Publié le 29 juin 2015 à 15h49 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h18
L’idée est intéressante : entre rêve et réalité deux mondes vont se côtoyer, celui des interprètes d’opéra et celui des héros du genre. Dans cet environnement, l’intrigue est posée, Annina veut tuer Traviata pour prendre sa place sur scène, mais surtout dans le cœur d’Alfredo. Projet contrarié par Roméo, Juliette et Mercutio. Et finalement c’est «papa» Verdi qui viendra mettre un peu d’ordre dans la maisonnée : Traviata mourra, il en a décidé ainsi dans son opéra, mais Violetta, l’humaine cantatrice, vivra… Pour accompagner les rebondissements de l’intrigue, la musique est signée Verdi, bien entendu, mais aussi Lehar, Hahn, Offenbach avec des moments très contemporains, toujours bien intégrés, composés par Christophe Franco. Un vrai exercice de style(s) pour les interprètes et une musique délivrée par la flûte de Danilo De Luca, le violoncelle de Jean-Yves Poirier et le piano de Valérie Florac qui, en jouant Verdi, arrive presque à nous faire oublier qu’il n’y a pas d’orchestre tant son jeu est ample, vivant et coloré. Verdi avait du génie, certes, mais la pianiste a du talent, c’est indéniable.
Sur la scène, la troupe s’amuse pendant deux bonnes heures. A commencer par les impayables Gilen Goicoechea, Mercutio et Angelo Citriniti, Roméo. Comédiens hors-pair, il ont leur place, à coup sûr, dans toute opérette comique. Leur duo du thé du Pays du Sourire restera dans les mémoires comme l’un des moments les plus plaisants de cette représentation. Du grand art. Un grand coup de cœur, ensuite, pour le Germont de Jeong Hyun «James» Han. Quel beau baryton, ligne de chant parfaite et émotion garantie, qui nous tire les frissons. Voici un garçon que nous aimerions entendre dans une salle d’opéra avec un orchestre dans la fosse pour juger sur pièce de la qualité de sa voix dans des circonstances moins… exiguës que la salle Pierre Malbosc de Cabriès. A ses côtés, Alexia M’Basse nous avait déjà séduit dans Orphée aux enfers l’hiver dernier. Bis repetita dimanche dans le rôle de Violetta, l’entité de Traviata. Elle aussi est une comédienne intéressante et sa voix, toujours bien placée, est des plus agréables. Une jeune femme séduisante qui devrait faire le bonheur de quelques directeurs de salle dans les années à venir. Une dernière mention pour Marie Pons qui, si elle ne chante pas beaucoup, s’est distinguée par un timbre assez exceptionnel, notamment dans les ensembles. Un grand bravo, enfin, à toute la troupe et à son directeur Mikhael Piccone pour la création de cette production plaisante et bonnes vacances à tous en attendant la prochaine saison…
Michel EGEA