Publié le 8 novembre 2019 à 8h41 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h24
Et revoilà Thomas Fersen. En tournée avec escales dans la région, et par le biais d’un nouvel album. Un opus joyeux, festif, déjanté, extrêmement bien écrit, savamment orchestré qui signale, si besoin est, la fantaisie du bonhomme, son goût pour les personnages décalés et sa puissance à raconter des histoires, larges, amples, comme le ferait un romancier. D’ailleurs beaucoup d’écrivains louent son travail, et pas des moindres, dont Daniel Pennac. Intitulé «C’est tout ce qui me reste» cet album 2019 du plus génial farfelu de la chanson française, mélodiste et parolier hors pair depuis 1993 porte sa griffe. On le prétend chaud lapin ! Qu’à cela ne tienne…il en a enfilé la peau, et sur la pochette il y apparait revêtu d’un habit de lapin blanc. Et de décliner lui qui aime tant les albums-concepts (une fois les valises, une autre fois les loups-garous), toutes les formes d’humour autour des lapineries ou lapinades…Ses narrateurs s’en donnant à cœur joie, on croise successivement un élève de troisième tentant sa chance auprès d’une terminale («Les vieilles»), l’invite à passer chez lui pour faire des maths («Mes parents sont pas là»), mais qui refusera obstinément avec fièvre de se dévêtir de son slip malgré l’insistance de la jeune fille. Puis une milliardaire s’éprenant de lui («Le vrai problème»), Thomas va passer l’été tout seul avec son bourdon. («Envie de ne rien faire»), et se souvient dans son bain que sa mère avait toujours peur qu’il tombe dans les eaux troubles («La mare»). Puis subjugué par l’intelligence de deux singes qui s’épouillent («Mange mes poux»), il va voir « King Kong» au Grand Rex. Poursuivi par cinq zombies qui ne retrouvent pas leurs trous au cimetière, une nuit de pleine lune, il gagne le million à la roue de la fortune («Les zombies du cimetière », et finit son périple en évoquant un chat et ses chaussures («Richelieus»). Lui qui avait raconté dans «Le chat botté», comment il travaillait en tant que vendeur de bottines dans une boutique pour une jeune fille croisée avec délices, lui qui signalait autrefois qu’il allait lentement car il n’a que «Deux pieds», le voilà se déployant au son du sax d’Adrien Soleiman, des guitares, du banjo, du sitar de Pierre Sangra, du synthétiseur Moog d’Augustin Parsy, de l’accordéon de Alessandro Barcelona, et de la batterie de Rémy Kaprielan, tous des potes musiciens. Lui-même se réservant ukulélé, guitares, arrangements, synthétiseurs, harmonies vocales, Thomas Fersen signe également la réalisation de l’album mixé par Florian Monchatre. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul précisons que Thomas Fersen sera à l’Usine d’ Istres le 7 décembre et au Théâtre Comœdia d’Aubagne le 23 janvier 2020. Loin de s’afficher comme un chanteur déroulant son album de manière plate, Thomas Fersen surprend et envoûte. Son nouveau récital sera, comme les précédents, inventif et plein de trouvailles visuelles. Un régal à déguster sans modération. Chaud lapin…le Thomas ? Fin limier des mots et des notes en tout cas.
Jean-Rémi BARLAND
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Thomas Fersen : «C’est tout ce qui me reste» (CD Éditions Bucéphale). En concert à l’Usine d’Istres le 7 décembre 2019 à 21heures. RN 569 – Route de Fos, 13800 Istres – téléphone 04 42 56 02 21 et au Théâtre Comœdia d’Aubagne le 23 janvier 2020 à 20h30. (13 Cours Maréchal Foch, 13400 Aubagne. Téléphone 04 42 18 19 88). |