Publié le 27 octobre 2022 à 21h59 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 21h46
Entre le 22 et le 26 octobre 2022, l’Ocean Viking a secouru 234 femmes, enfants et hommes, dont plus de 40 personnes mineures non accompagnées. Ces personnes ont été trouvées en grave danger de naufrage imminent sur six embarcations impropres à la navigation, dangereusement surchargées. Depuis le lancement de ses opérations de recherche et de sauvetage (SAR) en 2016, SOS Méditerranée sollicite systématiquement la coordination des centres de coordination des secours maritimes (MRCC) compétents, conformément au droit maritime, et les informe à toutes les étapes de ses opérations.
Dans un communiqué, SOS Méditerranée déclare que «ces autorités maritimes ont le devoir de coordonner les opérations de recherche et de sauvetage, depuis l’alerte de détresse jusqu’à la désignation d’un lieu sûr où débarquer les personnes rescapées. Nous exhortons les membres de l’Union européenne et les États associés à se conformer à l’obligation d’identifier le lieu le plus approprié pour le débarquement des personnes trouvées en détresse en mer (…) dès que cela est raisonnablement possible. (Convention SAR). Nous leur demandons donc d’affecter sans plus tarder un lieu sûr à l’Ocean Viking et au navire Humanity 1 pour débarquer les personnes secourues à leur bord.»
La plupart du temps, les officiers de service n’ont pas répondu à nos nombreux courriels
Trois opérations de sauvetage conduites par l’Ocean Viking «ont eu lieu dans la Région de recherche et de sauvetage (SRR) libyenne et trois autres dans la SRR maltaise. Les embarcations en détresse ont été signalées aux autorités maritimes, avec l’Ocean Viking en copie, par la ligne d’urgence civile Alarm Phone, ou directement repérées lors de veilles aux jumelles depuis la passerelle de l’Ocean Viking, ou encore signalées par des avions civils, intergouvernementaux (Frontex) et militaires qui ont participé aux recherches», précise SOS Méditerranée qui rappelle que pour chaque opération de recherche et de sauvetage effectuée, l’Ocean Viking a contacté plusieurs fois les autorités maritimes en charge de la région de recherche et de sauvetage où les cas de détresse ont été signalés ou repérés, à savoir les MRCC libyens et maltais.
«La plupart du temps, les officiers de service n’ont pas répondu à nos nombreux courriels et lorsqu’ils ont fini par décrocher le téléphone, ils ont accusé réception des informations fournies par l’Ocean Viking mais n’ont pas assuré de coordination efficace de l’opération de recherche et de sauvetage, comme ils y sont pourtant tenus par les conventions maritimes applicables. Ils n’ont pas davantage partagé quelque information que ce soit concernant le cas de détresse, une information pourtant essentielle pour garantir une réponse optimale pour éviter la perte de vies humaines.»
Néanmoins, insiste SOS Méditerranée: «L’Ocean Viking n’a jamais cessé d’appeler les centres de coordination concernés et d’envoyer des courriels à chaque étape des opérations de recherche et de sauvetage, notamment pour relayer ces alertes de détresse, pour les informer de notre réponse à ces alertes, pour les avertir à chaque fois qu’une embarcation en détresse était repérée et leur fournir des précisions sur son état de détresse, le lancement éventuel du processus de sauvetage des naufragé.e.s et de leur évacuation vers l’Ocean Viking. De plus, notre navire met systématiquement les autres centres de coordination (MRCC) des régions SAR de Méditerranée centrale en copie de tous ses courriels, y compris le MRCC italien.»
Nous avons été une fois de plus laissés seuls pour porter assistance aux personnes en détresse en Méditerranée
Et de dénoncer: «Cependant, nous avons été une fois de plus laissés seuls pour porter assistance aux personnes en détresse en Méditerranée centrale. Le devoir d’assurer des services de recherche et de sauvetage adéquats et efficaces doit être rempli par les États côtiers (Art 98. UNCLOS 1980), en Méditerranée comme partout ailleurs dans le monde.» Depuis 2018, la Méditerranée centrale a été vidée des moyens de recherche et de sauvetage conduits par les États européens. Un désengagement flagrant et cruel dans une zone qui est devenue la route migratoire maritime la plus meurtrière au monde avec la mort de plus de 20 000 personnes attestée depuis 2014.
Ils ne doivent pas attendre davantage pour se voir attribuer un lieu sûr où débarquer
«Les 234 femmes, enfants et hommes actuellement à bord de l’Ocean Viking, dont certain.e.s ont été secourues depuis cinq jours, ne doivent pas attendre davantage pour se voir attribuer un lieu sûr où débarquer», indique l’association. La Convention Solas de 1974 et les amendements à la Convention SAR de 2004 stipulent que «dans tous les cas», un lieu sûr doit être «fourni dans un délai raisonnable».
Ces personnes ont vécu un véritable calvaire en mer
«Certaines des personnes rescapées ont passé jusqu’à trois jours en mer avant d’être secourues par nos équipes. Elles montrent des signes d’épuisement, de déshydratation et souffrent de multiples brûlures dues au carburant. Certain.e.s rescapé.e.s présentent des signes évidents de torture et de violence endurées en Libye», s’insurge SOS Méditerranée qui ajoute: «180 autres personnes secourues par l’équipage de Humanity 1 alors qu’elles se trouvaient en détresse en mer ces derniers jours attendent également un lieu sûr. Ces personnes ont vécu un véritable calvaire en mer. Elles ne doivent plus être ignorées par les membres de l’Union européenne et les États associés. Elles ont besoin d’un lieu sûr où débarquer sans plus attendre, comme le prévoit le droit maritime international.» Les opérations de recherche et de sauvetage sont encadrées par des conventions maritimes internationales qui assignent des obligations claires et un cadre juridique aux navires et aux États. «L’Ocean Viking se conforme strictement à ces dispositions et attend en définitive des États signataires qu’ils fassent de même».
La rédaction