Publié le 28 juin 2016 à 23h36 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h27
«La première conséquence immédiate du Brexit dans les échanges entre les pays européens et le Royaume-Uni concerne la dévaluation de la livre sterling de 10 % dans la nuit du 23 au 24 juin», explique Renaud Muselier, député européen LR, Premier vice-président de la région Paca, président du Comité Régional du Tourisme (CRT). Un vote qui aura un impact sur la France lorsque l’on sait que : «En 2015, la France a accueilli près de 12 millions de touristes britanniques soit 14% des arrivées internationales et 80 millions de nuitées, soit la 2e clientèle internationale après l’Allemagne». Et, concernant la région Paca : «La clientèle britannique occupe la première place des clientèles internationales et représente 830 000 séjours touristiques et 7,2 millions de nuitées pour une durée de séjour de 8 jours et une consommation touristique de 800 millions d’euros. Une baisse de 10 à 15% de leur pouvoir d’achat va forcément avoir des conséquences». Toutefois, précise-t-il: «Il est difficile d’évaluer à ce stade l’impact précis sur l’économie régionale tant au niveau de la fréquentation, des chiffres d’affaires que des emplois. Le suivi des réservations de la clientèle britannique dans les hébergements de la région pour les prochaines semaines devrait permettre de connaître la tendance».
Ce qui est sûr pour le député européen : «Il faut que les Britanniques partent, ils ont voté pour cela. Personne n’a menti, maintenant le résultat est là, le Royaume-Uni est sur le point d’exploser. Et les fonctionnaires britanniques ne peuvent pas rester en fonction pour préparer leur propre sortie, s’ils ne partent c’est l’Europe qui va mourir». «Le mariage, poursuit-il, a plutôt bien fonctionné. Maintenant il y a divorce. Parfois, on ne peut plus vivre ensemble dans la même maison, il faut se séparer, vite, pour que la situation ne s’aggrave pas. On peut ne plus s’entendre, on peut se séparer sans se fâcher».
«A l’annonce du Brexit, l’action d’Easyjet a perdu -20% ainsi que celle de British Airways, celle de Ryanair -15%»
Souligne qu’à l’annonce du Brexit «l’action d’Easyjet a perdu -20% ainsi que celle de British Airways, celle de Ryanair -15%. Les compagnies lowcost pourraient perdre techniquement le droit de pouvoir opérer des liaisons entre différents pays membres de l’Union Européenne ce qui se traduirait par la perte d’un nombre massif de lignes puisqu’elles ne seraient plus autorisées». Il en vient à la liberté de déplacement des ressortissants britanniques au sein des autres pays de l’Union européenne : «Elle pourrait être remise en cause. Les britanniques devront, selon les modalités négociées avec l’UE, être munis d’un visa pour quitter leur pays ce qui risque de compliquer leurs déplacements». Considérant : «Pour compenser cette probable perte de touristes nous devons nous appuyer sur nos clientèles de proximité comme l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse qui représentent plus de 50% de nos visiteurs étrangers».
Le monde du tourisme entend donc anticiper, il s’appuie pour cela sur une saison estivale qui s’annonce sous de bons auspices, ainsi 69% des professionnels du tourisme sont satisfaits du démarrage de la saison et optimistes pour les mois de juillet-août. «Cela malgré une situation économique difficile, on part moins loin et moins longtemps. Les attentats de Paris et ceux de Bruxelles freinent les réservations de certaines clientèles internationales, notamment les États-Unis et le Japon. Et les mouvements sociaux inquiètent dans de nombreux pays», commente-t-il. Mais l’impact Euro est là et bien «On attend 180 millions de retombées pour Marseille, 81 millions pour Nice». Et, et été «plus de 4 millions de Français réaliseront au moins un séjour dans la Région. Mais, ils seront moins nombreux à partir en vacances cet année: 27,6 millions, soit 1,3 millions de moins qu’en 2015 selon le cabinet Protourisme». Pour ce début de saison, 66% de la clientèle des professionnels de la région est française. Les trois principales régions de provenance sont Provence-Alpes-Côte d’Azur (61%), l’Ile-de-France (59%), Rhône-Alpes (44%). Et le président du CRT de se réjouir : «Sur les 10 villes françaises préférées des européens, 6 d’entre elles sont en Provence-Alpes-Côte d’Azur : Nice, Cannes, Antibes, Marseille, Saint-Tropez et Sainte-Maxime». avant de signaler qu’en 2015 le Var a accueilli 31% des touristes, les Alpes-Maritimes 25% et les Bouches-du-Rhône 19%. A eux trois ils représentent ¾ des nuitées.
«A partir du 1er août 2016 Airbnb a décidé de collecter la taxe de séjour dans 20 villes françaises»
Renaud Muselier n’omet pas d’évoquer la question du développement des plateformes de location en ligne. «Cela constitue une nouvelle offre d’hébergement en plein essor dont les impacts se font ressentir de plus en plus sur la clientèle touristique mais aussi auprès des professionnels de l’hébergement. Les offres des principaux opérateurs Airbnb, Home Away sont estimées à 40 000 hébergements sur le marché dans la région». «A partir du 1er août 2016, annonce-t-il, Airbnb a décidé de collecter la taxe de séjour dans 20 villes françaises dont Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Antibes, Cannes et Nice».
En conclusion, il est constaté des écarts de fréquentation et de réservations grandissant entre les acteurs. Les marques fortes et les hébergements les plus qualitatifs n’ont enregistré qu’une diminution légère sur les 5 premiers mois de l’année et s’attendent à une progression pour l’été. A l’inverse, les indépendants et les hébergements « entrée » et « moyen » de gamme subissent une baisse conséquente de leur fréquentation ou de leurs prix moyens. Par ailleurs les Hautes-Alpes semblent les plus affectées par la baisse sur l’ensemble de l’année, alors que les perspectives se révèlent plutôt positives pour les Alpes-de-Haute Provence. A la mi-juin, les perspectives sont plutôt en recul par rapport à la très bonne saison 2015 mais la région semble mieux résister que la moyenne nationale, notamment pour les hébergements collectifs, les villages de vacances et l’hôtellerie de plein air. «La Région prend en compte ces évolutions, raison pour laquelle elle entend développer la formation pour favoriser un meilleur accueil et développe une politique en faveur de la montagne», indique Renaud Muselier
Michel CAIRE