Publié le 19 septembre 2013 à 11h38 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h19
Dans le cadre de la Semaine de la Mobilité européenne, la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM) a organisé ce mercredi, en partenariat avec le collectif Vélos en Ville, une Journée de la Mobilité, qui s’est tenue en son siège institutionnel du Pharo à Marseille. Une session de travail, de réflexion et de débat qui a permis au président Eugène Caselli (PS) de dresser un tour d’horizon de la politique volontariste mise en œuvre par la collectivité en faveur des modes doux de transports.
« Il faudra du temps pour que Marseille devienne… la nouvelle Amsterdam ! Mais si on est parti de loin, je vous prie de croire qu’aujourd’hui, nous appuyons sur les pédales pour refaire le retard ! » : l’image est signée Eugène Caselli (PS), président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM), qui a profité de la tenue de la Journée de la Mobilité, ce mercredi 18 septembre au siège institutionnel de la collectivité, au Pharo à Marseille, pour présenter un panorama des différentes actions engagées par la communauté urbaine afin de « mener une politique de plus en plus résolue en faveur des modes doux et des modalités alternatives » de transport. MPM souhaite ainsi « constituer et proposer » une nouvelle « chaîne de déplacements » dont le vélo est « le maillon de base ».
Lors de cette journée de travail, de réflexion et de débat, rythmée par des tables rondes sur « Les obstacles au développement du vélo », « Accessibilité et piétons » et « Les nouveaux outils et équipements de la mobilité », Eugène Caselli a rappelé que le but de cette politique volontariste en faveur des modes doux est « de créer et de conserver les conditions d’une meilleure qualité de vie » pour les habitants des dix-huit communes de la communauté urbaine. « Meilleure qualité de l’air que l’on respire, c’est essentiel. Meilleure qualité de l’offre de transports en commun et de moyens de déplacements, tous alternatifs à l’usage de la voiture personnelle, afin d’apaiser le paysage urbain grâce à un trafic sensiblement allégé, et afin de faciliter les liaisons interurbaines, de manière à ce que l’on consacre moins de temps et d’énervement à les effectuer », souligne le président de la communauté urbaine.
Un projet « ambitieux » qui s’inscrit au cœur du Plan climat énergie, qui prévoit que d’ici 2020, sur son patrimoine et ses services, MPM réduise de 19% ses émissions de gaz à effet de serre, de 30% ses consommations énergétiques et parvienne à 40% d’énergies renouvelables dans ses consommations énergétiques, et du Plan de déplacements urbains (PDU) dont s’est dotée la communauté urbaine au début de l’été. « Ce sont de véritables documents de planification, rappelle Eugène Caselli. Ils fixent l’objectif et le terme et ils décrivent les étapes successives qui devront être franchies pour les atteindre. Intégré au PDU, le Schéma directeur des modes doux présente l’architecture du réseau structurant que nous voulons réaliser à l’échelle du territoire dont la communauté urbaine est en charge. » Autant d’objectifs qui ne doivent pas demeurer des vœux pieux puisqu’un Comité de pilotage des modes doux permanent « veillera à l’application de ce Schéma et au suivi des réalisations ». « En termes de budget, puisque l’effort et la volonté se mesurent aussi en euros, les crédits annuels affectés aux modes doux sont d’environ 15 millions », tient à préciser le président de la communauté urbaine.
« De nouveaux espaces s’ouvrent aux vélos »
Le premier volet de ce Schéma porte sur la marche à pied dont la pratique en ville doit être favorisée et sécurisée via l’extension des voies et espaces piétonniers. Et Eugène Caselli de s’appuyer en la matière sur « l’exemple emblématique » du réaménagement du Vieux-Port, « tout de suite adopté par le public ».
Et puis il y a bien sûr le vélo. Certes, comme le rappelle le président de MPM, « Marseille est très vaste. Marseille est bâtie sur des collines. Marseille se caractérise par de nombreuses voies étroites. » Mais malgré ces obstacles à la pratique de la « petite reine », « le dispositif Vélo en libre-service s’étoffe ». « Ce service fonctionne désormais 24 heures sur 24. De nouveaux espaces s’ouvrent aux vélos. Le Vieux-Port aujourd’hui, et bientôt une piste cyclable sur la corniche témoignent de la considération dont le vélo fait aujourd’hui l’objet », souligne Eugène Caselli.
Or, l’effort de la collectivité en la matière ne se limite pas à accorder davantage de place aux vélos : MPM mise aussi sur le « gain de poids et l’adoption de l’assistance électrique » qui « vont permettre d’atténuer le handicap que constitue la topographie marseillaise ». « L’efficacité du maillage de notre territoire suppose également la mise à disposition d’équipements adaptés aux usages, relève le président de la communauté urbaine. D’où notre choix d’implanter des stations multimodales à des emplacements stratégiques comme les pôles d’échanges, les têtes de ligne et partout où leur présence sera opportune » car « qui dit multimodal, dit accessible aux vélos normaux, aux vélos à assistance électrique, aux scooters électriques et aux voitures électriques qui sont appelées à se généraliser ».
Autant d’efforts pour encourager la pratique de la « petite reine » qui sont salués par le collectif Vélos en Ville qui a accepté d’être partenaire de cette Journée de la Mobilité. Pourtant, comme le rappelle Philippe Cahn, président de l’association, qui compte 1 200 adhérents, dont l’objectif est de promouvoir l’usage du vélo dans la cité phocéenne, il est difficile de « faire du vélo à Marseille car c’est trop dangereux » alors qu’il convient de « se rendre compte à quel point se déplacer sans danger peut être agréable ». Il a d’ailleurs existé « des bras de fer juridiques » avec MPM « qu’on aimerait tous éviter ». Mais les deux entités, qui ont choisi de s’inscrire dans une démarche constructive, sont désormais liées par une convention qui porte sur « une vingtaine d’engagements ». « Cette convention pourra être reconduite au bout d’un an selon la réussite d’un dialogue et d’une politique vraiment cyclable dans cette ville », indique Philippe Cahn.
« Il faudra encore faire preuve de beaucoup de pédagogie et de persuasion »
L’effort de MPM en faveur des modes doux porte également sur les transports en commun. Les moteurs électriques contribuant à la qualité de l’air et à la réduction des nuisances sonores, la formule hybride sera au rendez-vous des futurs modèles de bus à haut niveau de service (BHNS). Ils sont progressivement mis en service sur les lignes structurantes, « avec une circulation sur des voies réservées dans toute la mesure du possible et cela n’est pas toujours évident à Marseille », observe Eugène Caselli. Actuellement, MPM et sa régie de transports, la RTM, sont ainsi engagées dans des chantiers en cours qui vont permettre le prolongement du métro jusqu’au pôle d’échanges multimodal de Capitaine-Gèze, le prolongement du tramway jusqu’à Castellane, et la réalisation des lignes de BHNS en direction du Sud et du Nord de la cité phocéenne.
La communauté urbaine œuvre aussi afin de rendre les transports collectifs « accessibles aux personnes qui ont de la peine à se déplacer » et proposer aux usagers « la tarification correspondant le plus à leurs besoins et à leurs moyens, avec un titre qui peut être valide sur la totalité de transports à l’intérieur des limites de la métropole », précise le président de MPM.
Reste enfin le « vrai succès » des navettes maritimes qui ont déjà accueilli 500 000 passagers cette année, 250 000 personnes ayant emprunté chaque ligne en direction de la Pointe Rouge et de l’Estaque. « Ce service a fait ses preuves et il va donc être pérennisé », souligne Eugène Caselli.
Et le président de la communauté urbaine de conclure : « Nous avons la volonté de rattraper le retard accumulé et même, sur l’élan, d’innover dans le domaine des déplacements. Mais il faudra encore faire preuve de beaucoup de pédagogie et de persuasion pour décourager l’utilisation instinctive de la voiture, moins par l’impossibilité physique d’y recourir que par la proposition d’un moyen de transport compétitif au niveau du prix, de la fréquence et de la proximité. C’est la clé de l’alternative. Tel est l’enjeu. Et il est tout à fait essentiel de mener cette évolution absolument nécessaire si l’on veut améliorer les fonctionnalités à l’intérieur de l’espace métropolitain et faire œuvre utile en matière de préservation de l’environnement. »
Serge PAYRAU