Publié le 17 janvier 2015 à 22h15 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h36
Le théâtre de l’Odéon de Marseille accueille ce mardi 20 janvier à 20h30 « La Contrebasse » interprétée par Clovis Cornillac sur un texte de Patrick Süskind, .
L’instrument le plus grand, le plus gros, le plus grave de tout l’orchestre est aussi le plus puissant, le plus beau, le plus indispensable, dit d’abord le contrebassiste. Mais bientôt l’éloge pompeux de cette encombrante compagne qui occupe toute sa vie laisse transparaître les frustrations et les rancœurs du musicien et de l’homme. Peu à peu, il la dénigre, il l’insulte, il la maudit, il se révolte, il devient fou… La Contrebasse révèle la face cachée de la vie d’artiste. Une vie faite de hauts et de bas qu’il faut savoir maîtriser. C’est aujourd’hui Clovis Cornillac qui relève le défi de jouer, seul, cette pièce et qui incarne une solitude extrême, exemplaire, métaphysique. Succédant ainsi à Jacques Villeret, il parvient à nous faire rire aux larmes.
Distribution
Une pièce de Patrick Süskind avec Clovis Cornillac
-Mise en scène Daniel Benoin
-Décor Jean-Pierre Laporte
-Lumières Daniel Benoin
-Costumes Nathalie Bérard-Benoin
-Vidéo Paulo Correia
-Assistante à la mise en scène Sarah Vernette
-Avec les conseils de Philippe Noharet, contrebassiste à l’Opéra de Paris
Bande son
Pour illustrer ses propos, le personnage fait passer plusieurs extraits d’œuvres classiques: Symphonie n°2 de Johannes Brahms ; Prélude de La Walkyrie de Richard Wagner ; Concerto en mi majeur pour contrebasse de Karl Ditters von Dittersdorf ; Ouverture de Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart ; Air de Dora Bella de Cosi fan tutte de Wolfgang Amadeus Mozart ; La Truite de Franz Schubert
Le personnage fait également référence à de nombreux autres œuvres et compositeurs, notamment les compositeurs et contrebassistes Johan Matthias Sperger, Domenico Dragonetti, Giovanni Bottesini, etc.
Extraits
«De l’amour à la haine il y a ma contrebasse… L’instrument n’est pas précisément maniable. Une contrebasse, c’est plutôt, comment dire, un embarras qu’un instrument. Vous ne pouvez guère la porter, il faut la traîner, et si vous la faites tomber, elle est cassée. Dans un appartement, elle se trouve sans cesse sur votre chemin. Elle est plantée là… avec un air si bête, vous voyez… mais pas comme un piano. Un piano, vous pouvez le fermer et le laisser là où il est. Elle, non. Elle est toujours plantée là… tout est de sa faute, je l’aime tellement. Je suis un fonctionnaire de 35 ans, mais pas n’importe lequel, je suis contrebassiste à l’Orchestre National, amoureux transparent d’une soprano et inconditionnel de Schubert. »
(… ) «Vous avez entendu, là…? Ça va y être… Là ! Vous entendez ça ? Là, maintenant, vous entendez ? Ça va revenir une seconde fois, le même passage, attendez. Là ! Là ! Vous entendez ? Les basses, les contrebasses… C’est moi, enfin c’est nous. Mes collègues et moi, Orchestre National. La deuxième de Brahms. Impressionnant, hein ? » (Il relève le bras de la platine, la musique s’arrête.) «On était six. Effectif moyen, vitesse de croisière, au total on est huit. Des fois, on nous envoie du renfort et on se retrouve à dix. Même douze, ça s’est déjà vu. Alors là, j’aime autant vous dire que ça fait du bruit. Beaucoup de bruit, parce que douze contrebasses, si elles veulent vraiment s’y mettre, vous ne pouvez pas leur damer le pion, même avec l’orchestre au grand complet. Ne serait-ce qu’en décibels, les autres n’ont plus qu’à aller se rhabiller. Seulement, si on n’est pas là, rien ne va plus. Il y a déséquilibre. N’importe quel musicien un peu honnête vous le dira : un orchestre peut à la rigueur se passer de son chef, jamais de la contrebasse.»
Info et réservations: Odéon