Publié le 15 septembre 2016 à 11h19 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
Alors que le gouvernement a annoncé, en début d’année, sa volonté d’engager une «réforme» des pôles de compétitivité, Christian Estrosi, Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a réuni ce mercredi 14 septembre, dans l’après-midi, les Présidents et responsables des Pôles de compétitivité de Paca [[Les Pôles de compétitivité de Paca : Safe Cluster, issu de la fusion des pôles Pégase et Risques (aéronautique, risques, sûreté, vulnérabilité) ; Capenergie (transition énergétique) ; d’Eurobiomed (santé, biotechnologies; Mer Méditerranée (Économie maritime et littorale); Optitec (Optique photonique); Parfums, arômes, senteurs, saveurs (Parfums, arômes et cosmétiques) ; Eau (eau) ; Solutions communicantes sécurisées (microélectronique, numérique) ; Terralia (filières du végétal et agroalimentaire) ; Trimatec (écotechnologies).]] au Technopôle de l’Arbois à Aix-en-Provence. Présidents et responsables avec lesquels il débattra longuement avant de leur exprimer tout son soutien. Et, en réponse à l’inquiétude du devenir des pôles, exprimée par Jean-Marc Perrin, conseiller départemental des Bouches-du-Rhône, Président du Technopôle de l’Arbois, il précisera : «Je suis farouchement opposé à la naissance de pôles de compétitivité à deux vitesses que souhaite le Gouvernement». Jean-Marc Perrin se félicitant de la venue de Christian Estrosi, «l’un des pères fondateurs des pôles de compétitivité à un moment où des lois telle que la Loi NOTRe nous font craindre que notre technopôle ne soit pas considéré à sa juste valeur». Le président de Paca rappelle toute l’importance qu’il accorde aux 72 technopôles français. «Nous ne sommes pas dans un système américain où il en existe une douzaine car, notre tissu économique innovant est réparti sur l’ensemble du territoire avec une base de TPE/PME». Et de se souvenir : «Le 24 Juillet 2005, j’étais alors ministre de l’Aménagement du Territoire, je signais le décret de création des pôles de compétitivité. C’est dire le plaisir de se retrouver aujourd’hui, ici, comme Président de la Région Provence-Alpes-Côte D’Azur, où, 10 ans après, les pôles de compétitivité représentent désormais plus de 1 200 entreprises et près de 300 000 emplois». Indique avoir fait, en tant que ministre, le pari de l’innovation «car c’est pour moi un accélérateur de sortie de crise. J’étais convaincu que c’est en finançant l’innovation, que l’on redressera l’économie française et que nous retrouverons notre place dans la compétition internationale».
«Inscrire notre politique économique dans une logique d’excellence»
«C’est la même conviction qui m’anime aujourd’hui, comme Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est ce même pari de l’innovation qui nous conduit, comme je l’ai annoncé à Marignane, le 26 mai dernier, à inscrire notre politique économique dans une logique d’excellence: concentrer nos moyens sur certaines filières stratégiques et certains segments où nous disposons d’avantages comparatifs là où, nous pouvons être les meilleurs». Et de revenir sur le projet de réforme: «D’un côté, si j’en crois la logique du gouvernement, il y aurait les pôles nationaux fortement impliqués dans les plans industriels et les « 9 solutions de la Nouvelle France Industrielle » qui continueraient à être pilotés au niveau national. De l’autre, les pôles restants verraient leur pilotage décentralisé aux Régions.
Or nous ne voulons pas de cette politique à deux vitesses». «Pour ne pas prendre un tel risque, ajoute-t-il, je pose une condition de bon sens : une telle évolution passe par le transfert aux Régions des crédits d’animation des pôles sur la base de la fourchette haute de ces 10 dernières années, et non sur ces 3 dernières années.
L’inverse serait impensable et constituerait un recul pour la croissance de notre pays.
Je demande donc au gouvernement de prendre ses responsabilités. En tous cas moi je me battrai pour que ce soit le cas». Il souhaite également, que l’État transfère aux Régions «et non à la BPI ou à la Direccte», le pilotage et la gestion des crédits du Fonds Unique Interministériel «pour permettre aux Régions de maîtriser la labellisation des projets».
Les pôles de compétitivité expriment une inquiétude par rapport à la perspective d’une décentralisation complète de la politique des pôles aux Régions. Christian Estrosi préconise: «A minima, il me parait essentiel de mettre en place un Conseil National Stratégique des Pôles de Compétitivité associant l’État, les collectivités concernées et les pôles pour avoir une stratégie commune. Seule une telle instance stratégique permettra de mieux articuler les politiques industrielles et d’innovation entre le niveau national et le niveau régional, à l’heure où les Régions ont, depuis la loi NOTRe, une compétence économique renforcée. je tiens d’autant plus à ce que soit conservé la vision nationale que les Pôles, ont à mes yeux vocation à prendre une dimension européenne». Et de glisser une petite phrase… : «J’espère jouer un rôle dans les années à venir pour aller dans cette voie qui ne peut être que celle de la sagesse».
«Pour 2017, nous nous engageons à augmenter, encore notre soutien aux pôles de compétitivité»
Dans le même temps, des voix s’élèvent, s’inquiétant d’un désengagement de l’État et en appellent aux régions pour les soutenir. Christian Estrosi avance : «Malgré un exercice budgétaire très contraint, parce qu’il s’agissait de mettre fin à cette spirale sans fin des dépenses, j’ai souhaité augmenter le budget régional dédié aux pôles de compétitivité de plus de 3% par rapport à 2015 soit 100 000 euros supplémentaires. Et à ces 4,2 M€ s’ajoutent les 12 projets sélectionnés par le Fonds Unique Interministériel que nous soutenons activement pour 4M€. Je vous annonce également que pour 2017, nous nous engageons à augmenter, encore notre soutien aux pôles de compétitivité. Et, avec Renaud Muselier, nous avons également lancé cet été un appel à projets de 12 millions d’euros pour financer les projets de vos entreprises».
Évoquant la question de l’Europe, il explique avoir rencontré Jean-Claude Juncker, le président de la Commission Européenne, avec Renaud Muselier: «Il sait les conditions dans lesquelles s’est déroulée mon élection à la tête de la Région.Il sait les menaces qui pèsent en Europe. il a compris qu’il faut montrer aux salariés que l’Europe est utile si l’on ne veut pas que des Pays basculent dans le néant. Il nous a donc dit que si nous nous engagions à fond en faveur d’une politique de l’innovation industrielle il serait pleinement à nos côtés».
Michel CAIRE
A la rencontre de SP3H et Novadem
La visite du président de région a commencé par la rencontre de deux start-up, SP3H, membre d’Optitec et Novadem, membre du pôle Safe, qui produit des drones civils. Alain Lunati, président de SP3H raconte l’aventure d’une entreprise innovante dont le capteur optique analyse en temps réel le carburant ce qui permet de réduire de plus de 10% sa consommation et de 70% le rejet de particules fines. «Nous cartographions également le carburant, plus de 3 000 identifiés de 60 pays afin de pouvoir donner des informations aux moteurs car, s’ils ne reconnaissent pas la qualité du produit, on pourra donner le meilleur carburant, cela ne servira à rien». Il annonce qu’un contrat vient d’être passé avec la RDT13 pour équiper les bus de la ligne Aix-Marseille de capteurs associés à un carburant bio que va produire la Mède. Il en vient à la complexité d’être une start-up dans le domaine de l’innovation: «On supporte bien en France la recherche et le développement mais des manques se font jour lorsque, comme nous, l’on en est au lancement de l’industrialisation» «C’est d’autant plus important de nous soutenir, assure-t-il, que des entreprises comme les nôtres peuvent se lancer dans des projets à 10 ans alors que les grands groupes travaillent à deux ans».
Pascal Zunino, Novadem, fabrique des drones «C’est à dire un œil déporté et les outils pour valoriser l’information. Par exemple les pompiers des Bouches-du-Rhône ont une information en temps réel sur un incendie qu’ils peuvent transmettre à toute la chaîne de décision. Nous travaillons également avec l’armée, avec des industriels mais nous avons aussi des clients dans le Bordelais qui utilisent nos drones pour contrôler l’état de leur vigne».
M.C