Publié le 29 mai 2020 à 8h32 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Le déconfinement est arrivé, mais la crise est toujours là et il importe d’en tirer les leçons. Parfois l’abattement l’emporte, alors il importe de voir que la balance comporte toujours deux plateaux, sur l’un le désespoir, le cauchemar: crise sanitaire, économique, sociale, sur l’autre: la solidarité, la dignité, l’espérance que nous apprendrons de nos erreurs comme de ce que nous avons réalisé de positif. Et c’est aux Français qu’il revient de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Pour ce jour d’après ils doivent mettre en place des élus de proximité, proches de leurs aspirations généreuses. Il importe d’abandonner le terrain vague des égoïsmes, des petits intérêts particuliers. L’heure est venue d’ouvrir le champ aux initiatives de la société civile, de reconstruire de vraies solidarités sociales. Profitons de cette crise pour ne plus accepter comme une fatalité l’exclusion. Il faut se soigner de l’indifférence. Cela ne se fera pas en un jour, tant la chose est peu aisée. Il faut une vraie rénovation. Ne plus sacrifier à une politique qui est devenue, trop souvent, un spectacle où les acteurs sont devenus, peu à peu, sans même s’en apercevoir, leurs propres et uniques spectateurs. Des politiques qui sont responsables de cet état de fait, sûrement. Ils ont, de Droite comme de Gauche, poussaient en ce sens. Oui. Mais, si on veut un après différent il ne faut pas oublier que, pour qu’il y ait l’élu il faut l’électeur. Alors, c’est ensemble que nous changerons, que nous construirons. Il nous faut une méthode du «parler moins» et du «faire un peu plus». Les gouvernements ne doivent plus être en retard sur les peuples, c’est aux citoyens de leur dire, on les a transformé en consommateurs il doivent devenir acteurs du politique, être les co-auteurs de la chose de la cité, de leur quotidien. Et nous ne pouvons pas devant la situation dans laquelle se trouve notre pays nous enfermer dans l’hexagone, nous réduire à une réflexion tricolore ou nous contenter d’un regard narcissique sur nos conflits, nos espoirs ou nos retards. Au moment des élections la vraie solitude n’est pas celle des candidats, elle est celle des électrices et des électeurs puisqu’ils doivent trancher, choisir. Alors mesurons que notre tâche commune réside dans la mise en chantier d’un véritable projet pour les années à venir dont nous savons qu’il demandera beaucoup de clairvoyance, de conviction, de courage. Mais, surtout ce projet doit entraîner, doit répondre aux enthousiasmes de la jeunesse. Une jeunesse qui n’en peut plus d’un horizon bouché et de la promesse d’un destin médiocre. La jeunesse, c’est notre vraie richesse, ne la gaspillons pas. Elle doit mesurer les périls, les embûches mais aussi les potentialités qui existent. Chaque jour nous reculons les frontières de la connaissance. Mais attention, faire croire que travailler moins serait une solution est au mieux une erreur, au pire un mensonge. Il ne peut plus être question de miser sur les défauts, même si c’est facile et, hélas, efficace. Misons sur nos qualités, sur le réveil de ce qui fait le génie de nos civilisations: en développant nos connaissances, l’esprit d’entreprendre, le goût du travail, le respect de la parole donnée, la générosité. Ce sont toutes ces qualités qui font la victoire d’un peuple. Soyons porteurs de cette envie de gagner non contre mais avec les autres. Car, on le voit bien, la pandémie ne choisit pas son camp, elle touche sans distinction. Retenons la leçon, seules nos qualités nous offrent des chances de survie. Et sachons que, dans la vie, les solutions n’existent pas. Il existe des forces en action, il faut créer cette dynamique et les solutions arrivent.
Jean Roatta député honoraire des Bouches-du-Rhône