Publié le 15 novembre 2013 à 8h49 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h39
Après le tandem Mennucci-Ghali à la Rose (13e), la semaine dernière, celui du président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini (PS) et de la sénatrice-maire (PS) des 15/16, Samia Ghali, ce jeudi, s’inscrivait dans un autre registre. En effet, le sort de la piscine Nord, cheval de bataille, entre autres, de la maire de secteur, allait dépendre du soutien ou non du président du Conseil général. Même si la présence de ce dernier in situ ne laissait planer aucun doute.
Avant même, la visite de l’équipement public, aujourd’hui fermé et menacé de démolition, sur son parvis, Samia Ghali n’a pu éluder la question sur la présence de Jean-Noël Guérini à ses côtés, « comme autant de signaux ». Elle rappelle qu’il est le président du Conseil général et « que lors de la réunion en préfecture, j’avais émis le souhait que les collectivités abondent pour que l’on évite la démolition de la piscine et il est là aujourd’hui. » Point-là, donc, de politique politicienne mais « l’intérêt des habitants», précise-t-elle
L’État sur ce projet s’engagerait à hauteur de 600 000 euros « après il faut voir ce que va faire le Conseil général, la ville de Marseille et la Région ». Et de lancer : « Vous ne pouvez pas être dans un Pacte national et que le 1er acte de ce pacte soit la démolition, prévue en décembre, un beau cadeau de Noël, d’une piscine, un équipement public. Pour moi ce n’est pas possible. »
Après un rapide tour du propriétaire, qui laisse apparaître un lieu certes en mauvais état mais avec un énorme potentiel, le groupe s’arrête sur la terrasse de la piscine qui s’ouvre sur une vue imprenable de la rade de Marseille. Jean-Noël Guérini, juge : « Il n’est pas question de démolir cette piscine et de mettre cet espace à la disposition des promoteurs. »
« Le Conseil général a décidé de financer, à hauteur de 50% de l’investissement global »
« Je suis venue, poursuit-il, à la demande de Samia Ghali suite à trois réunions du Pacte national, deux avec le préfet de région et une réunion vendredi avec le Premier ministre où un certain nombre de décisions ont été prises pour Marseille et ses quartiers. Et, entre ce qui a été annoncé et la réalité, nous verrons bien, moi je suis toujours prudent. » Et l’annonce tant attendue d’arriver : « Le Conseil général a décidé de financer, à hauteur de 50% de l’investissement global, la rénovation de la piscine. » Sachant que ce montant global s’élève à 3 millions d’euros «au maximum ». Le président tenant à préciser : « Ce ne sont pas des paroles, parce que chez nous les paroles ont une facilité à s’envoler avec le mistral, mais c’est un engagement solennel que je prends, je présenterai un rapport de principe à l’Assemblée départementale le 20 décembre, parce que maintenant, c’est à la ville de Marseille de présenter l’ensemble du rapport technique. »
La fracture Nord /Sud, c’est aussi cette piscine
« C’est cher ! », lance un journaliste. Samia Ghali de rétorquer : « C’est un choix politique. On ne peut pas se plaindre de l’insécurité et de ces jeunes qui se retrouvent au pied des immeubles et ne pas leur donner la possibilité aussi d’avoir des lieux où ils peuvent apprendre à nager, s’épanouir. Il y a des choix dans cette ville qui ne sont pas les bons, la fracture Nord /Sud, c’est aussi cette piscine. »
Et d’évoquer la genèse de cette piscine où se déroulaient de nombreuses compétitions, où existait un cercle des nageurs référencé et au-delà, un lieu convivial de rencontres, d’échanges, où les jeunes pouvaient se défouler. Sachant que 75% des jeunes qui rentrent au collège ne savent pas nager. Samia Ghali de souligner un manque de volonté d’entretenir les lieux avec ces dernières années des fermetures très fréquentes sous des prétextes divers et variés : pas d’eau chaude, douches cassées, etc.
Le vice-président du conseil général Denis Rossi (PS) d’ajouter : « J’habite à la Madrague Ville, j’ai appris à nager dans cette piscine et nous avons un tas d’enfants qui, aujourd’hui sont privés d’activités, de pratiques sportives dont le fait d’apprendre à nager. La fermeture de cette piscine prive ce bassin Nord d’activités qui sont bien nécessaires. Cette piscine a été construite dans les années 60, avant le Plan piscine de 70 et, imaginer qu’un promoteur puisse s’y projeter, c’est insupportable. On sent bien qu’il y aurait sûrement beaucoup de clients pour construire autre chose qu’un équipement public. L’engagement du président Jean-Noël Guérini va rendre difficile l’explication de manque moyens »
L’échéance des municipales
Un cadeau électoral dans une campagne qui s’ouvre ? Jean-Noël Guérini souligne : « Mon rôle ce n’est pas de me transformer en Père Noël avec une hotte bien remplie, mon rôle c’est d’être responsable en tant que président du Conseil général, de prendre en compte l’intérêt général de nos concitoyens. »
Et la brève échéance des élections municipales impose quelques questions à Jean-Noël Guérini au rang desquelles : Est-ce qu’il apportera son soutien au candidat socialiste, Patrick Mennucci ? Après un court silence, il répond : « Nous verrons bien, je m’exprimerai prochainement, bien avant la Noël sur ma position en tant que responsable politique. Comment je vois l’avenir de Marseille et je perçois les futures municipales ?
Sur les raisons de sa présence, ce mercredi, il explique que Samia Ghali est une amie « mais je réponds favorablement aujourd’hui au maire des 15/16, après dieu seul sait ce que je ferais dans le futur ». Et, si l’invitation lui venait du maire des 1/7, est-ce à dire Patrick Mennucci ? II assène: « Avec les horreurs qu’il dit sur moi, pourquoi voulez-vous qu’il m’invite ? Moi je réponds à toutes les invitations, s’il y va de l’intérêt public. Je n’affine pas mes visites par rapport à un positionnement personnel. »
A propos des Primaires socialistes, il avoue, même s’il n’a pas voté, que « son affection penchait pour Samia Ghali » approuvant totalement « ses propos, le soir du premier tour. » Et face aux rumeurs qui laissaient entendre, qu’il pesait sur ces Primaires, il considère : « On m’accuse de clientélisme mais, le soir du Premier tour a été organisé par Paris, pas par moi, de par les prises de positions en faveur d’un autre candidat. » Et, d’ajouter, pour répondre à une autre question, que Samia Ghali a été « très maltraitée pendant ces Primaires ». Et de revenir sur ce qui s’est passé « avec « ce fameux mot« », que je n’emploierai pas, cela m’a totalement écœuré tout comme ce qui a été dit sur Madame Taubira. Mais, j’aurais aimé qu’il y ait le même positionnement pour Samia Ghali y compris de la part du gouvernement. »
Et sur le sondage dans les 4/ 5 paru dans Libération, qui laisse apparaître des intentions de vote en faveur de Marie-Arlette Carlotti , il avoue que cela « ne lui inspire rien ». « Il y a eu une évolution sociologique dans les 4/5 et dans 1 /7, nous verrons bien ». Et ce secteur de lui faire penser à Renaud Muselier, contre qui, il avait perdu aux dernières municipales, qui apporte actuellement son soutien à Hubert Fayard, connu pour voir été longtemps le bras droit de Bruno Maigret. « Je croyais avoir tout vu », conclut-il.
Après cette visite de la piscine Nord, direction le centre Socioculturel Del Rio plus connu sous le nom du « 38 la Viste » où le président a confirmé son soutien avec des aides supplémentaires apportées dans le cadre de la rénovation en cours d’achèvement du centre.
Patricia MAILLE-CAIRE