Trans-Massilia : de l’innovation au cœur de la terre

Publié le 25 novembre 2019 à  21h02 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h27

Ce 26 novembre à la Coque de Marseille, les acteurs de l’économie sociale et solidaire se réunissent à l’occasion d’un événement de promotion du secteur nommé Innov’ess. Parmi les intervenants, Franck Maillé, président de la Scop Trans-Massilia, témoignera de sa volonté d’innover dans son cœur d’activité en évoquant la nouvelle branche dans laquelle ses coopérateurs et lui-même vont désormais s’investir.

Atelier pour les plus jeunes, jardinière, équipe STM, animation jardinage en entreprise avec Franck Maillé (Photos STM)
Atelier pour les plus jeunes, jardinière, équipe STM, animation jardinage en entreprise avec Franck Maillé (Photos STM)
Non, dans le monde économique, l’innovation n’est pas que technologique ou numérique. Elle peut aussi être sociale, environnementale. Ce cri du cœur, c’est celui de Franck Maillé, dirigeant de l’entreprise Trans-Massilia. Et il entend bien le porter haut, notamment à l’occasion de la première édition d’Innov’ess, une matinée consacrée à la promotion des acteurs de l’économie sociale et solidaire, organisée par l’Union des entreprises sociales (Udes). Ainsi ce 26 novembre à la Coque, de 9 heures à 14 heures, il sera question de présenter des structures se prévalant de l’ESS. Et le secteur ne compte pas pour des prunes en Provence-Alpes-Côte d’Azur : il ne pèse pas moins de 162 964 salariés, 10% de l’emploi du territoire et 16 834 établissements. Plus concrètement, il s’agira surtout d’aborder les défis locaux auxquels ces entreprises sont amenées à répondre, qualité de vie et sens au travail, modernisation des métiers et des secteurs, transition numérique et écologique… et quelles sont leurs solutions. Optant d’emblée, à la création de sa structure voilà 28 ans, pour le modèle de la Scop (Société coopérative et participative), Franck Maillé sait ce qu’entrepreneuriat social veut dire. Membre du conseil d’administration Des Scop, il ne tarit pas de mots sur les vertus du statut en question, qui, pour mémoire, permet à chaque salarié de compter pour une part dans le capital. «Cela signifie donc plus de motivation, plus d’implication de chacun… ». Ainsi on le sait, tous les coopérateurs partagent cette volonté de porter l’entreprise. «Autre avantage, une Scop c’est aussi des emplois non délocalisables».

Valorisation des biodéchets dès 2020

Au sein de Trans-Massilia, ces salariés sont pour l’heure au nombre de huit. Un effectif qui devrait s’enrichir en 2020 de deux collaborateurs supplémentaires, ce pour faire face à la nouvelle activité que l’entreprise provençale est en train de mettre sur pied. En effet, après s’être positionnée, il y a quelque deux décennies, sur les déménagements professionnels, la structure a envisagé de nouveaux leviers de croissance. Ce fut tout d’abord la gestion des archives, puis la collecte multi-déchets… avant de pousser plus loin le cercle vertueux. Car elle lance à présent l’offensive sur un quatrième pilier nommé « Massilia Jardin & compost ». L’idée : collecter les biodéchets des restaurateurs et plus largement, œuvrer à la végétalisation comestibles des entreprises et des collectivités, ce que l’on nomme « garden corporate ». Et c’est justement le fond de cette nouvelle activité que Franck Maillé se propose de dévoiler le 26 novembre prochain, à l’occasion d’Innov’ess. «Pour l’heure, nous sommes en phase projet. Au préalable, une étude de faisabilité, à laquelle l’Ademe a participé à hauteur de 50%, a été réalisée par l’ingénieur agronome Madeline Carlin. Elle vient de nous restituer les résultats». Et entre autres données, une cinquantaine de restaurateurs sur 81 seraient partants pour l’aventure et souhaiteraient voir leurs biodéchets collectés et valorisés. Il faut dire qu’à terme, ils seront obligés de le faire, sous l’effet de la loi de transition énergétique. Effective en 2025, elle contraindra tous publics, non seulement professionnels, mais aussi particuliers, à traiter leurs biodéchets. « La Métropole l’anticipe déjà, avec le lancement d’un appel à projet pour des missions d’animation, afin de sensibiliser le public à ces questions. Nous y postulons avec Trans-Massilia… » Ainsi l’entreprise devance-t-elle le sens d’une marche qui sera ancrée dans le marbre pour tous d’ici 5 ans.

Des premières animations en agroécologie

Pour ce faire, «deux collaborateurs ont été formés comme maîtres composteurs. Une troisième a suivi une formation d’agroécologie chez Terre et humanisme, association créée par Pierre Rabhi». Et c’est maintenant que cette nouvelle activité va entrer dans le concret, par le biais d’une première phase expérimentale. Elle sera menée au sein de la ferme urbaine « Terre de Mars », sise dans les quartiers Nord de Marseille. «C’est sur leur site que nous avons aménagé la plateforme expérimentale de compost des restaurateurs». Donc l’idée, maintenant, c’est de coordonner, réunir ensemble ces parties prenantes, restaurateurs, maraîcher, partenaires… pour que se mette en place cette fameuse boucle vertueuse. Puisqu’une fois valorisé en compost, ces biodéchets permettront d’amender la terre et de produire fruits, légumes et autres herbes aromatiques… «Et les restaurateurs pourront se fournir chez Terre de Mars, sur la base de tarifs préférentiels». Autre levier de croissance, donc, le lancement du « corporate garden » qui est quant à lui effectif. «Nous travaillons déjà avec la Société Marseillaise de Crédit (client historique de l’entreprise, NDLR) sur des animations jardinage, le mardi entre midi et deux, nous avons installé des composteurs pour les déchets de cantine sur les lieux». Trans-Massilia œuvre aussi auprès de l’acteur du logement social 3F Sud. «Durant tout l’été, nous avons réalisé des animations en agroécologie pour sensibiliser les enfants. Nous poursuivons les animations de potager pour les habitants du Moulin du Mai et nous réalisons le vernissage ce mercredi 27 novembre à 10h30 avec l’association Arts et développements». La Scop compte par ailleurs des pistes avec d’autres sociétés. A savoir qu’il est possible d’aménager des potagers en carré quelle que soit la configuration des lieux. «Le seul impératif, c’est la lumière. Nous les installons à hauteur d’homme ». Et les bienfaits de cette reconnexion au vivant, à la nature sont prouvés : en entreprise, elle permettrait de réduire de 10% l’absentéisme… Tout cela, avec la restauration du lien social en prime. Cerise sur le gâteau, cette autre boucle vertueuse créerait là encore toute une chaîne de valeurs, des partenariats avec des entreprises de l’ESS. « Nous travaillons avec des paysagistes pour la taille des arbres, notamment des oliviers, avec un atelier bois partagé du nom de Share-Wood pour la fabrication des jardinières ». Bref, c’est tout un écosystème qui peut profiter de ces rapports win-win. Puisqu’il y a tout à gagner à recréer la nature dans un monde urbain.
Carole PAYRAU
Plus d’info pour ce 26 novembre à la Coque de Marseille: UDES

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