Le réchauffement des relations entre Paris et Rabat constitue un signe encourageant pour notre région naturellement tournée vers le continent africain de part sa situation géographique. Un atout économique dont les présidents de la Métropole Aix-Marseille Provence et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur doivent savoir trouver profit dans l’intérêt des entreprises de ce territoire et, au-delà, de l’emploi.
L’histoire des développements des échanges commerciaux entre les ports marocains et celui de Marseille remonte à l’Antiquité. C’est dire les relations étroites entretenues de chaque côté de la Méditerranée, en dépit des aléas politiques dont la crise diplomatique d’une rare ampleur survenue en 2023. Les relations bilatérales entre les deux pays ont été brutalement interrompues par Rabat, pendant huit mois, après la résolution déposée par le groupe parlementaire européen Renew dénonçant les atteintes à la liberté d’expression au Maroc.
Ce n’était là qu’une réponse officieuse au scandale de corruption d’eurodéputés par le royaume chérifien. Le tout sur fond de tensions croissantes à propos du statut du Sahara occidental et de crise de visas que la France délivrait alors au compte-gouttes… Après cette résolution, Rabat a coupé tout contact avec Paris. Jusqu’à ne pas nommer d’ambassadeur en France et négliger l’aide que notre pays proposait après le terrible et meurtrier séisme du 8 septembre 2023.
Aujourd’hui, l’air est au dégel diplomatique. Pour preuve, Mohamed VI a enfin consenti à nommer un ambassadeur à Paris, en l’occurrence… une experte des situations de crise. Ce choix parle de lui-même. Et le nouveau ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, est à la manœuvre pour permettre une visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc et remettre sur les rails les relations entre la France et le royaume chérifien qui se basent principalement sur le commerce et le tourisme. Sa première visite officielle, après sa nomination au Quai d’Orsay, a d’ailleurs été pour le Maroc !
Ce pays est une terre économique importante pour nos entreprises : plus d’un millier de PME et la quasi totalité du CAC 40 y ont une activité et la France reste le premier partenaire économique et financier du Maroc. Aussi, en dépit de ces mois de tension, les relations ont continué à l’initiative notamment de la Région et de la Métropole.
Deux exemples :
– la 5e étape des Journées économiques Maroc-France, qui s’est tenue à l’Hôtel de Région, a permis aux opérateurs des deux pays de travailler sur de nouveaux projets de partenariat, d’import-export, voire d’implantation autour de l’écosystème des énergies nouvelles (solaires, éolien, biomasse, hydraulique et hydrogène vert), lesquelles offrent un fort potentiel de croissance. D’autant que le Maroc figure dans le Top 5 des pays qui investissent le plus dans les énergies renouvelables (ENR). D’ici 2030 le royaume ambitionne d’élever à 52% la part de ces ENR dans son mix énergétique. De son côté, la Région Sud a déployé un ambitieux Plan Climat pour accélérer sa transition énergétique et devenir le premier budget vert d’Europe : 30 milliards d’euros d’investissement sur cinq ans.
– la Métropole pour sa part, a reçu en décembre 2023 une délégation de vingt industriels autour de la transition énergétique et des nouvelles technologies numériques. Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre du projet européen Euromed Clusters Forward, co-financé par l’Union européenne et visant à mettre en relation des clusters et pôles de compétitivité des deux rives.
Car au Sud de la Méditerranée, les industriels sont attirés par les technologies européennes et souhaitent trouver des partenaires sur la rive nord. Ils se structurent pour participer à des programmes de recherche appliquée. De ce côté de la Mare Nostrum, les plateformes de services industriels et des pôles de compétitivité s’intéressent aux nouveaux débouchés et à la croissance qu’offre le continent africain, à son réservoir de talents et à sa compétitivité.
On le voit, une nouvelle révolution industrielle est en marche : la décarbonisation, l’intelligence artificielle et l’Internet des objets. Autant d’enjeux centraux et d’opportunités justifiant que nos institutions soient mobilisées pour promouvoir l’attractivité de notre territoire.