« L’impérialisme est une tendance à la violence et à la réaction dans toute la politique intérieure comme extérieure.» Les mots de Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, résonnent, de nos jours avec une acuité particulière. Trente-cinq ans après la chute du mur de Berlin , « une nouvelle volonté de puissance» semble saisir la scène mondiale. Véritable danse de Saint-Guy, elle agite une planète où les frontières ne sont plus des limites, mais des ambitions…

Donald Trump évoque sans détour l’annexion du Canada et du Mexique, réitérant son désir d’acheter le Groenland. Vladimir Poutine redessine la carte de l’Europe par la force, tandis que la Chine impose, autour d’elle, une domination autocratique et stalinienne. Partout, les démocraties vacillent ! Partout une sorte de «terreur» fissure les consciences !
Le danger est là. Il prend le visage d’Elon Musk, incitant l’extrême droite au coup d’état, à grand renfort de salut romain et de citations latines travesties. Il s’incarne dans les populismes érigeant la race ou l’ethnie en catégorie politique centrale.
Le climat est donc hostile. La tempête qui se lève risque de mettre à genoux deux siècles de combat pour le libéralisme.
Face aux « vents mauvais» l’Europe est à la croisée des chemins. Elle ne peut se permettre de rester spectatrice, paralysée par ses hésitations et son obsession du déclin ! Son «destin», au contraire, est «manifeste» : s’imposer, au yeux de tous, comme une puissance écologique et démocratique.
L’écologie, dans cette perspective, est un levier de puissance !
Il ne s’agit plus de réduire «seulement» les émissions de carbone ou de protéger la biodiversité. Notre devoir est clair : transformer le continent en modèle de prospérité durable. Cette ambition passe par un investissement massif dans l’énergie verte, non par dogmatisme, mais pour réduire notre dépendance aux hydrocarbures étrangers et cheminer vers la souveraineté énergétique. Une telle politique implique une agriculture paysanne, axée sur les circuits courts, la préservation des sols et l’autonomie alimentaire. Cela exige, de surcroît, une industrie circulaire, où chaque déchet devient une ressource, où l’innovation sert à libérer l’Europe de ses vulnérabilités stratégiques.
«L’écologie-puissance» cependant, s’accompagne presque naturellement d’un approfondissement démocratique. Il est urgent de rompre avec une Union dominée par la technocratie et d’attribuer au Parlement européen l’initiative réelle des lois. Il serait bon, par ailleurs, de renforcer l’autogestion des régions, afin que les politiques publiques s’adaptent aux réalités locales et non à des modèles standardisés. Un budget vert européen doit aussi voir le jour, financé par des ressources propres, dans le but d’accélérer la transition et soutenir les industries et les territoires en reconversion. Cette transformation démocratique est vitale. Elle passe par une participation citoyenne accrue, basée des référendums transnationaux et des conventions pluralistes. De plus, il faut ouvrir une nouvelle ère de coopération méditerranéenne, en construisant un espace commun de développement et de gestion des ressources.
L’Europe, en outre, serait un continent mutilé sans ouverture sur la mer ! Nous possédons la plus grande façade maritime du monde, un atout stratégique encore sous-exploité. Il est nécessaire de développer une authentique économie bleue, fondée sur la pêche durable, les énergies marines et les biotechnologies issues des océans. La souveraineté navale doit également devenir une priorité, pour protéger nos eaux, nos ressources et nos intérêts.
La puissance, en dernier lieu, est celle de la culture et du savoir. Une Europe forte est une Europe qui excelle dans la connaissance. Universités, recherche, arts, philosophie : la souveraineté européenne ne se mesurera pas en tonnes d’acier ou en mégawatts, mais en idées, en découvertes, en excellence intellectuelle. Miser sur l’éducation, la transmission, l’innovation, c’est tout simplement garantir notre place dans le monde !
En définitive, l’Europe n’est pas arriver au bout de son latin !
Elle ne survivra qu’en s’affirmant comme une puissance écologique, démocratique, économique, maritime et culturelle. Seule une ambition à la hauteur des défis actuels nous permettra d’échapper à l’effacement. Il est temps d’agir, non pour sauver une utopie, mais pour construire un avenir.