Publié le 10 juillet 2018 à 12h13 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h30
Les Républicains n’ont toujours pas compris ce qui s’est passé avec l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. Ils persévèrent à vouloir avancer des pièces sur un échiquier que l’actuel occupant de l’Élysée a pulvérisé il y a un an. Laurent Wauquiez semble croire que l’ancienne droite existe encore. Une mise à jour a eu lieu mais une partie de nos élus en ignorent les conséquences.
La droite telle qu’on la connaissait est morte. Pour une raison extrêmement simple. : elle faisait couple avec une gauche (le PS) qu’Emmanuel Macron a réduit à néant. L’extinction de l’une provoqua mécaniquement l’extinction de l’autre. Toutes les ambiguïtés sur lesquelles prospérait l’ancien système furent exposées et donc annihilées par la stratégie électorale macronienne. Pour être plus précis, ces contradictions sur lesquelles reposaient le jeu politicien jusqu’en 2017 lui permettaient précisément de durer. Les nommer, focaliser l’attention des médias et de citoyens sur elles, a fait s’effondrer le vieux monde idéologique (qui n’était déjà plus qu’un fantôme). Malgré les quelques difficultés du moment que traverse Emmanuel Macron, la signification politique d’ensemble reste inchangée.
Face à cela Les Républicains affirment qu’ils peuvent réanimer un cadavre… Laurent Wauquiez prétend refonder la droite sur le raidissement, c’est-à-dire en s’inspirant du style et des idées qui firent le «succès» du Front national. C’est une erreur à double titre. D’abord parce que l’imitation favorise toujours la comparaison et donc la relativisation de la densité politique de l’imitateur; ensuite parce que la droite républicaine contemporaine ne peut s’inscrire que dans l’espace idéologique ouvert par Macron.
C’est à l’intérieur de ce qu’il construit (peu importe ce que l’on en pense) qu’une droite rénovée devra faire son nid (tout comme le PS d’ailleurs). Si le choix contraire est retenu, le schisme ne manquera pas de s’aggraver chez Les Républicains : un camp ne verra plus l’utilité de se démarquer du Rassemblement national (que ce soit pour choisir l’alliance ou la fusion), le second souhaitera élargir la brèche ouverte par Agir et devenir une sorte de courant à l’intérieur du macronisme.
Ce qui est certain au bout du compte, c’est que les différents acteurs de la «droite» parlementaire ont un sérieux travail idéologique, doctrinal, à accomplir. Or, on peine toujours à apercevoir le démarrage du chantier…
Eric Delbecque est le chef du pôle intelligence économique de l’IFET auteur du: Bluff sécuritaire Éditions du Cerf |