Publié le 7 janvier 2020 à 13h11 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
«L’intersyndicale, Ayant manifesté toute l’année, Se trouva fort dépourvue Quand la crise fut venue.» Ces quelques vers inspirés d’une célèbre Fable du 17e siècle auraient toute leur place aujourd’hui tant ils mettent en exergue l’opposition actuelle de deux visions de notre société. Qu’il est difficile de réformer notre pays ! Disons-le, notre système de retraites actuel connaît trop de disparités et est devenu illisible pour les Français. En ce sens, il était nécessaire de le simplifier et d’en finir avec tous ces régimes spéciaux iniques et anachroniques qui ne sont plus justifiés ni en droit ni en fait. Là où certains prétendent se battre pour les droits de nos concitoyens, je le dis comme je le pense, seuls leurs prés carrés comptent ! Qui peut encore accepter que des organisations si peu représentatives, portées par des idéologies du XXe siècle qui ont prouvé partout leur faillite, sont davantage soucieuses de l’intérêt général qu’une majorité élue directement par le peuple ? Qui encore aujourd’hui peut se satisfaire que des fourmis travailleuses payent pour que des cigales puissent chanter tout l’été ! J’accueille donc avec satisfaction le projet de réforme des retraites qui dans sa globalité tend à préserver notre modèle social, à le rendre plus juste, plus solidaire et plus équitable. C’est une réforme finançable, sérieuse et adaptée aux enjeux contemporains, et dont l’objectif de justice sociale ne saurait être de bonne foi remis en cause. Loin des «fake news» diffusées depuis plusieurs semaines tendant à ajouter de la confusion, cette réforme est nécessaire et prévoit un cadre clair et précis.
«Entre Solidarité et Collectivisme, Égalité et Égalitarisme il n’y a qu’un pas… en arrière! »
Attention toutefois à ne pas confondre Solidarité et Collectivisme ou encore Égalité et Égalitarisme ! Quand l’un est facteur de progrès, nécessaire à l’équilibre de toute société en ce qu’il permet à chacun de disposer des mêmes droits, l’autre est quant à lui source de paupérisation et de frein social ! Prôner une redistribution égale de l’ensemble de la richesse à l’ensemble des individus c’est permettre que ceux qui produisent plus de richesses que la moyenne se voient privés de la différence au profit de ceux qui en créent moins que la moyenne. C’est privilégier le matériel au détriment de l’investissement et du travail, valeurs cardinales de notre République. C’est pourquoi certains écueils doivent être évités. Je pense notamment aux plafonds de sécurité sociale pour les régimes complémentaires des avocats par exemple, qui risquent d’être touchés par la réforme. Si l’on ne peut qu’être favorable à ce que les plus aisés payent pour les plus défavorisés, il faut néanmoins savoir raison garder. C’est pourquoi je préconise qu’on limite cette contribution à hauteur de 1,5 fois le plafond de sécurité sociale au lieu de 3 tel qu’envisagé par le projet de réforme. Comment également ne pas évoquer la bonne gestion du régime autonome de retraite des professions libérales ? D’aucuns aimeraient faire croire que c’est également un régime spécial. Or dans ce système, le libéral indépendant se conçoit comme un entrepreneur : il paye des charges, des cotisations et finance à 100% son régime de retraite. Ce régime a la particularité de ne pas faire appel à l’aide d’État ni aux autres régimes. Il fonctionne parfaitement et a toujours fait ses preuves. Pourquoi vouloir supprimer ce qui marche ? Il faut donc que ce régime continue d’être géré comme avant.
Mohamed Laqhila (MoDem) est député des Bouches-du-Rhône