Sécurité. Marseille perd son préfet de police

La réforme était semble-t-il dans les tuyaux depuis plusieurs mois. La préfecture de police des Bouches-du-Rhône est replacée sous l’autorité du préfet de région. Pierre-Édouard Colliex quitte ses fonctions précipitamment après un an de présence. Cette décision tombe dans une période qui sème le trouble. L’année 2024 fut une année XXL en matière de lutte contre le narcobanditisme et la délinquance.

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Pierre-Édouard Colliex, préfet de police des Bouches-du-Rhône nommé préfet du jura et Georges-François Leclerc, préfet de Région va ainsi cumuler, entre autres, les 2 fonctions (Photo Joël Barcy)

 

 « Le responsable c’est moi »

 Quatre casquettes pour un seul homme. Georges-François Leclerc cumule désormais celle de préfet de région, préfet de zone, préfet de département et maintenant préfet de police. « Il y avait la nécessité, à un moment, de fixer dans cette réforme administrative l’unité de la responsabilité. Cela m’oblige car le responsable on ne mettra pas longtemps à le trouver. Le responsable c’est moi », annonce-t-il. Cette réorganisation met fin à une spécificité datant de 2012 avec la présence d’un préfet de police de plein exercice à Marseille, comme à Paris. Ce dernier ne faisant pas les frais de la réforme dans la capitale.

Clarté et efficacité

 « Rien ne change, la préfecture de police garde ses compétences, ses prérogatives, sa doctrine, ses méthodes…». Lors d’une conférence de presse avec le préfet de police sur le départ à ses côtés, Georges-François Leclerc s’est employé à déminer le terrain.  « La hiérarchie est source de clarté, c’est une simplification de la chaîne de commandement », insiste-t-il. Il s’est par ailleurs employé à démontrer son parcours préfectoral , «sinon des réussites au moins une certaine expérience », capable de lui faire endosser la casquette de préfet de police sans difficulté.

Exit la bicéphalie

Forcément, ce départ précipité du préfet de police alors que les résultats dans la lutte contre le narcobanditisme et la délinquance étaient « exceptionnels » selon ses propres dires, interroge. Même s’ils étaient côte à côte lors de la conférence de presse, les rapports étaient parfois tendus entre Pierre-Édouard Colliex et Georges-François Leclerc. La réforme a peut-être connu un coup d’accélérateur avec les derniers événements de fin février qui sont remontés jusqu’à Paris. L’opposition a en effet peu goûté la venue du préfet de police dans l’enceinte du Conseil municipal de Marseille. Pierre-Édouard Colliex est venu vanter les bons résultats de ses équipes et a dans le même temps remercié la majorité de gauche pour ses résultats en matière de sécurité.  Auparavant il avait déambulé avec le maire de Marseille entre la gare Saint-Charles et Noailles pour valider les mesures de sécurité prises. Trop indépendant, trop habile à capter la lumière, trop politique ? Son successeur balaie tout cela d’un revers de main. Mais aurait-il autorisé la future préfète de police déléguée à se rendre dans l’hémicycle ? Pas de réponse. Renaud Muselier, le président de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a de son côté envoyé un beau tacle sur X en apprenant le départ du préfet de police : « Quand on mélange la politique et l’administratif, on finit toujours au placard ». Exit désormais le cafouillage, on aura qu’une tête.

Chez Rouget de Lisle

 Pierre-Édouard Colliex est nommé préfet du Jura dont est originaire l’auteur de la Marseillaise, Rouget de Lisle. Avant son départ on lui pose la question : «Cette simplification de la chaîne de commandement voulue aurait changé quoi concrètement ?» Un temps de réflexion et le préfet de police prend la tangente,  « J’ai travaillé  jour et nuit dans le cadre de mes fonctions de préfet de police et la seule chose que j’ai constaté, c’est l’énergie et le dynamisme des policiers et des gendarmes pour la sécurité des citoyens avec des résultats notables». Il a fait les frais de la réforme, il ne fallait pas trop lui en demander non plus.

Corinne Simon, la nouvelle préfète déléguée auprès du préfet de police des Bouches-du-Rhône prendra ses fonctions dans une quinzaine de jours. On la verra certainement beaucoup moins jouer « l’union sacrée » avec les élus. La clarification voulu par cette réforme s’apparente à une reprise en main.

Reportage Joël BARCY

 

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