Tribune de Christophe Madrolle et Raphaël Rubio. Décongestionner la France : «L’oxygène des régions contre l’asphyxie parisienne»

Publié le 30 août 2024 à  7h36 - Dernière mise à  jour le 1 septembre 2024 à  20h34

Notre pays connaît depuis deux mois un malaise institutionnel qui étonne les démocraties du monde entier.

Christophe Madrolle et Raphaël Rubio ©DR
Christophe Madrolle et Raphaël Rubio ©DR

Les forces en présence, en particulier à Gauche, s’avèrent en effet incapables de jouer le jeu subtil du parlementarisme. En lieu et place de négociation, chacun se frappe d’infamie. L’insulte a remplacé le dialogue. Le réseau social X la stratégie politique. Pire encore, le sens du compromis se voit balayer par une sorte de crispation idéologique où le programme tient lieu d’Évangile. L’on souhaite alors gouverner sans les autres et surtout sans majorité stable.

Cette situation paraît être le symptôme d’un mal Français aussi ancien que profond. Ce mal resurgit à chaque crise nationale, provoquant paralysie et stupeur. Nous le nommerons : «Superstition de la verticalité».

Nous entendons par là cette croyance très jacobine dans l’efficacité politique de la hiérarchie administrative. Lucie Castets, aussi brillante soit-elle, incarne à bien des égards ce phénomène.

Bureaucrate de la ville de Paris, la jeune femme a été choisie pour donner du sens à une gauche se voulant populaire… C’est dire la distance, assez abyssale, entre les élites parisiennes et la France des réalités. Plus profondément ce choix exprime la tendance d’une administration verticalisée à vouloir se substituer au politique. Les exemples sont à ce titre légions : élus dont les décisions sont modifiées par les hauts fonctionnaires, initiative de la société civile bloquée, lenteur dans l’exécution et désir farouche de certains «bureaux parisiens» de se saisir du pouvoir.

Ce tropisme administratif, congestionné et mécanique, dévore littéralement l’énergie des territoires. Il ne peut être ni un recours ni une solution.

Voilà pourquoi, peut-être, Emmanuel Macron, a reçu Carole Delga et Renaud Muselier. Élus à la tête de l’Occitanie et la Région Sud, ces deux personnalités sauront, nous l’espérons, porter auprès du Président la voix de la France des réalités.

Écologistes responsables, nous ne pouvons d’ailleurs que soutenir une telle entreprise. La Démocratie parlementaire, à nos yeux, doit prendre appui sur la vitalité des territoires. C’est précisément sur le sol de France, dans les communes et les terroirs, que les élus locaux élaborent des majorités dépassant les clivages politiques nationaux.

C’est sur ce sol et cette glaise, que la société civile, les associations et les entreprises, œuvrent au bien commun. C’est au cœur des territoires que l’écologie et le développement économique conjuguent leurs atouts. C’est en outre sur cette terre que les salariés, les ouvriers et les ingénieurs façonnent une France nouvelle. Le rôle des régions, en tout état de cause, demeure fondamental. Lieux de vie, de production et de culture, elles ont historiquement contribué à la grandeur de la Nation. Il serait louable de leurs accorder une autonomie accrue, accompagnée pourquoi pas d’une prérogative d’expérimentation législative. La Démocratie n’est florissante que dans le cadre d’un pays décorseté. Les Régions, nous en sommes convaincus, sont l’oxygène de la Liberté.

La problématique est donc claire : la France des réalités pourra-t-elle enfin s’affranchir de la verticalité administrative et parisienne ? L’enjeux est là.

Il nous appartient, des lors, d’assumer nos responsabilités et de promouvoir une France verte, décentralisée, solidaire, compétitive et apaisée.

Christophe Madrolle est Président de l’Union des centristes & des écologistes (UCE).  Raphaël Rubio est écrivain et responsable associatif

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