Développer une coopération vertueuse avec les nations africaines ne pourra réellement se faire qu’en construisant des partenariats au niveau européen. Il est indispensable aujourd’hui de réinventer fondamentalement la relation Europe-Afrique afin qu’elle valorise tout ce qui nous lie, tout ce qui nous unit, de la langue à la culture, de la fraternité à l’amitié.
Travailler à faire évoluer notre regard encore trop souvent emprunt des anciens schémas Nord-Sud en un partenariat authentique où chacun est vu, entendu et valorisé non plus pour ce qu’il a mais pour ce qu’il est. Des deux côtés de la Méditerranée il est nécessaire de dépasser les vieux préjugés, faire évoluer nos partenariats économiques et éducatifs autour des nouvelles réalités de nos sociétés afin de construire une interaction vertueuse entre nos états, guidée par la justice, la coopération et l’équité.
Il n’est pas tolérable que tant de migrants continuent à prendre le risque de mourir en mer Méditerranée pour quitter leur pays. Cette situation doit nous pousser à agir, non seulement pour humaniser notre approche de l’immigration mais surtout pour attaquer les racines des problèmes qui forcent à un tel désespoir. Nous devons œuvrer à construire un équilibre où chaque partie se trouve enrichie par l’autre. Ce n’est qu’à travers cette nouvelle dynamique que nous pourrons aspirer à une coopération réellement équitable et durable.
Envisageons une gestion des ressources naturelles où l’exploitation cède la place à la cocréation, où chaque projet d’extraction ou d’utilisation des ressources est conduit dans le respect des communautés locales et de l’environnement. Prenons l’engagement de structurer les investissements de manière à favoriser le développement local en respectant les écosystèmes.
Les entreprises européennes doivent adopter des normes strictes de responsabilité sociale et environnementale, transformant ainsi chaque investissement en une pierre posée sur le chemin de l’équité… Car disons-le, si nous n’y travaillons pas avec courage et sincérité aujourd’hui, nous perdrons tous demain.
Au-delà de l’économie, il est essentiel de revaloriser les talents africains sur leur propre sol, de favoriser leur épanouissement au sein de leur communauté et de leur culture. Il s’agit de construire des ponts dans les domaines de l’éducation et de la formation, en soutenant la création de centres d’excellence qui soient en synergie avec les besoins et aspirations locales. Développer avec l’Europe les échanges Erasmus Sud-Nord-Sud afin d’enrichir les universités et les étudiants de notre diversité sociale et culturelle.
La proximité géographique et la promiscuité historique entre l’Europe et l’Afrique, le partage des langues parlées dans chacun des deux continents avec notamment le français, l’Afrique représente la plus grande zone francophone au monde, ancrent solidement les futures fondations de ce pont à bâtir.
Enfin, la solidité de ce nouveau partenariat Afrique-Europe devra reposer sur un dialogue politique renforcé et véritablement inclusif, où les perspectives africaines seront intégralement prises en compte dans la formulation des politiques et des stratégies. Laisser ce terrain à d’autres grandes puissances telles que la Chine, l’Inde ou la Russie nous entraînerait vers un nouveau risque de pillage économique et la disparition à terme de nations démocratiques vers le totalitarisme.
C’est pourquoi, ce dialogue doit se faire dans le respect, la compréhension mutuelle, et avec une reconnaissance équitable des contributions de chacun. « La seule voie qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat », Kofi Annan.
Carte du monde francophone, Cité internationale de la langue française à Villers-Cotteret