Société des Eaux de Marseille : Saint-Christophe décante l’eau et protège la route vers Marseille

Peu de Provençaux connaissent l’existence du bassin de Saint-Christophe, un joyau du patrimoine industriel et hydraulique provençal. Situé dans un vallon naturel entre les communes de Rognes et de La Roque d’Anthéron, il est le premier ouvrage de traitement sur le parcours du canal de Marseille qui prend sa source 3 km plus haut, à l’usine hydroélectrique de Saint-Estève de Janson.

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L’équipe de la société des Eaux de Marseille (Photo Joël barcy)

« On voit ici le génie de nos anciens», lance Sandrine Motte, la directrice générale de la Société des Eaux de Marseille (SEM). Grâce à un traitement régulier l’ouvrage, vieux de 142 ans, n’a pas une ride. «Il bénéficie en effet, poursuit la directrice de la SEM, des dernières technologies tout en pouvant utiliser, si nécessaire, des équipements originaux. Mais nous avons apporté une régulation de l’eau qui nous permet de n’utiliser que la quantité nécessaire ce qui nous permet d’économiser l’eau utilisée par une ville de 300 000 habitants, ce qui est très significatif ». Dimitri Migraine, chef du service adduction,  explique pour sa part : « Mon service s’occupe de l’entretien du canal de Marseille de son départ à La Ciotat. Nous entretenons les espaces verts, les clôtures, la mise en sécurité du canal, la maçonnerie, le curage ». De signaler : « En 1847 l’eau arrive à Marseille mais ce n’est qu’en 1865 que des études menées par deux ingénieurs messieurs Pascalis et Gleize prévoient la construction de ce bassin de décantation car l’eau de la Durance est trop limoneuse. »

Dimitri Migraine en vient au fonctionnement du bassin : « L’eau pénètre dans le bassin par un tunnel de 4 mètres de diamètre arrivant au fond de l’ouvrage par l’Est, bassin  sillonnée d’une multitude de rigoles, maçonnées et séparées par des crêtes en argile, les chevaliers . Elle y séjourne entre 24 et 48 heures et, en remontant, laisse les matières en suspension tomber au fond, entre les crêtes. » L’eau ainsi clarifiée part à la conquête de l’Ouest. Emmanuel Guiol, directeur adjoint de l’exploitation ajoute : « Le bassin est entièrement ceinturé par un canal latéral permettant de le contourner en cas de nécessité, notamment lors des opérations de nettoyage que nous menons tous les deux ans. Nous vidons le bassin puis près de 1 000 petites vannes envoient de l’eau dans les rigoles pour chasser les limons, une opération que nous concluons avec du personnel et du matériel. Plus de 1 500 tonnes d’alluvions sont de cette manière rendus à la Durance.» Il précise que « ce bassin de 20 hectares sur un périmètre de 200 à 300 mètres et d’une profondeur variant de  de 8 à 20,5 mètres , a une capacité de 2 millions de m3, soit l’équivalent de la contenance du Vieux-Port. » Pendant les opérations de nettoyage «les Fédérations de pêche sont invitées pour une pêche de sauvegarde. Les poissons récupérés (truites, brochets, sandres… partent repeupler les cours d’eau des Bouches-du-Rhône», signale Denis Giraud, responsable régulation du canal.

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Sandrine Motte, la directrice générale de la Société des Eaux de Marseille (SEM) (Photo Joël Barcy)

Laurent Chapon, chef du service patrimoine études et travaux poursuit : «Le niveau d’eau doit rester constant. Il est maintenu grâce à deux siphons auto-amorçant, système en place depuis la construction. » Il enchaîne : « L’eau qui part d’ici va faire un voyage de 24 heures pour arriver  à Marseille.  Pour cela elle va passer sur l’aqueduc de Roquefavour et pas moins de 3 tunnels. » Lionel Stora,  directeur de la communication, du marketing et des relations institutionnelles rappelle : « Il faut mesurer ce que représente l’arrivée de l’eau à Marseille. En 1834 Maxime Consolat, le maire de Marseille, a décidé de la construction du canal de Marseille pour mettre la ville à l’abri des pénuries d’eau et  la sauver des maladies comme le typhus ou le choléra. Une exigence qui est toujours là. L’eau est contrôlé qualitativement grâce à des mesures en continu des principaux paramètres physico-chimiques et biologiques de l’eau, notamment à travers un truitoSem, un aquarium alimenté en continu par l’eau du canal. Le comportement des poissons est analysé à travers un champ d’ultra-sons créé par deux sondes à effet Doppler. Une alarme se déclenche à la moindre altération. »

Sandrine Motte conclut : « La Sem c’est 800 salariés qui travaillent pour garantir cette qualité de l’eau. Nous recrutons 30 personnes par an sachant que nous avons un faible taux de turn-over, 3,4%, c’est important car nous nous entraînons toujours à la crise et c’est la crise qui nous apprend le geste juste. Dans une société où la quête de sens au travail est grande nous proposons des métiers qui offrent du sens et, grâce à des examens internes, nos salariés peuvent évoluer professionnellement. 4% de la masse salariale est ainsi utilisée pour la formation. »

Reportage vidéo Joël BARCY, rédaction Michel CAIRE

 

La Sem a bon(ne) Poste: Sandrine Motte explique : « Nous sommes persuadés de l’importance du contact direct avec nos clients. Pour cela nous avons lancé une expérience, nous recevons le public à la Poste de Forcalquier et cela marche bien. Nous allons développer ce système car les locaux de la Poste sont bien situés, facile d’accès pour les usagers. Cela permet à nos agents de rencontrer les clients sans être seuls et l’expérience montre que la poste reçoit plus de clients lorsque nous sommes présents. »

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