Théâtre de l’Odéon de Marseille & Centre dramatique national d’Orléans.  « Les gros patinent bien»:  délirant et génial

« Donnez une boîte en carton à un enfant, il en fera forcément quelque chose : la transformera en cabane pour sa peluche, la découpera pour se fabriquer une épée, la décorera ou écrira dessus avec des feutres, etc. Bref il s’inventera des histoires.» C’est à notre âme d’enfant qu’Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois font appel en créant un cabaret de carton aussi foutraque que son titre : « Les Gros patinent bien ».

Destimed Les gros patinent bien © Fabienne Rappenneau 1
Une délirante épopée de cartons. Photo Fabienne Rappeneau

«Une folie digne des Monty Python », écrivait Sandrine Blanchard dans « Le Monde ». On ne saurait mieux résumer la teneur de ce spectacle à découvrir jusqu’au dimanche 24 mars au théâtre de l’Odéon de Marseille puis au Centre dramatique national d’Orléans du 2 au 6 avril. Sur le plateau des cartons amoncelés portant des inscriptions de toutes sortes. Un homme torse nu et en slip s’emploie à renseigner le public… affichant : « Ça commence dans 15 minutes… 10 minutes… 5 minutes maintenant. » Nous est dévoilée alors la silhouette d’un bonhomme assis « parlant une langue qui ressemble à de l’anglais mais qui n’est pas de l’anglais», nous précise-t-on. Un dialecte inconnu chargé de vociférations multiples que l’on soupçonne d’avoir été inventé par ses soins. Le voyage peut alors commencer.

Traversée de l’Europe d’un homme qui ne bouge pas

Il s’agit d’une épopée épique à travers l’Europe et les siècles d’un homme victime de la malédiction d’une sirène pêchée par mégarde. Quittant les plaines du Grand Nord dans un road trip effréné, il s’évade en patins, à trottinette, en avion cartonné, découvre l’Écosse, traverse l’océan, des îles Féroé jusqu’en Espagne, croisant un pilote nazi, une señorita lascive, et assassinant quelques joueurs de cornemuse au passage, mais cherchant l’amour encore et toujours. Le tout sans sortir de sa chambre en étant immobile tandis que s’agite notre bonhomme torse nu placé derrière lui ou à côté brandissant pour le public des cartons où sont écrits ce qui se passe.

Irrésistible, « Les gros patinent bien » écrit par Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois tous deux jouant en alternance avec Grégoire Lagrange et Pierre Bénézit mêle arts du cirque et du clown, comédie burlesque et hymne à la folie créatrice. C’est toujours drôle avec une tension permanente, et même si cela semble parfois faiblir un peu avant l’épilogue hilarant, et en dépit d’un peu de vulgarité inutile au centre du spectacle on saluera l’inventivité, l’originalité et le jeu exceptionnel des deux comédiens. « Les gros patinent bien », et nous on se marre… et on en redemande. Il est à noter que nos deux acolytes donneront au CADO d’Orléans du 4 au 14 avril  « Bigre » un mélo burlesque qu’ils ont écrit et qu’ils joueront avec des comédiennes hilarantes elles aussi. «Bigre» c’est gaffes à tous les étages. Et là aussi on rit à s’en décrocher la mâchoire.

Jean-Rémi BARLAND

 

«Les gros patinent bien » au Théâtre de l’Odéon  – 162 la Canebière –  13001 Marseille. Dans le cadre de la programmation Théâtre du Gymnase hors les murs. Vendredi et samedi 22 et 23 mars à 20heures . Dimanche 24 mars à 15h. Plus d’info et réservations : odeon.marseille.fr

« Les gros patinent bien »  au Centre dramatique National d’Orléans/Centre-Val de Loire – boulevard  Pierre Ségelle – 45 000 Orléans. Mardi 2 avril, jeudi 4 avril et vendredi 5 avril à 20h30. Mercredi 3 avril à 19h30. Samedi 6 avril à 18h. Plus d’info et réservations cdn-orleans.com

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