Publié le 12 mai 2020 à 9h40 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h35
Le Cloître à Marseille a décidé de mettre son savoir-faire de restaurateur au service des personnes dans le besoin. le chef étoilé Michel Portos et Arnaud Castagnède reviennent sur cette initiative qu’ils entendent voir perdurer, sous une nouvelle forme, après le déconfinement.
Depuis le jeudi 9 avril, à l’initiative du chef marseillais doublement étoilé Michel Portos et d’Arnaud Castagnède, co-fondateur du Cloître – emblématique lieu à Saint-Jérôme (13e) qui regroupe des entreprises engagées dans l’inclusion sociale – respectivement Chef et DG du restaurant, «Les Jardins du Cloître» s’engagent pour soutenir les plus démunis (sans-abri, personnes isolées, familles sans plus de revenus…) sous le nom des « Casseroles solidaires ». «Le Restaurant « Les Jardins du Cloître » de Marseille a une vocation solidaire, éco-responsable, et sociale. L’équipe qui l’anime est à son image. Il était donc normal de s’engager et de contribuer aux actions déjà entreprises sur d’autres territoires, explique Arnaud Castagnède, de plus, le Cloître a toujours été dans son histoire au cœur des grands épisodes dramatiques marseillais : lors de l’épidémie de peste de 1720, c’était la base arrière du Chevalier Roze ; le lieu d’hébergement des réfugiés de la guerre d’Espagne en 1937 puis des Marseillais après les bombardements de 1944. Aujourd’hui il ne pouvait pas en être autrement ». Michel Portos poursuit: «Avec cette crise Arnaud m’a appelé pour que nous menions une action car c’est dans l’ADN du Cloître de mener des actions dans les quartiers Nord avec les habitants de ces quartiers. Le lendemain de son appel je vois un reportage sur les SDF à Marseille, face au confinement. Nous décidons avec Arnaud de mener une action en direction des plus démunis. Je contacte Caroline Pozmentier-Sportich, l’adjointe à la sécurité de Marseille pour qu’elle nous aide dans nos démarches. Elle accepte, me met notamment en contact avec la Préfète à l’égalité des chances. Nous avons ainsi une connexion avec la Banque alimentaire.» Ainsi se met en place une dynamique: «Nous préparons 3 500 repas par semaine, à 80% pour le Samu social qui les redistribue mais nous collaborons aussi avec les Apprentis d’Auteuil, Vendredi 13, la Croix rouge, les Petites sœurs des pauvres». Les produits ? «Ils nous viennent de la Banque alimentaire principalement mais aussi de Métro, d’Auchan gourmand, d’un poissonnier, d’un boulanger, une petite entreprise va tous les jours acheter des fruits et des légumes frais qu’elle nous livre. Une conserverie semi-industrielle de Bordeaux nous a offert 1 000 terrines de pâté de bœuf… C’est une belle chaîne de solidarité qui s’est mise en place». Caroline Pozmentier-Sportich, qui a permis à cette initiative citoyenne de se déployer, tient «à rendre hommage aux initiateurs de cette belle opération. Alors que, avec le confinement, les distances à respecter, on pouvait craindre le repliement sur soi, on a vu fleurir des actes de solidarité y compris dans des secteurs où il ne se passait plus rien.» Pour l’heure le confinement a pris fin mais, «pas la crise économique, reprend Michel Porto, alors il faut poursuivre cette démarche sous une autre forme. Nous sommes en train de réfléchir avec d’autres restaurateurs à la mise en place d’un nouveau système. Pourquoi pas des restaurants qui s’engageraient à offrir une cinquantaine de repas par semaine et des associations qui viendraient les chercher?». Et on peut déjà noter dans son agenda que le 27 septembre, à l’initiative de Provence Tourisme, un banquet réalisé par les bénévoles des « Casseroles solidaires » accueillera sur le Vieux-Port 400 personnes tirées au sort, 200 issues des soignants et 200 issues du milieu associatif.
Michel CAIRE