Publié le 2 septembre 2020 à 13h26 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Après un report d’une semaine pour donner la priorité à la gestion sanitaire de la rentrée, le Gouvernement détaille ce jeudi son plan de relance de l’économie française. Lionel Canesi, président du Conseil de l’Ordre des experts-comptables Marseille-Provence-Alpes-Côte d’azur plante le décor…
Fallait-il rendre le port du masque obligatoire dans les entreprises au 1er septembre ? Je n’en suis pas convaincu et avec moi des milliers de chefs d’entreprises que je côtoie, lis ou entends. Par définition, un entrepreneur responsable souhaite placer ses collaborateurs dans les conditions sanitaires les plus favorables pour poursuivre leur activité. Dans un bureau individuel ou dans un open-space où les règles de distanciation sont applicables, il me semble que le port du masque chirurgical devient une contrainte inutile. Fallait-il fermer les bars et les restaurants à 23 heures ? Je ne le crois pas davantage. Le virus ne circule pas plus à 23h15 qu’à 19h. En revanche, cette mesure règlementaire pourrait sanctionner toute une filière qui tente de se remettre d’un confinement économiquement mortifère pour elle. N’aurait-il pas été plus juste et efficace de sanctionner les commerçants en infraction avec l’application stricte des règles sanitaires et de laisser travailler ceux qui s’y conforment avec diligence ? Certes, en matière de politique de santé publique, je n’ai évidemment aucune certitude et je me garderai d’ajouter ma voix aux critiques formulées par les virologues de comptoir et les épidémiologistes de cour d’école qui fleurissent en cette période de doute collectif. Mais lorsqu’il s’agit d’évoquer l’économie en général et l’entreprise en particulier, personne n’empêchera un expert-comptable de livrer son analyse. Personne et surtout pas les représentants d’une administration qui érige le principe de précaution en dogme et le résume en une formule : «ceinture-bretelles». Ceux-là ignorent l’essentiel. Nos entreprises ont un besoin urgent de liberté et d’agilité pour réagir à la crise économique issue de la crise sanitaire. Il faut les libérer des carcans réglementaires et faire confiance aux entrepreneurs pour sortir de la crise et inventer des relais de croissance innovants. Notre économie a également besoin d’un plan de relance construit autour d’urgences que les experts-comptables vivent au quotidien avec leurs clients entrepreneurs.
-La première : permettre aux TPE/PME de consolider leurs fonds propres. Par exemple en renforçant la réduction d’IRPP pour investissement dans une PME, en exonérant d’impôt (IRPP et IS) les bénéfices mis en réserve et conservés pendant 5 ans. Et en permettant au PEG d’être en quasi fonds propres avec une durée de remboursement de 10 à 20 ans.
-La seconde : favoriser la consommation. Autoriser le déblocage de l’épargne salariale sans motif jusqu’au 31/12/2021, permettre le retrait maximum de 50 000 € des contrats d’assurance vie non dénoués avec une fiscalité avantageuse. Ou encore permettre la donation défiscalisée de sommes d’argent jusqu’à 50 000 euros jusqu’au 31/12/2021.
-La troisième : relancer l’investissement. Quelques pistes : le suramortissement de 100 % sur les investissement éco-responsables et digitaux, la récupération de la TVA sur les véhicules propres, et l’amortissement sur l’intégralité du prix d’acquisition de ces véhicules. Enfin, pour relancer le bâtiment, la mise en place d’un dispositif fiscal exceptionnel, type Périssol, avec 85% d’amortissement sur 9 ans.
Toutes ces propositions, le Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables Marseille-Provence-Alpes-Côte d’azur les a adressées au Président de la République et à celui de la Région Sud Provence Alpes Côte-d’Azur. Espérons qu’elles soient retenues. Car bien sûr, l’économie devra apprendre à vivre avec le virus, avec ou sans masque et quelle que soit l’heure de la journée. Mais pour vivre, tout simplement, elle a surtout besoin de liberté et d’un choc de relance rapide et puissant.
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