Publié le 6 décembre 2017 à 16h19 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h49
Ce mercredi 6 décembre au petit matin, la Fondation Abbé Pierre a mené, avec l’association Emmaüs Solidarité, une action alertant les citoyens sur l’indignité des équipements urbains destinés à éloigner les personnes à la rue. Plusieurs centaines d’affiches ont été collées dans les rues de Paris, Lyon, Marseille et Metz sur des lieux délibérément aménagés, «avec une inventivité qui fait parfois froid dans le dos», pour empêcher les plus démunis de s’abriter ou de prendre un peu de repos. Au-delà de cet affichage sauvage, «chacun est invité à participer à la mobilisation sur les réseaux sociaux avec le hashtag #SoyonsHumains, en postant une photo d’un dispositif de cet ordre. Si le cliché est géolocalisé, le lieu sera répertorié sur le site www.soyonshumains.fr pour donner à voir et dénoncer l’ampleur du phénomène», déclare la Fondation. Il s’agit d’en mesurer la dimension, mais également de prendre conscience de la manière «dont on considère les plus précaires dans notre pays». «Au lieu d’empêcher les SDF de dormir ici, offrons leur un logement décent ailleurs». Le message affiché par la Fondation est clair : «des solutions existent mais elles ne passent en aucun cas par la déshumanisation des personnes sans domicile.» Ces dernières sont encore a minima 143 000 aujourd’hui en France, selon l’Insee (soit une augmentation de 50 % en 10 ans), qu’elles vivent à la rue, dans un bidonville ou dans un hébergement d’urgence. Ce dernier repose principalement sur des piliers qui s’articulent autour de la mise en place d’une stratégie «Logement d’abord» qui fait du logement le point de départ vers l’insertion : «La priorité donnée aux ménages les plus pauvres et modestes pour un quart des attributions HLM, la production de 150 000 logements vraiment sociaux par an, la mobilisation renforcée du parc privé à des fins sociales, l’accueil digne et inconditionnel des personnes à la rue, quel que soit leur statut administratif, mais aussi une véritable stratégie de prévention des expulsions. Autant d’ambitions qui demandent, pour être mises en œuvre, une volonté politique forte et une mobilisation de moyens locaux et nationaux bien plus importants que ceux que nous connaissons aujourd’hui».
La pauvreté n’est pas un crime, rappelle le mouvement Emmaüs
Aujourd’hui, 8,6 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, avec
moins de 964 euros par mois. L’impact de la crise économique et financière de 2008 a
violemment percuté la situation de nombreuses personnes et familles. Alors que la pauvreté augmente, une partie de plus en plus importante des ménages en
France s’enlise dans les difficultés jusqu’à se retrouver parfois à la rue.
«Jusqu’à présent, les pouvoirs publics ont trop souvent fait le choix de la pénalisation.
Pour exemple, 38 euros d’amende sont parfois demandés, pour avoir mendié, fouillé
dans les poubelles ou pour avoir occupé un bout de trottoir…», souligne le mouvement Emmaüs. Considérant : «Le traitement répressif de la misère est une réponse intolérable. L’espace public doit demeurer ouvert à tous. À un an des élections municipales, les maires de France doivent tout particulièrement faire preuve de solidarité envers les personnes en détresse : ils ont le pouvoir de changer les choses, ils ont les compétences pour le faire, ils ont le devoir d’y parvenir. Parce que ce ne sont pas les pauvres qu’il faut combattre, mais bien la pauvreté !»
Emmaüs France, Emmaüs Solidarité et la Fondation abbé Pierre s’engagent aux côtés de la FEANTSA (Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri, a été fondée en 1989 avec l’objectif de lutter contre l’exclusion sociale des personnes sans-abri ou menacées par le sans-abrisme) dans une action de sensibilisation du grand public et d’interpellation des pouvoirs publics pour que la pauvreté ne soit plus considérée comme un crime…
Anna CHAIRMANN