Publié le 2 avril 2018 à 12h06 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h30
La disparition du Colonel Beltrame met l’accent, tristement mais fortement, sur ce qui autorise une démocratie à survivre et à se développer. Son comportement nous rappelle que notre système de gouvernement nécessite un engagement puissant, pouvant aller dans certains cas jusqu’au sacrifice de sa vie.
Face à une menace qu’il faut bien qualifier de « totalitaire » (car l’islamisme, l’islam politique, vise l’instauration d’une forme de totalitarisme), les sociétés ouvertes exigent un esprit de résistance et une fermeté d’âme dont nous sous-estimions très vraisemblablement la centralité depuis l’effondrement du monde soviétique. L’ambition démocratique ne se confond pas avec une médiocre aspiration au confort matériel, avec l’assoupissement dans le relativisme irresponsable, ou avec le «festivisme» infantile qui imagine la planète comme un gigantesque part d’attractions (hélas troublé régulièrement par les expressions archaïques d’un univers révolu de la violence)…
L’héroïsme d’Arnaud Beltrame incarne le principe de responsabilité et d’honneur qui constitue le pilier central sur lequel repose une collectivité qui reconnaît la liberté de conscience et de parole, le droit donné à tous de désigner ses dirigeants, et qui respecte globalement des procédures prévues pour éviter l’écrasement des individus par les appareils sociaux de domination ou les protéger contre les excès de pouvoir. Son parcours témoigne encore lumineusement de ce que notre combat national et européen contre le salafisme djihadiste n’est pas : à savoir une guerre de religions… Il n’est pas question de discerner dans la lutte contre la lâcheté terroriste un choc des civilisations et des cultures religieuses. Le parcours de ce Colonel de Gendarmerie démontre que ce qui est en cause est ailleurs ; il s’agit de lutter contre le radicalisme, le fondamentalisme, c’est-à-dire contre des interprétations haineuses de textes sacrés qui poursuivent le but contraire : élever ceux qui les étudient. A condition bien sûr d’adapter une perspective exégétique, symbolique, de remettre en contexte des enseignements et des méditations destinés à s’émanciper d’une époque pour les inspirer toutes, ce qui implique un effort permanent d’ouverture aux autres et au monde.
Alors, oui, bien évidemment, Arnaud Beltrame illustra tragiquement une nouvelle fois, la profondeur de l’engagement de nos forces de sécurité, mais il nous fait aussi comprendre les raisons profondes pour lesquelles il est impossible de ne pas s’opposer à l’islam politique. Son sacrifice transcende son choix professionnel : il fait signe vers l’appel à la résistance qui fut un jour lancé depuis Londres pour faire barrage à la sauvagerie absolue.