Publié le 13 juin 2013 à 19h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h39
De retour de mission dans un camp de réfugiés syriens en Jordanie, l’ONG Pompiers solidaires (PS) – qui intervient sur nombre de catastrophes : lors du tsunami en Indonésie, le séisme qui a frappé Haïti et actuellement à Madagascar et au Pérou – met en exergue les difficultés inhérentes à cette situation d’urgence. Forts de leur expérience, Pompiers solidaires, contactés par « Gynécologie sans frontières », se sont inscrits dans une mission de trois semaines sur le camp de Zaatari situé à la frontière jordanienne.
Un exode qui porte à 100 000 le nombre de réfugiés
Camp qui voit affluer près de 3 000 réfugiés par jour, en provenance des villes frontalières de Daraa et jusqu’à Homs. Un exode qui porte à 100 000, le nombre de réfugiés vivant in situ sous des tentes et quelques structures rigides mises à disposition par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés l’UNHCR. Face à l’ampleur du mouvement, Hubert Auer, membre de Pompiers solidaires de la délégation Provence tient à souligner qu’ « un autre camp a vu le jour à la frontière jordano-irakienne afin de résorber le flux toujours plus important de réfugiés ». Sur place, une équipe composée de 4 sages-femmes et de 2 médecins gynécologues obstétriciens, réalise sous une tente jusqu’à 10 accouchements par jour, des consultations, un suivi de grossesse et la transmission médicale et ce « 24 heures sur 24 ». Les logisticiens de Pompiers solidaires, avec l’appui de l’Armée de terre et la Légion Étrangère qui assurent la sécurité de la partie française, ont contribué au bon déroulement de cette mission. Dans le camp on retrouve également un hôpital militaire marocain « qui reçoit, entre autres, les patientes qui présentent des accouchements à risques ». La mission de Pompiers Solidaires comprend plusieurs volets notamment « une aide à l’organisation qui s’occupe de l’approvisionnement en eau potable du camp, la logistique de Gynécologie sans frontières, pour une prise en charge des femmes enceintes dans les meilleures conditions. »
« Ces personnes acceptent mal cette situation, surtout celle d’être assistées »
Au sein du camp, la tension est quotidienne. « C’est extrêmement tendu. C’est palpable quand vous vous déplacez dans le camp. On retrouve une majorité de femmes et d’enfants car les hommes pour la plupart sont restés en Syrie pour poursuivre les combats. Ces personnes acceptent mal cette situation, surtout celle d’être assistées. Par ailleurs, cette promiscuité, 100 000 personnes sur 5 km², génère des conflits. » Et puis, il y a des moments forts, des naissances, la vie qui s’impose dans le chaos. Mais aussi la souffrance, la perte d’êtres chers. « Un enfant vient de naître. La grand mère me montre sur son portable la photo de son fils, le papa, qui vient d’être tué. Je la prends en photo avec le nouveau-né. Elle m’embrasse, me remercie. Moment de partage et d’émotions.»
Autour du camp des barbelés, des mitrailleuses. Des enfants jouent, « les femmes drapées dans des tenues couleur sable, semblent sorties d’un autre temps ». Pourtant, cet univers de tentes et de barbelés semble prendre un nouveau virage. « Au vu de la situation en Syrie, conflit endémique, ce camp qui devait être provisoire est en train de s’installer. Les réfugiés vont être placés dans des structures en dur, des réseaux d’assainissement vont être construits, ainsi qu’un réseau de distribution d’eau potable.Une ville est en train de se construire. Les réfugiés prennent leur marque. Ils construisent même des commerces à l’intérieur du camp pour subvenir à leurs besoins. » Hubert Auer évoque également l’accident dramatique auquel l’équipe a été confrontée au cours de cette mission. « Une toile de tente a brûlé et 4 enfants sont morts ».
» On n’évitera pas tous les drames mais on peut essayer de soulager cette population »
De fait, Pompiers solidaires, à l’instar de ce qu’ils ont mis en place à Madagascar ou au Pérou, ont déposé un projet auprès des Nations Unies « pour de l’éducation préventive. On n’évitera pas tous les drames mais on peut essayer de soulager cette population. » Les équipes de Pompiers solidaires se succéderont dans ce camp jusqu’à la fin 2013 à raison d’un départ toutes les trois semaines. Des projets de coopérations avec les autorités en place sont à l’étude « afin de pérenniser notre action auprès des populations présentes sur le camp ».
Patricia MAILLE-CAIRE
Plus d’info: www.pompiers-solidaires.org
Reportage en images (Photos Pompiers solidaires)
Les missions de Pompiers solidaires
. Accompagner les acteurs de la protection civile, les partenaires institutionnels privés ou publics dans l’exécution et la préparation de leurs missions (protection des personnes, des biens et de l’environnement, prévention et gestion des risques d’incendies, secours aux victimes, prévention et gestion de catastrophes, crises, etc.).
En relation avec les acteurs locaux, Pompiers solidaires évaluent la situation et proposent des actions de formation, d’apport de matériel ou toute autre solution visant à développer, créer ou consolider ces entités de protection civile.
. Aider à réduire les inégalités par l’éducation, la prévention et la gestion des risques, l’accès aux ressources de première nécessité (eau potable, alimentation, hygiène, latrines, santé, etc.).
. Dans le domaine de la coopération au développement Pompiers solidaires met à profit leurs compétences spécifiques. Leurs prestations consistent en services, assistance, éducation et soutien.
. Leurs actions visent à faire du citoyen un acteur majeur de protection. Cela se traduit par des actions de sensibilisation, l’accompagnement des acteurs des collectivités locales, des actions d’éducation tout public.
. Intervenir suite à des situations de crise pour une aide aux populations sinistrées (catastrophes naturelles ou technologiques, conflits, exodes de populations).
