Publié le 19 avril 2020 à 13h16 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Par cette tribune je voulais rendre un hommage aux habitantes et habitants des cités des Quartiers Nord et aux Marseillaises et Marseillais vivant dans des logements surpeuplés avec des revenus modestes. Bien sûr, il y a nos héros les plus exposés: nos urgentistes, l’ensemble du personnel soignants, les services de premières nécessités, salariés de la grandes distribution et les autres… Héros que nous célébrons unanimement tous les soirs à 20 heures depuis nos fenêtres. Nous leur sommes reconnaissants pour les risques qu’ils encourent, leurs sacrifices.
Mais, comment ne pas rendre hommage aux silencieux, les habitantes et les habitants des quartiers populaires de la Ville, qui eux aussi subissent le confinement. Confinement majoritairement respecté dans des conditions souvent difficiles : des logements surpeuplés, des bus au compte-gouttes, des services publics quasi inexistants. Sans parler des conditions d’enseignement qui ne sont pas simples pour des parents qui n’ont pas toujours les clés pour venir en aide à leurs enfants. Et la liste est longue… Les efforts pour maintenir un confinement dans des conditions aussi difficiles c’est clairement de l’héroïsme. Nombre de ces habitants travaillent comme livreurs Amazon, chauffeur.e.s de VTC, jeunes d’Uber-Eats qui doivent souvent livrer sans aucune protection. Ainsi, aux inégalités de confinement s’ajoutent les problèmes du quotidien et du travail. Des conditions difficiles que nous ne devons pas ignorer. Je voulais rétablir ce petit équilibre et faire connaître ces situations que certain.e.s ignorent, voilà aussi une des raisons de ce petite hommage aux silencieux. Et comment ne pas dire un mot sur les oubliés du confinement ? Si notre quotidien a changé ces dernières semaines, si l’inquiétude est là. Pour les sans-abri, la situation est tristement critique à Marseille. Rien n’est véritablement prévu pour ceux qui sont à la rue, les points d’eau et toilettes dans la ville sont insuffisants. Les produits nécessaires à la désinfection et aux mesures barrières, pratiquement inaccessible. Le 13 mars, le ministre du Logement, Julien Denormandie, annonçait suspendre les expulsions du 31 mars des personnes qui sont mises à l’abri durant la trêve hivernale. Je pense là aussi que nos institutions tardent trop à réagir. Même si nous remercions les associatifs de la ville, le Samu social et la solidarité des bonnes âmes, des meilleurs d’entre nous. Enfin je suis certain que Marseille est une ville extraordinaire et la période le montre, avec notamment le Pr Didier Raoult. Mais surtout Marseille est une ville riche de sa diversité… Cette tribune est un hommage.
Hassen Hammou est responsable associatif des quartiers Nord de Marseille, Fondateur du collectif « Trop Jeune Pour Mourir «