Santé. Entretien avec le Dr. Laurent Saccomano, président de l’URPS : Pas d’écran avant 3 ans

Une campagne de sensibilisation est lancée à destination des professionnels de santé et du grand public pour révéler les dangers liés aux écrans dans le développement cognitif, le langage, le sommeil et l’obésité chez les plus jeunes. Rencontre avec le Dr. Laurent Saccomano, président de l’Union Régionale des professionnels de santé (URPS).

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Dr Laurent Saccomano, président de l’Union Régionale des professionnels de santé (URPS) © DR

Destimed: Pourquoi cette alerte des professionnels de santé ?

Laurent Saccomano: Elle est le fruit des constats de psychologues, de pédiatres et d’enseignants qui sont très inquiets sur la répercussion de la consommation des écrans par de jeunes voire de très jeunes enfants. A l’âge de 2 ans, certains absorbent déjà de manière exagérée une foule de jeux ou de vidéos sur des téléphones ou des tablettes.

Quelles sont les conséquences pour l’enfant ?

 

Plus l’enfant est exposé tôt et sur un temps long, plus les troubles sont conséquents. Troubles du sommeil, troubles du comportement, difficultés pour l’apprentissage scolaire, anxiété. Plus la consommation est forte plus ces phénomènes sont amplifiés. En outre la sédentarité génère des maladies métaboliques avec le développement de l’obésité pédiatrique.

La campagne s’intitule : « pas d’écran avant 3 ans ». Pourquoi ?

Parce qu’avant cet âge les conséquences sont encore plus importantes sur le comportement de l’enfant. Troubles du langage, problèmes d’endormissement, anxiété, troubles importants sur le plan cognitif. Ensuite de 3 à 6 ans, il faut aussi limiter l’accès aux écrans à moins d’une heure par jour, encadrée par les parents. Après 6 ans une à deux heures quotidiennes. Pas d’internet avant 12 ans et pas d’accès aux réseaux sociaux avant 13 ans.

Vous dites que les écrans sont encore plus nocifs le matin et le soir. Pourquoi ?

Le soir la consommation d’écrans génère des troubles de l’endormissement, de l’anxiété. Le matin, elle perturbe la concentration à l’école. Cette double addiction est vraiment perturbante pour le comportement de l’enfant. Il faut vraiment l’éviter.

Le problème est que ce sont souvent les parents qui donnent le mauvais exemple…

Oui et c’est là la principale difficulté. Les parents sont rivés sur leur smartphone. Ils ne voient pas de raison d’en priver leur progéniture. Ils confient surtout un écran à leur enfant pour avoir la paix. L’écran est gage de tranquillité mais c’est un trompe-l’œil, la canalisation de l’enfant n’aura lieu que pendant un moment. Il faut que les adultes montrent l’exemple et s’occupent de leur enfant plutôt que de surfer sur les réseaux sociaux.

La consommation d’écran rompt aussi les liens sociaux

C’est le second point sur lequel il faut insister. La consommation excessive d’écrans coupe tout lien avec l’environnement, empêche les interactions sociales. L’enfant est replié sur lui-même, il a une perception du monde déformée. Il ne voit le monde qu’à travers le prisme des écrans, c’est un vrai danger.

N’est-il pas trop tard pour faire machine arrière ?

 Il est encore temps d’agir mais il faut que tout le monde, professionnels de santé, parents, enseignants se mobilisent et prennent conscience des risques que courent les enfants à ne vivre que par écrans interposés. Cette campagne de sensibilisation vise à réveiller les esprits, à inciter les parents à limiter les écrans et à passer plus de temps avec leurs enfants à jouer, à répondre à leurs questions, à faire du sport avec eux pour limiter l’obésité pédiatrique. Il ne s’agit pas de tout couper d’un coup. Les écrans sont une ouverture sur le monde mais ils doivent être encadrés et limités dans le temps.

Propos recueillis par  Joël BARCY

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