Publié le 8 novembre 2016 à 0h12 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h41
«Plus que jamais il y a urgence à combattre les attaques portées contre l’hôpital, les patients et les personnels médicaux et non médicaux qui, au travers de la Loi dite « de modernisation » de notre système de santé, constitue, avec les groupements hospitaliers de territoire (GHT) le dispositif le plus déstructurant que l’hôpital ait connu depuis 1945», indiquent, dans un document commun, FO, la CGT et Sud qui appellent à une grève ce 8 novembre contre les GHT et la casse de la protection sociale.
René Sale, FO, ne cache pas sa colère: «Le gouvernement a décidé d’organiser la destruction de l’hôpital public, de remettre en cause l’accès aux soins pour tous et les principes de 1945 de la sécurité sociale. Tout le secteur sanitaire est touché pour aller vers un système à deux vitesses dans lequel très peu pourront se soigner tandis que le plus grand nombre ne le pourront plus». «Pour la première fois, ajoute-t-il, nous n’assistons pas à une trêve électorale, le gouvernement a décidé d’aller jusqu’au bout pour supprimer l’accès aux soins que nous connaissons». Il dénonce les suppressions de postes, notamment de médecins urgentistes, «qui fait que l’on en est à faire appel à des vacataires payés 2 000 euros les 24 heures». Indique: «On s’en prend à nos statuts, nos acquis et, on demande maintenant à des personnels, pour bénéficier d’une indemnité de départ volontaire de signer un document dans lequel il s’engage à ce que son poste soit supprimé». Alors prévient-il: «Si l’action du 8 ne suffit pas, nos fédérations se réuniront pour décider des actions à mener».
Danielle Ceccaldi, CGT indique à son tour: «Chacun doit avoir accès aux soins partout sur le territoire, dans un service public de santé, sans sélection par l’argent et par le lieu de résidence». Elle met en avant le fait que les projets en cours conduiraient «à la suppression de 22 000 postes et de 16 000 lits publics sachant que tous nos établissements subissent des plans de retour à l’équilibre». «Nous ne sommes plus en mesure de donner des soins de qualité, poursuit-elle, chaque jour, nous avons le sentiment de très mal travailler». Évoque une absurdité: «Chaque jour des opérations sont renvoyées faute de personnel mais, les jours de grève, les effectifs sont plus nombreux par le jeu des réquisitions qui permettent d’atteindre un effectif minimum qui n’est pas respecté au quotidien».
Margot Jamgotchian de Sud parle «des effets particulièrement néfastes qu’auront ces projets gouvernementaux sur la psychiatrie» et sur une mutualisation «qui va conduire à de mauvaises fusions. Et cette même logique est à l’œuvre dans le social et le médico-social. Or, à ce rythme, il faut bien mesurer que c’est aussi la richesse et la diversité de nos pratiques professionnelles qui sont menacées par la standardisation et la recherche de résultats quantifiables». «Nous nous battons contre la marchandisation des soins», conclut-elle. Julia de Sud, travaille dans le secteur privé, note pour sa part que: «dans un secteur où les grands groupes prennent de plus en plus le pas sur les cliniques familiales, voilà des années que nos acquis ont été cassés; que les sous-effectifs sont le lot quotidien sans parler d’un matériel insuffisant».
René Neuherz, FO, revient au secteur public pour alerter: «La paupérisation de l’hôpital et des personnels contribue aux déserts médicaux dans bien des départements. Nous dénonçons cette manière déguisée de faire la part belle au privé et de mettre en danger l’offre de soins au public ainsi que la médecine de proximité si nécessaire pour assurer la sécurité sanitaire».
Et René Sale signale pour clore la réunion: «Les événements tragiques que nous avons connu en France ont montré la nécessité d’avoir un service hospitalier de pointe dont tout le monde a reconnu l’efficacité. Pourquoi, alors, le mettre à mal?».
Michel CAIRE