3 500 à 4 000 créateurs en herbe qui fréquenteront le salon durant deux jours.
« Notre but est de démocratiser la création d’entreprise : « Tiens, c’est quoi ? Pourquoi pas ? » Le cœur de cible de ce forum sur l’accompagnement, c’est le commerce, les futurs artisans, ceux qui souhaitent créer des petites boîtes de service. Ils ne savent souvent pas comment s’y prendre car ils ne sont pas créateurs de père en fils. Donc l’idée, c’est qu’au bout de deux jours, le créateur puisse se dire : « c’est pour moi ou ce n’est pas pour moi » », explique Raphaël Gentot de l’agence de communication La Sud Compagnie qui organise l’événement initié par l’association « Génération Entreprendre ».

« Un profil de plus en plus qualifié »

Un salon entièrement gratuit qui insiste en tout premier lieu sur la nécessité, pour les porteurs de projets, d’être accompagnés. « Le taux de pérennité des entreprises sur 3 ans, c’est 50%. Si elles sont accompagnées, c’est 80% », insiste l’organisateur. Sachant qu’en revanche, cet accompagnement peut prendre diverses formes via les Scop, les couveuses d’entreprises, la CCI, la Chambre de Métiers, ou les collectivités locales, ville de Marseille, MPM, conseil général et conseil régional en tête.
Ce forum, qui tient cette année sa 15e édition, a été lancé en 1999 par trois agents des services de l’Etat, ANPE, direction du Travail et AFPA. A titre personnel, ils avaient organisé une première édition au Pradet dans le Var. « C’était complétement novateur car à l’époque il n’y avait aucun événement dédié à la création d’entreprise en dehors de Paris », se souvient Raphaël Gentot. L’initiative étant couronnée de succès, les trois agents décident d’en parler à leur direction respective afin que l’événement prenne une plus grande ampleur sur Marseille. Les services de l’Etat reprendront alors à leur compte l’organisation du salon avant de la confier, quelques années plus tard, à La Sud Compagnie, et d’en devenir les partenaires au même titre que les collectivités locales.
Au fil des années, le public du forum dédié à la création et à la reprise d’entreprise a évolué. « Nous avons un profil de plus en plus qualifié. Les premières années, nous avions une population un peu « sociale » avec beaucoup de demandeurs d’emploi. Nous avons désormais plus de cadres de plus 40 ans qui s’aperçoivent que ce sera plus compliqué pour eux de retrouver un poste dans une grosse boite. Nous avons aussi davantage de reprises d’entreprise. Au final, le taux de transformation, la part des projets de création ou de reprise qui aboutissent, est plus important qu’il y a 15 ans », souligne Raphaël Gentot.

Les Scop pour ceux « qui ont envie de faire à plusieurs »

Dans le large panorama des statuts que peut prendre la création d’entreprise, c’est aujourd’hui le modèle des sociétés coopératives de production qui a le vent en poupe, avec le statut d’auto-entrepreneur. « Les coopératives correspondent bien à l’air du temps, avec l’idée du faire ensemble, et elles apportent une vraie réponse pour les entreprises en difficulté. Il faut mettre un bémol pour les auto-entrepreneurs car plus de la moitié ne déclare pas de chiffre d’affaires : on se demande à quoi ça leur sert d’avoir créé une entreprise », observe l’organisateur.
Un engouement pour les Scop qui ne se dément pas sur le salon comme en témoigne Olivier Accarion, conseiller à la délégation régionale des Scop. « C’est un statut qui se développe : on comptait 20 Scop en Paca en 1970, on en a 240 aujourd’hui, un chiffre en développement constant. C’est notamment le résultat de la communication qu’on a un peu travaillé depuis quelques années. Mais les premiers prescripteurs, ce sont les gens en Scop : majoritairement, les personnes viennent nous voir par le réseau. Les gens en Scop sont de formidables commerciaux pour nous. »
Un statut qui attire beaucoup de personnes au chômage, âgées en moyenne de 35-40 ans. « Il correspond à l’entrepreneuriat collectif. La première question que les personnes doivent se poser, c’est de savoir si elles ont envie de faire à plusieurs, en opposition à la personne qui va prendre tous les risques et tous les profits dans l’entreprise. Le statut s’adapte à des personnes qui veulent créer leur propre emploi, mais aussi à la reprise d’entreprise, par exemple suite au départ en retraite du gérant : on a beaucoup d’entreprises qui ont peu de valeur sauf pour ceux qui y travaillent. Le statut est également adapté aux associations quand elles entrent dans le secteur marchand », explique-t-il.
Un projet de création de Scop génère en moyenne entre 2 et 4 emplois, un chiffre qui peut monter à une vingtaine de salariés en cas de transformation d’une association en sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic). « En nombre de projets, c’est du 50-50 entre créations et reprises, même si ces dernières génèrent plus d’emplois. En revanche, les créations sont celles qui, majoritairement, se développent le mieux », observe Olivier Accarion.

« Ce que l’on peut protéger, c’est la concrétisation de l’idée »

Un des autres domaines sur lesquels doit impérativement réfléchir le créateur en herbe touche à la propriété industrielle. « Nous ne sommes plus dans la nébuleuse d’il y a 20 ans, mais on voudrait que ça devienne un réflexe. C’est dans ce but qu’une sensibilisation à la propriété intellectuelle est intégrée à certains cursus de formation. Nous participons également à tous les salons de créateurs d’entreprise où nous tentons de faire au maximum de la sensibilisation », explique Corinne Facciotti, chargée d’information à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI).
Or, dans le domaine de la propriété industrielle, tout n’est pas protégeable. « Ce que l’on peut protéger, c’est la concrétisation de l’idée, souligne-t-elle. Par exemple, une pub sur un set de table n’est pas protégeable. Maintenant si la manière de la faire est très design, très particulière, elle peut être protégée. Et si technique pour la réaliser est particulière, on peut aller vers un brevet. Enfin, le nom de la société, et le nom du set de table s’il en a un, est protégeable. »
Au salon, huit questions sur dix portent sur la manière de protéger le nom d’une entreprise, ou comment savoir s’il est disponible. Des démarches qu’il est possible de réaliser en ligne via le site de l’INPI (*). « Le nom d’une société, associé à un logo, peut faire l’objet d’un dépôt de marque : cela coûte 200 € pour une protection nationale. C’est un service en ligne avec paiement par carte bancaire. Il s’agit d’un forfait sur 10 ans qui couvre jusqu’à 3 classes d’activité, sachant qu’il y en a 45 au total : 34 classes produits et 11 pour les services. Quelqu’un peut donc reprendre le même nom qu’un stylo pour du fromage comme c’est arrivé pour le « Montblanc ». Une personne qui souhaiterait étendre cette protection à l’international est prioritaire pendant six mois, c’est-à-dire qu’il y a rétroactivité. Passé ce délai, si quelqu’un a déposé le nom entretemps à l’international, il peut le conserver. Un dépôt communautaire coûte environ 1 000 € pour les 27 pays », témoigne la chargée d’information.
L’INPI tente aussi de sensibiliser les entreprises qui existent déjà et qui n’ont pas de politique intellectuelle. « On essaye de les détecter et on leur propose un pré-diagnostic de propriété industrielle. On organise ensuite une rencontre dans les locaux de l’entreprise avec des personnels de l’INPI qualifiés, accompagnés d’avocats spécialisés en propriété industrielle ou de conseils car il s’agit d’un métier très réglementé. Ils dressent un état des lieux pour savoir si cette société aurait besoin d’utiliser la propriété industrielle : il ne s’agit pas seulement du dépôt mais de tout ce qui avec », précise Corinne Facciotti.

Les aides du Département aux bénéficiaires du RSA

Le rapport de pré-diagnostic, qui contient un certain nombre de préconisations est ensuite remis à la société. « Libre à elle de donner suite. C’est totalement financé par l’INPI (1 500 €) et entièrement gratuit pour l’entreprise. » En outre, l’INPI établira ensuite un suivi au bout d’un an, un an et demi pour voir si les entreprises ont utilisé la propriété industrielle ou pourquoi elles ne l’ont pas fait.
Beaucoup de questions de créateurs portent aussi sur les aides financières dont ils peuvent bénéficier. Le stand du conseil général, qui peut abonder au projet des bénéficiaires du RSA, est ainsi l’un des plus courus. « Dans le cadre de leur parcours, nous les mettons en rapport avec des structures d’aide à la création d’entreprise réparties sur l’ensemble du département en fonction de lots attribués dans le cadre de marchés publics. Si la personne est sérieuse, qu’elle honore tous ses rendez-vous, que le projet est viable, cette phase d’accompagnement du début à la fin du projet doit durer 9 à 12 mois. Ensuite il y a un suivi. Et dans le cadre de l’intervention directe du conseil général, on peut accorder aux bénéficiaires du RSA une aide financière qui peut aller jusqu’à 6 100 € », explique Jean-Paul Rouzaud, adjoint au chef de service gestion-allocation RSA.
Cette aide financière directe du conseil général est une subvention qui n’a donc pas à être remboursée. « Le créateur présente son projet et doit convaincre. On va généralement sur le projet s’il y a des aides bancaires ou de l’Adie effectivement versées », précise-t-il.
Enfin, s’il n’y a pas d’aide spécifique pour les autres publics, le conseil général assure la mise en relation, en réseau, notamment via le portail « J’entreprends dans le 13 » (**). « Nous investissons plus de 500 M€ dans l’économie chaque année, cela donne du poids auprès des décideurs économiques. On apporte aux porteurs de projets une aide indirecte en leur mettant à disposition notre carnet d’adresses », indique Jean-Paul Rouzaud.

« Ils ne s’imaginent pas l’investissement humain que ça représente »

« Même si le manque de capital est souvent ce que les créateurs identifient comme difficultés », ce n’est pas toujours le plus gros problème aux yeux de Raphaël Gentot. « Ils ne s’imaginent pas l’investissement humain que ça représente : il faut se retrousser les manches et savoir durer dans cette période difficile qu’est le processus de création d’entreprise. Le cadre informatique qui veut ouvrir un resto, il faudra rester déterminé quand il passera les sols ou comptabilisera ses pertes pour la 40e fois », image-t-il.
Or, cette réalité des métiers est souvent mal connue des porteurs de projets, comme en atteste une étude réalisée en amont du forum auprès de 563 jeunes (dont 59,1% de lycéens et 33,1% de pensionnaires de CFA), dont la moyenne d’âge est de 18,5 ans. Si 60% d’entre eux ont envie de créer une entreprise, 35% n’ont pas une bonne image des chefs d’entreprise, 42% estimant qu’ils consacrent trop de temps à leur travail.
Alors pour casser ces idées reçues, La Sud Compagnie a demandé à quatre jeunes photographes de suivre durant 24h quatre jeunes créateurs. Les clichés réalisés font l’objet d’une exposition au sein du forum « Génération Entreprendre ». « L’idée est de montrer par exemple la diversité des tâches dans la journée d’un pâtissier : outre faire des gâteaux, il livre, fait le ménage, répare son évier, fait ses comptes… », énumère Raphaël Gentot.
Le forum organise aussi des mini-séminaires et des ateliers tout au long de ces deux jours. « L’idée est de les démultiplier afin que les gens trouvent des réponses pratiques. Nous ne sommes pas là en revanche pour les orienter sur quel secteur ils doivent investir : c’est le rôle des collectivités locales de leur offrir une visibilité des politiques menées », conclut l’organisateur.

Serge PAYRAU

(*) www.inpi.fr (**) www.jentreprendsdansle13.com

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