Publié le 22 décembre 2017 à 8h50 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h30
Ce matin je suis confronté à un doute, une hésitation ou un choix Cornélien comme l’on dit lorsque l’on est incapable de prendre une décision, une orientation. En ce qui me concerne ces tergiversations ont des origines littéraires ou du moins ont un lien avec l’écriture. Même si en cette trêve des confiseurs durant laquelle les éditeurs et les producteurs ont rangé leurs crayons et que je semble être l’un des rares à m’exciter sur mon clavier, une envie d’écrire la dernière chronique de l’année me titille en ce matin gris.
Mais voilà, pour écrire une chronique il faut rebondir sur un sujet, sur un fait de société motivant des lignes à noircir ou se rendre opportuniste en ouvrant les pages d’une presse, elle aussi, déjà recentrée sur la grande bouffe et les petits cadeaux, et sentir monter en soi une inspiration profonde. Bref, vous l’avez compris je ne sais quoi écrire. Non pas parce que l’actualité est pauvre mais seulement parce qu’elle fourmille de faits divers et autres débordements pouvant justifier une chronique. J’ai du mal à faire mon choix …
Mais je me dois d’être succinct car je n’ignore pas que plus mes articles sont longs et moins ils sont lus. Le lecteur semble paresseux et une centaine de lignes l’effraie alors qu’il s’apprête, sans peur et sans reproche, à avaler une dinde farcie aux marrons pour oublier son bien triste quotidien. Alors qu’il va s’envoyer des tonnes de foie gras en oubliant l’odieux gavage des canards et des oies; alors qu’il va dévaliser les écaillers et se blesser en tentant d’ouvrir, avec cinq verres de vin dans le nez, des douzaines d’huîtres lâchant un cri atroce lorsque le nerf leur sera sectionné. Je ne me répandrai pas sur le génocide touchant la gent volaillère et les millions de marrons dépecés pour être enfilés dans l’arrière train d’un coq émasculé violemment pour devenir un énorme chapon. Une horreur …
Alors j’ai décidé de survoler ce qui m’a marqué en cette fin d’année, à quelques jours de la Saint-Sylvestre où nous allons nous embrasser en nous souhaitant le meilleur pour l’année qui s’annonce sans en penser une once et parfois même en souhaitant le contraire. Car, lorsqu’il s’agit de sa voisine dont les pas hippopotamesques vous font sursauter au petit matin, lorsqu’il s’agit de son patron que l’on souhaiterait voir clouer au pilori ou lorsque l’on s’adresse encore à des éboueurs sur lesquels nous avons déblatéré durant douze mois en les qualifiant de fainéants, il faut reconnaître que la bonne foi n’y est pas ! Mais c’est ainsi, il ne faut pas déroger à la tradition et souhaiter à tire-larigot des vœux que l’on sait faussés, des vœux que l’on sait mensongers. Voilà une introduction qui ne me laisse donc que peu de latitude pour limiter ma prose et la rendre digérable en cette période de pré-indigestion et d’avalage massif de Gaviscon et autres Citrate de bétaïne. Malgré tout, je dois revenir à une actualité bien plus terre à terre, bien plus pragmatique pour effectuer ce survol de faits marquants que j’évoquais ci-dessus.
Je n’ai pas envie de m’étaler sur les 350 000 euros dépensés par le Premier ministre et les membres de son équipe désireux de ne pas poser leur cul sur des assises incommodes d’un avion de bidasses crasseux. Non, je n’ai pas envie de dire à quel point j’ai eu envie de vomir mon repas de baptême lorsque je l’ai entendu assumer cette folle dépense. A quoi bon d’ailleurs s’effaroucher pour si peu, à quoi bon hurler puisque depuis tant d’années que je le fais je n’obtiens en guise de résultat que le son aigu des cordes du violon sur lequel j’ai l’impression d’uriner ? Non il vaut mieux en effet pour cette fin d’année se résigner à subir et à voir notre argent dépenser, gaspiller dans une gabegie. Il vaut mieux ne pas rajouter à l’imminente et inévitable indigestion des brûlures d’estomac issus d’un ulcère dûment peaufiner par cette bande de blaireaux qui nous dirigent.
Alors je préférerai évoquer ce reportage diffusé sur France 2, au journal de 20 heures, dans lequel des policiers marseillais courageux, mais dissimulant leurs visages, sont venus dénoncer ce qu’ils appliquaient consciencieusement depuis 2002 à savoir la politique du chiffre comme si elle était née spontanément un matin de décembre 2017.
Dans un discours répété, ils ont balancé ce qu’ils savaient comme des chevaliers blancs investis d’une mission divine après en avoir été allégrement les artisans et en avoir même, pour la plupart, tiré profit.
Cette politique du chiffre est en place depuis 2002 elle est le bébé de Sarkozy et de sa politique dévastatrice de l’institution policière. Mais, ces nouveaux parangons auto-proclamés d’une police au service du citoyen ont oublié ou n’ont pas daigné s’intéresser à leurs anciens qui la dénoncent depuis plus de 15 ans. Évidemment ceux qui me suivent et prennent le temps de me lire savent que ce que je pense de cette politique et ils n’ignorent pas que je la combats depuis plus de 10 années et que je l’ai qualifiée de cancer de la police. J’ai écrit trois ouvrages dans lesquels je la dénonce dont un m’ayant rapporté plus de contrôles fiscaux (3) que de droits d’auteur mais à cette époque il n’était pas dans l’air du temps d’être un lanceur d’alerte, de dire ce que l’on savait.
A la place Beauvau régnait en main de maître Manuel Valls, il effrayait les journalistes et terrorisait les policiers en ayant conquis les syndicats lui picorant dans la main. Il était de bon ton de marginaliser un certain LA MOLA ayant eu l’audace d’aller dire au ministre de l’Intérieur la réalité de sa politique du chiffre… Mais, je n’ai pas envie de parler de cet individu, de cette grande gueule qu’il vaut mieux ne pas fréquenter de peur d’être assimilé à ses combats vouées à l’échec.
Méfiez vous des indigestions et des volailles aux marrons, je vous rappelle ce que chantait Renaud dans l’hexagone : «Moi j’voudrais tous les voir crever, étouffés de dinde aux marrons».