Publié le 19 mai 2017 à 21h01 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h05
C’est au Château Ricard et dans le cadre de son partenariat avec Marseille Capitale Européenne du sport, que « Sport and lifestyle », présidé par Pierre Distinguin, vient d’organiser sa première conférence sur le thème:« l’activité physique, un levier d’efficacité de performance des organisations». L’intitulé peut paraître austère mais tel n’a pas été le cas, loin s’en faut. Cette première a réuni un nombreux public notamment du monde économique qui, chiffres à l’appui, a su mettre en avant les effets bénéfiques du sport dans le monde du travail en matière de bien-être, de santé et donc de réduction de l’absentéisme, de développement de l’esprit d’équipe, de la rentabilité. Christophe Parra, le coach de l’équipe de l’OM Féminin qui évolue en Ligue 1, a su capter son public en revenant sur l’histoire de cette équipe partie du plus bas niveau et de son management. Avec lui, le sport est vraiment une épopée. Quant à Jacques Pruvost, médecin du sport de la Fédération Française d’athlétisme, montre à quel point la pratique du sport est un enjeu de société, de santé…
«Le sport c’est avant tout du plaisir et de la convivialité»
«Nos lointains ancêtres de l’âge de pierre effectuait en moyenne 13 km par jour, à la fin des années soixante 7 km et maintenant 300 mètres avec tous les problèmes de santé que cela pose», souligne Jacques Pruvost. Heureusement la situation peut s’améliorer pour les personnes sédentaires: «Il suffit pour cela qu’elles se mettent au sport. Les 5-6 premières semaines sont difficiles, il ne faut pas le cacher, mais après les muscles, le cœur repartent». «Mais, le vrai levier pour se remettre à une activité physique est précise-t-il, psychologique et social d’autant que le sport c’est avant tout du plaisir et de la convivialité et c’est ainsi que l’on peut aller vers les 5 km par jour ce qui permet de voir la durée de vie s’accroître et de vivre plus longtemps en bonne santé».
Sylvain Coulange, Sodexo, anime la soirée avec Mélanie Egalon, Orinas. Il rappelle à quel point le bébé (2ans) « Sport and Lifestyle » connaît une croissance tout autant harmonieuse que rapide. «Nous étions sept entreprises voilà deux ans lors de sa fondation, la barre des 100 entreprises adhérentes vient d’être franchie». Pour lui: «Le sport et le bien-être devient un marqueur de notre territoire». Anna Notarianni, présidente de Sodexo France, tient à préciser: «Marseille est notre ville de cœur.». Il faut en effet savoir que d’une start-up née à Marseille, Pierre Bellon a fait de Sodexo, 50 ans plus tard, un géant mondial des Services de Qualité de Vie, employant 425 000 personnes et implanté dans 80 pays. Impliquée dans l’aventure Sport and Lifestyle elle se réjouit: «L’association, avec ses 100 entreprises adhérentes, a permis de questionner 1 300 salariés sur leur perception de la qualité au sein de l’entreprise, une masse d’informations importante pour aller vers des plans d’actions».
«Nous sommes 35 000 en France, c’est notre force mais aussi notre faiblesse»
Anna Notarianni revient sur les raisons qui ont conduit Sodexo à prendre part à cette aventure, dès sa création: «J’ai tout de suite dit oui lorsque Sylvain Coulange m’en a parlé car cela fait de nombreuses années que nous nous interrogeons sur comment allier qualité de vie et performance économique. Cette initiative a permis de rendre encore plus concret cette question en rapprochant la perception des salariés de celle de l’encadrement ce qui a révélé des malentendus sur lesquels nous avons pu travailler et générer une dynamique managériale». «Nous sommes 35 000 en France, indique-t-elle, c’est notre force mais aussi notre faiblesse. Pour remédier à cette dernière nous renforçons la transversalité. Nous sortons des logiques de silo pour nous entraider, nous développons des opérations sur la qualité de vie». Et le succès est tel que, dévoile-t-elle: «Nous étudions comment développer cette opération dans d’autres régions. Cela nous donne aussi envie d’avoir des initiatives sur le sport, on va proposer des cours, mettre en place des challenges sportifs. ils sont importants car ils permettent aux personnes, au lieu de s’envoyer des mails, de se parler car elles ont appris à se connaître, s’apprécier. Je vois également là une raison supplémentaire d’être attachée à l’encrage local. C’est là que que l’on peut faire avancer des sujets». Elle ne manque pas enfin de rappeler que Sodexo a déjà des partenariats dans le sport, avec l’Orange Vélodrome, Roland Garros, l’Open 13 ou encore le Tour de France…
«95 % des employeurs estiment avoir un rôle à jouer dans le bien-être des salariés»
Laetitia Brèche, directrice à l’action sociale chez Malakoff Médéric affirme que le monde de l’entreprise est sensibilisé au bien-être puisque une étude montre que «95 % des employeurs estiment avoir un rôle à jouer dans le bien-être des salariés et 86% des salariés sont demandeurs d’actions dans ce domaine».
Sylvie Pellicer en charge de la prévention et de l’innovation chez Malakoff Médéric rappelle qu’en tant qu’assureur «nous nous devons d’agir sur le sport en entreprise et, pour cela nous avons d’abord commencé à travailler sur nous-mêmes sachant qu’en 2014 un salarié sur trois a été en arrêt de travail et que les premières maladies professionnelles sont les maux de dos et le stress. Nous avons signé une convention avec le Pôle Sport de Luminy grâce à laquelle nous avons obtenu la présence d’un stagiaire Master II pour proposer des activités physiques: de la marche, du fitness, du stretching. Dans le même temps nous avons suivi le stress perçu par les salariés. Au bout de 16 semaines il avait diminué, l’absentéisme a diminué, la cohésion d’équipe s’est renforcée car nous avons tous appris à nous connaître». Avec Guy Puech, président, fondateur d’Altersis, on entre dans la culture judo, un sport dans lequel il est tombé à l’âge de 4 ans. «J’y ai appris un code moral que j’ai voulu appliquer dans mes activités professionnelles, à savoir le respect, l’honnêteté, la fierté, l’engagement, la cohésion… Et j’ai toujours recruté sur ces valeurs. Les collaborateurs vont faire du sport entre midi et deux, nous participons à des compétitions et nous sponsorisons également des sportifs de haut niveau».
«Tout a commencé lorsque j’avais 6 ans, dans la cour de récréation»
C’est au tour de Christophe Parra d’intervenir, lui qui a fait monter l’équipe de l’OM féminine successivement de 4 divisions pour jouer aujourd’hui au plus haut niveau français. L’homme a 46 ans, dont une trentaine dans le football: «Tout a commencé lorsque j’avais 6 ans, dans la cour de récréation où j’ai éprouvé des émotions à jouer avec mes potes, j’étais bien avec eux. Ensuite, nous avons tous essayé de gagner nos matchs en pensant chacun être meilleur que les autres. Puis est venu le besoin d’être libre, j’allais jouer ou pas. C’est là que j’ai appris la liberté et, dans cette société qui tente d’obliger à faire des choses, personne ne m’impose quoi que ce soit». Il poursuit: «J’entre dans un club, je pratique avant d’entraîner et, pendant tout ce temps, je remplis mon laboratoire d’idées. Cela jusqu’en 2007 où j’ai eu besoin d’arrêter car je ne me retrouvais plus dans ce milieu où on me demandait de donner des matchs». Insupportable pour celui qui toute sa vie s’est mis au service du foot «lorsque d’autres l’utilisent». En 2011 José Anigo vient le chercher pour créer l’équipe féminine de l’OM. «C’était quoi le foot féminin? Sociologiquement c’est d’une richesse inouïe. Cela m’a conduit à me poser des questions sur la place de la femme dans notre société, dans le bassin méditerranéen. Quelle est sa place dans le sport? Quelle place pour le foot féminin dans le « vrai » foot». Fort de ces questions et de quelques réponses il se lance dans l’aventure: «Il n’y avait rien, juste un passionné et deux anciennes joueuses, une dirigeante et une ostéo qui voulaient entrer dans le projet ».
«C’est quoi la performance? L’apprentissage? Est-ce que tout le monde a envie d’apprendre?»
Christophe Parra poursuit son questionnement: «C’est quoi la performance? L’apprentissage? Est-ce que tout le monde a envie d’apprendre? Comment transmettre le savoir afin de permettre de se transformer. Moi, tous les matins, j’essaie de me transformer». Le foot est un sport collectif, outre la démarche individuelle, il implique, avance-t-il: «Un projet commun. Si une personne de mon équipe n’entre pas dans le projet cela fait non seulement moins un pour mon équipe mais également plus un pour l’équipe adverse, soit un différentiel de deux. C’est la question de la coresponsabilité si fondamentale au rugby. Au foot, les ego sont sur-dimensionnés. Mais nous, avec l’équipe féminine, nous sommes un village africain, c’est à dire un lieu de transmission des savoirs, de connaissance. Il est important d’écouter les anciens, ils ont un rôle fondamental dans le village comme dans l’entreprise. Chez nous les filles ont connaissance de l’histoire mais, dans le même temps, nous en écrivons une et nous nous enrichissons de l’histoire de celles qui nous rejoignent et qui ont l’expérience du très haut niveau». Comme quoi l’univers du sport, le village africain, peuvent apporter une réflexion sur la pratique entrepreneuriale.
Michel CAIRE