Publié le 16 mai 2020 à 14h17 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
La crise que nous traversons est inédite pour nos générations. Confrontés à des difficultés inattendues, improbables, nous avons constaté l’extrême fragilité d’une société trop sûre d’elle qui nous poussait vers toujours plus d’individualisme. A l’inquiétude naturelle pour la santé de nos proches, s’est rapidement ajoutée l’inquiétude pour nos emplois, nos entreprises et de sanitaire la crise est brutalement devenue économique et sociale.
Le monde des coopératives n’a bien évidemment pas été épargné et près de 70% de nos sociétés coopératives ont connu une forte baisse de leur activité à l’instar de toutes les entreprises. Mais le mouvement coopératif s’est construit sur des principes d’entraide et de solidarité et il a fait corps devant cette situation sans précédent. En quelques heures le collectif était déjà en action pour soutenir nos Scop et Scic et les 63 000 salariés qu’elles emploient.
Les Scop, Sociétés coopératives, désignent les entreprises à statut Scop (Société coopérative et participative) et à statut Scic (Société coopérative d’intérêt collectif). Soumises à l’impératif de profitabilité comme toute société commerciale, elles bénéficient d’une gouvernance démocratique et d’une répartition des résultats prioritairement affectée à la pérennité des emplois et du projet d’entreprise. La solidarité étant une de leurs valeurs fondamentales, elles ont mis en place, à tous les échelons géographiques, nationaux et régionaux, des équipes dédiées capables de répondre à leurs besoins tant en termes de conseils que de financement.
Et le réseau a réagi, les équipes se sont mobilisées.
Notre proximité avec nos entreprises nous a permis d’offrir un soutien et un accompagnement individualisés. Les entreprises coopératives couvrent l’ensemble des secteurs d’activité, aussi, les solutions sont nécessairement construites sur mesure. Des outils adaptés ont été développés au niveau régional. Une lettre hebdomadaire, voire bi-hebdomadaire en début de confinement, communiquant des informations triées et ciblées, synthétisant et précisant les différentes mesures financières, juridiques, économiques et sociales, proposant des animations à distance, du lien, fut mise en place. Un forum de discussion dématérialisé a rapidement été proposé à l’ensemble des coopérateurs, dirigeants, associés, salariés des coopératives ainsi qu’à tous nos partenaires régionaux. Les participants peuvent y échanger de l’information, bien entendu, mais surtout partager leurs expériences, témoigner de leur vécu, des solutions qu’ils ont su développer, se soutenir. De nombreux ateliers en visio-conférence, gratuits, animés par des intervenants de qualité, sélectionnés par le Mouvement coopératif dans la France entière ont été proposés aux entreprises pour les aider à surmonter la situation et surtout à se préparer à la reprise. Des sujets comme la modification du droit du travail dans la présente période, l’appréhension du management de l’équipe dans l’univers post-traumatique à venir, la stratégie de la relance commerciale, bien entendu, la préservation de la trésorerie, etc. ont été traités.
Nos animations départementales du réseau, si chères à nos entreprises, continuent, mais distanciées. Toutes les réunions prévues sont maintenues au mois de mai, en visio-conférence, permettant ainsi une plus grande participation.
Le prêt participatif d’entraide et solidaire (PPES)
Enfin, parmi tous les mécanismes et solutions exceptionnels mis en place pour aider les Scop et les Scic, et préparer la reprise, le mouvement a lancé, dès le 13 mars, avec ses propres moyens financiers, le prêt participatif d’entraide et solidaire (PPES). Ce financement ayant pour but de soutenir la trésorerie des coopératives le temps de la mise en place des reports de charges fiscales, sociales et bancaires, du chômage partiel et du prêt garanti par l’État, a déjà prêté 2,5 millions d’euros, à 116 entreprises coopératives, au 7 mai 2020. L’appui s’est également concrétisé par le report des échéances de remboursement des outils financiers régionaux et nationaux, à la demande des adhérents en situation délicate. Enfin, un travail en très étroite collaboration avec notre partenaire bancaire historique, le Crédit Coopératif, a assuré un suivi de grande qualité de la trésorerie de nos entreprises. La solidarité du mouvement coopératif ne s’arrête pas à ses adhérents. Nous avons tenu à rester très présents auprès de nos partenaires régionaux, et, notamment, le premier d’entre eux, la Région Sud, en participant activement à l’information et à l’instruction du prêt Covid-Résistance. Nous avons également relayé les initiatives de la Cress (Chambre Régionale des Entreprises de l’économie sociale et solidaire) et de l’ensemble de nos partenaires régionaux, acteurs de l’appui aux entreprises.
La voix de l’entrepreneuriat démocratique et solidaire
Le mouvement coopératif est né au tout début du XXe siècle. Il porte la voix de l’entrepreneuriat démocratique et solidaire, soutient et pérennise ses entreprises, porte des projets d’innovations sociales et entrepreneuriales majeures, accompagne des projets collectifs d’envergure. Alors, beaucoup parlent du monde d’après. Mais si ce monde d’après passe par la solidarité, la solidarité ne viendra pas « après ». La solidarité était là hier et aujourd’hui, dans notre monde, dans nos entreprises coopératives. Cette solidarité, ce «monde d’après», pour nous, c’est le monde que nous vivons et le monde de « demain ». Le monde qui rend nos entreprises résilientes, fortes et soutenues. Le monde qui encourage 3500 salariés, entrepreneurs, dirigeants, à choisir, chaque année, le monde coopératif pour faire exister leur projet, vivre, développer et croître.
Alain Maïssa est président de la Scop Sigec, à Aubagne – Président de l’Union régionale des Scop et des Scic de Provence Alpes Côte d’Azur et de Corse – Trésorier, membre du bureau de la Confédération Générale des Scop – Président du conseil de surveillance de Socoden, société de financement du mouvement coopératif – Membre du bureau de la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire (Cress). Il est à noter que sur Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, les Scop représentent plus de 300 entreprises rassemblant près de 3 000 salariés. En France, ce sont 3 439 coopératives dans lesquelles travaillent 63 000 personnes.A propos du Monde d’après ICI |