Publié le 13 novembre 2021 à 10h44 - Dernière mise à jour le 9 décembre 2022 à 14h15
Le dimanche 14 novembre 2021, sur les bords de la Corniche, plusieurs centaines de coureurs s’élanceront sur une dizaine de kilomètres pour marquer leur solidarité avec un pays éloigné de 3 200 km de Marseille à vol d’oiseau, l’Arménie, pour rappeler que ce qui se joue aujourd’hui aux frontières de l’Arménie nous concerne directement.
Dans ce dernier carré de l’Europe, aux portes du Moyen-Orient, un petit peuple de 3 millions d’habitants a voulu instaurer, contre vents et marées, un îlot de démocratie dans un océan de dictatures. Pour mettre fin à l’existence de ce pays, il y a un an de cela, la Turquie et l’Azerbaïdjan, suppléées par les troupes djihadistes importées de Syrie, ont envahi la région de l’Artsakh (Haut-Karabagh) et menacé l’Arménie même.
L’attaque, perpétrée au moyen de drones et de bombes au phosphore, a été menée au mépris de toutes les règles du droit international. Selon des méthodes connues de tous, les troupes djihadistes au sol se sont livrées à des massacres sur les populations civiles qui démontraient clairement l’intention génocidaire de leurs pays commanditaires. Durant les quarante-quatre jours qu’a duré la guerre, l’état de droit a cessé d’exister et la barbarie a pris le dessus. Et cela, dans le plus grand silence de l’Europe.
Quand on n’arrête pas la barbarie, on lui donne la permission de s’étendre.
Fort de leur impunité, la Turquie et l’Azerbaïdjan continuent un an après, l’œuvre génocidaire entreprise. Pas un jour ne se passe sans qu’un civil soit tué par des troupes situées sur la ligne de cessez-le-feu. 37 000 personnes ont été déplacées, et sont désormais réfugiées. Les cours d’eau sont détournés par l’Azerbaïdjan privant d’eau la population artsakhiote. Le bétail même est abattu par des tirs de snipers.
Ici même, en France, en octobre 2020, des bandes se réclamant de l’organisation turque, les Loups Gris, descendaient armés dans les rues de Vienne, en vue de se livrer à des pogroms contre les Français d’origine arménienne. Quand on n’arrête pas la barbarie, on lui donne la permission de s’étendre.
L’événement «Courir pour la Mémoire» est là pour alerter et sensibiliser les européens à cette situation. Sans délai, les prisonniers civils et militaires arméniens toujours détenus illégalement par l’Azerbaïdjan doivent être libérés. Le groupe de Minsk coprésidé notamment par la France doit davantage s’impliquer pour trouver une issue politique au conflit.
Plus d’un siècle après le génocide des Arméniens de 1915, les mêmes protagonistes, usant des mêmes méthodes, nourrissent les mêmes intentions. La pusillanimité de l’Europe doit cesser, et les dirigeants doivent réagir fermement face à l’arrogance de la Turquie d’Erdogan et de son petit frère Azéri Aliev.
«Courir pour la Mémoire» n’appelle pas seulement à se souvenir de l’Histoire. Il appelle la population et les États à en tirer les leçons et à leur rappeler que l’indifférence, l’inertie et l’oubli se payent toujours par un retour de la barbarie.
Pascal Chamassian est Président d’honneur de « Courir Pour La Mémoire »
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