Fabien Perez, conseiller municipal en charge des financements européens vient de présenter dans le cadre du think tank « Écologie des solutions » dont il est l’initiateur avec Christophe Madrolle, les 100 villes européennes neutres en carbone en 2030, programme dont Marseille fait partie. Avec un budget de 360 M€ du programme Horizon Europe (2022-2023) la mission a pour objectif d’atteindre 100 villes climatiquement neutres et intelligentes en Europe en 2030 et faire en sorte que ces villes servent de pôle d’expérimentation et d’innovation pour permettre à toutes les villes européennes de suivre le mouvement d’ici à 2050.

Concernant la candidature de la ville de Marseille, l’élu insiste: «Nous mesurions à quel point il s’agissait d’une gageure tant nous savions être en queue de peloton sur ce dossier. Mais, en fait, notre candidature a été bien reçue par Bruxelles car il était important pour la Commission de ne pas prendre que des villes en pointe en ce domaine. » «Ce programme, ajoute-t-il, a été lancé parce que l’Europe s’est engagée à réduire de 50% ses rejets de gaz à effet de serre en 2050. » En lançant ce programme, poursuit-il: «L’Europe mettait en avant que les villes ne représentent que 4 % de la superficie terrestre de l’UE, mais elles abritent 75 % des citoyens de l’UE. En outre, les villes consomment plus de 65 % de l’énergie mondiale et représentent plus de 70 % des émissions mondiales de CO2. En Europe, on estime qu’en 2050, près de 85 % des Européens vivront dans des zones Mission “Villes neutres pour le climat et intelligentes”». C’est la raison pour laquelle l’urgence climatique actuelle doit être traitée « dans les villes et par leurs citoyens». « Et , pour passer au concret, la Commission a décidé de choisir 100 villes pour mesurer la faisabilité du projet», indique Fabien Perez qui précise : « Nous travaillons avec la Commission européenne et 200 acteurs économiques de la Ville, de la métropole, du département et de la région sachant que 70% des actions de décarbonation relève de la métropole. »
Il annonce que 30 projets phares ont été votés en conseil municipal . « Ainsi, en 2023 nous avons fait partie des 9 villes françaises sélectionnées et, en 2024, nous avons été la première ville, avec Lyon, à avoir obtenu le label». Après avoir été la première ville française à déposer un Contrat Ville Climat à la Commission européenne, Marseille et Lyon, font partie des 23 première villes d’Europe à obtenir officiellement le label Climate Neutral and Smart Cities. « Cette récompense a été attribuée à la suite de l’analyse du Contrat Ville Climat. »
« 1 million d’espèces animales et végétales sont menacées de disparition »
Fabien Perez précise : « Chacune des 100 villes pionnières qui acceptent la mission de devenir climatiquement neutre d’ici à 2030 doivent signer un «Climate City Contract», un contrat pour le climat adapté aux réalités de chaque ville et mis au point dans le cadre d’un processus de co-création permettant de faire entendre les différentes voix à tous les niveaux. » La transformation de la ville s’appuie ainsi sur une double dynamique : une de coopération institutionnelle accélérant les politiques publiques sectorielles de décarbonation du territoire. Dynamique associant les habitants, la société civile pour nourrir le projet et susciter leur adhésion et leur inclusion. Puis l’élu de souligner l’importance de ce dispositif : « A un moment compliqué où on prend du retard sur la lutte contre le réchauffement climatique et pour la biodiversité sachant que 1 million d’espèces animales et végétales sont menacées de disparition. 75% des surfaces terrestres sont altérées et 75% de notre agriculture dépend de notre écosystème qui se dégrade.» Face à cette situation Fabien Perez considère : «On ne pourra pas limiter le dérèglement climatique avec les seules innovations technologiques même s’il y a des avancées. Il faut aussi un changement de comportement.» Pour lui, il importe de sortir de la surconsommation : « Il faut savoir qu’une maison française comptait une centaine d’objets pour 10 000 aujourd’hui.» Il déplore également que, dans bien des pays, la lutte contre le changement climatique ne soit plus une priorité. «Un recul qui s’appuie sur une avancée des climatosceptiques qui représentent aujourd’hui 40% des Français.» Il concède également : «Il y a des points positifs. On travaille par exemple sur le potentiel de la mer en développant un réseau qui emmène une eau à 12 degrés, qui permet de rafraîchir l’été et de réchauffer l’hiver. On va étendre deux réseaux et en créer car on vise les 50 000 logements bénéficiant de ce dispositif en 2030 et nous allons lancer une délégation de service public pour les 15/16 ».
« 38% des gaz à effet de serre proviennent des transports »
Fabien Perez aborde ensuite le point noir marseillais : les transports. « 38% des gaz à effet de serre proviennent des transports. A Marseille 80% des trajets de moins de 7 kilomètre se font en voiture. Il faut développer les transports en commun, accélérer le plan vélo métropolitain, apaiser l’espace public, sécuriser les financements des tramways et du BHNS, développer le covoiturage. On développera aussi la desserte en transport en commun des parkings relais. La piétonisation est aussi un enjeu et une attente. Il faut en effet savoir que, entre 30 et 40 000 personnes viennent sur la Corniche à l’occasion de “la Voie est libre”».
En matière de bâtiments Fabien Perez met en exergue l’importance du travail à accomplir : « On compte dans la ville 40 000 logements indignes et 100 000 passoires thermiques. L’Europe, face à l’ampleur de la tâche, nous aide pour 8 000 rénovations/an de logements dont les propriétaires n’ont pas les moyens de faire les travaux. Nous rénovons d’autre part l’ensemble du patrimoine de la ville. » Il tient à préciser : « Nous savons dans quelle ville nous sommes, avec un taux de chômage de 9,3% au 2e trimestre 2024. Et, à Marseille 201 069 personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Notre action prend en compte ces questions, le contrat prévoit une réduction du taux de pauvreté. Elle va rendre la qualité de vie non seulement meilleure mais aussi moins chère. Par exemple, nous avons un projet, qui va être lancé en 2026 visant à raccorder entre 10 000 et 15 000 logements à un réseau de chaleur. Cela va réduire les gaz à effet de serre, sera plus efficace en termes d’énergie et de garantie de coût dans un marché hyper fluctuant. »
Aïcha Sif, adjointe au maire de Marseille en charge de l’agriculture urbaine, l’alimentation durable, la protection des terres agricoles, ajoute: « Le contrat prévoit aussi un développement de l’agriculture urbaine. Nous travaillons avec la métropole pour récupérer et protéger des hectares. Et le retour de l’agriculture a commencé, on fait sauter des blocages sur le PLUi. On voit une vraie volonté de la part des élus et des propriétaires privés de développer les espaces végétalisés. »
Michel CAIRE
La prochaine rencontre du Think tank Écologie des Solutions co-présidé par Christophe Madrolle, conseiller régional, Président Commission Biodiversité, mer et littoral, Parcs Naturels Régionaux, Risques et Fabien Perez, conseiller municipal de Marseille, chargé des Financements Européens, organisée en partenariat avec Destimed se tiendra ce jeudi 13 mars à 19h. Cette rencontre sera l’occasion de débattre avec Yannick Ohanessian, adjoint au maire de Marseille en charge de la tranquillité publique, de la prévention, du Bataillon de Marins-Pompiers et de la sécurité et Rudy Manna, Porte parole du Syndicat Alliance Police. Cette rencontre aura lieu à La Coque – Parking Q-Park Marseille Espercieux – Rue des Docks 13002 Marseille – Métro Arrêt Joliette – T2&T3 : Arrêt Euroméditerranée Gantès.