Publié le 10 juillet 2020 à 20h12 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Jacques Boulesteix [[Jacques Boulesteix fut à deux reprises conseiller municipal de Marseille sous Robert Vigouroux, ville dont il a été l’un des acteurs du développement scientifique et de l’innovation. Ancien président-fondateur du pôle de compétitivité Optitec, il a présidé durant cinq ans le Conseil de Développement de la Communauté Urbaine Marseille-Provence-Métropole (MPM).]] est astrophysicien, il est l’auteur de « Entre peur et raison, La métropole Aix-Marseille-Provence » aux éditions de l’Aube, 2015. Il y a pour lui urgence que les habitants comprennent l’importance de l’institution métropolitaine «et ne l’abandonnent pas exclusivement à des édiles qui défendent d’abord des intérêts locaux».
Une fois de plus la Métropole est prise en otage et servira de vache à lait aux communes. C’est unique en France. 650 millions d’euros d’aide aux communes, plus que tous les investissements d’intérêt métropolitain. Un syndicat de maires, appuyé par une droite clientéliste, se redistribue le budget métropolitain le confort communal (ronds-points, multiples salles municipales ou complexes sportifs, …). 23 maires, essentiellement de petites communes, vice-présidents ! Avec Martine Vassal, le clientélisme institutionnel est porté à son comble, que ce soit au Département ou à la Métropole.
Il y aurait pourtant tant à faire ! Métropole la moins mobile et la plus polluée de France, métropole la plus inégalitaire, un retard considérable dans les transports, dans les équipements structurants… Les élections municipales qui viennent de se dérouler, ont très peu abordé le sujet de la métropole. C’est pourtant une grosse affaire, de 4,8 milliards d’euros annuels au bas mot. Aucun programme, aucune proposition majeure, les maires ont préféré s’épancher sur la couleur de la fontaine du village que sur les solutions aux problèmes quotidiens que leurs administrés vivent dans ce large espace métropolitain où ils travaillent, font leurs achats, pratiquent le sport, étudient ou se cultivent. Les métropolitains souffrent. Ils souffrent de ne pouvoir se déplacer facilement, de la pollution croissante, des inégalités sociales et territoriales. Pense-t-on vraiment qu’un syndicat de maires à la tête de la métropole peut relever ces défis? Cela fait des décennies que ça dure… Le contraste avec les métropoles de Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Paris, Nantes est cruel.
Cette métropole devrait être celle des expérimentations. Son territoire, son « archipel », ses problèmes, ses retards en font une espace de choix. La démocratie locale y est très peu développée. Nous savons que tant qu’une élection au suffrage direct n’en élira pas les représentants, elle sera phagocytée par des intérêts trop locaux. La somme des intérêts particuliers ne fait pas l’intérêt général. En démocratie, les légitimités ne se nuisent pas, elles s’additionnent. Celle des communes est claire. Leurs compétences, leurs pratiques démocratiques doivent être développées. Les communes sont essentielles. Mais nous méritons tous, aussi, en tant que citoyens, un débat démocratique sur les orientations et les choix métropolitains. Allons-nous continuer de jouer petit bras quand tant d’autres territoires font preuve d’innovation dans la participation, l’implication des citoyens, les projets nouveaux ? Il serait urgent que les habitants comprennent l’importance de l’institution métropolitaine et ne l’abandonnent pas exclusivement à des édiles qui défendent d’abord des intérêts locaux.