Publié le 15 avril 2022 à 10h37 - Dernière mise à jour le 9 décembre 2022 à 14h08
Yves Delafon, Président d’honneur du réseau Africalink et Cofondateur et administrateur du Groupe Banque pour le Commerce et l’Industrie (BCI) décrit dans cette tribune «Marine Le Pen présidente de la République…»
C’est elle qui négociera, au nom de la France, les sanctions imposées à l’agresseur russe. En nouant une nouvelle «alliance de sécurité européenne» avec Vladimir Poutine, et en se retirant de l’Otan.
C’est qui elle qui parlera, au nom de la France, avec le Chancelier allemand. En consommant un divorce philosophique, politique et commercial profond d’avec notre principal allié/partenaire.
C’est elle qui rencontrera, au nom de la France, le Président Xi Jinping. En consacrant le vœu de ce dernier d’affaiblissement politique de l’Europe/de l’Occident.
C’est elle qui entretiendra la relation de la France avec les États-Unis. En soutenant que «les USA et l’UE mènent la guerre froide avec la Russie», en admirant Donald Trump dont elle a contesté la défaite en 2020.
C’est elle qui poursuivra le développement de la relation France/Afrique. En réduisant son discours aux seules questions de l’islamisme, du terrorisme et du renvoi aussi brutal qu’impossible de tous les migrants.
C’est elle qui appliquera une politique anti-migratoire totale. En expulsant immédiatement les illégaux sans… savoir où, et sans l’accord des États concernés. En refusant l’hébergement d’urgence, l’accès aux soins et en interdisant les sauvetages en mer. En faisant croire qu’un mur physique ou légal suffirait à contenir les flux migratoires.
C’est elle qui garantira la laïcité de la République. En fustigeant les musulmans, en assimilant islam et islamisme, en interdisant le voile ou la Kippa, en défendant des traditions institutionnelles de l’église catholique contre le message chrétien.
C’est elle qui contribuera à la réforme éthique de la finance. En faisant financer, dans l’opacité, sa campagne de 2017 par une banque russe, et celle de 2022 par une banque hongroise.
C’est elle qui va s’atteler à réduire l’inflation. En oubliant que les causes de celle-ci sont exogènes, et essentiellement liées à la guerre menée par son mentor en Ukraine.
C’est elle qui conduira la politique environnementale. En créant une « ligne Maginot » sensée mettre l’hexagone sous la bulle protectrice d’une souveraineté onirique. En interdisant l’éolien, en détaxant le carburant, …
Alors, bien sûr, les institutions de notre République sont solides, et les dégâts politiques et sociétaux sont susceptibles d’être contenus pendant un éventuel quinquennat qui ne pourra être que de « bric et de broc ». Mais les conséquences dramatiques sur la construction européenne, sur le rêve européen, seraient majeures et probablement définitives.
Car, c’est elle qui conduira, au nom de la France, notre participation à l’Union Européenne. En créant un «front nationaliste avec la Hongrie et la Pologne», en remettant en cause la libre circulation des personnes et le droit à travailler également au sein de l’Union, en envisageant le retour à une monnaie nationale et un «Frexit».
En renonçant à la seule véritable opportunité de maîtriser notre avenir qui est de construire de nouvelles souverainetés environnementales, de défense, économique, politique et culturelle européennes.
Ce serait folie de croire que le projet populiste du FN/RN serait en mesure de résoudre les maux qui menacent notre société : la croissance des inégalités et la destruction de notre environnement. Il en est parfaitement incapable car son ADN est fondé, exclusivement, sur un passé fantasmé, une démagogie permanente et la désignation constante de boucs émissaires. Sa compréhension de l’économie se limitant à des promesses de distributions tous azimuts, en ignorant que celles-ci n’existent qu’à la condition exclusive de la création, préexistante et stable, de richesses !
Ce serait folie de croire en un projet dont les référents sont fascinée par Trump et Poutine, amis de Salvini et d’Orban, envieux du Brexit !
Alors, bien sûr, Emmanuel Macron n’est pas la Sainte Vierge et son quinquennat n’est pas parfait. Et à ceux qui ne le soutiennent pas, voire qui ont une détestation profonde à son égard, je veux dire que l’on ne doit pas appeler la foudre pour embêter un voisin que l’on n’aime pas, mais qui partage notre immeuble ! Les nouveaux habits, opportunistes, de Marine Le Pen peuvent séduire, mais ils cachent un fond violent et dangereux. Un loup affamé déguisé en agneau reste un loup, même si un chacal a momentanément réussi à paraître encore plus nocif (pardon pour les loups et les chacals !).
Le 24 avril, nous ne ferons pas un choix d’alternance républicaine, mais bien le choix entre deux modèles de sociétés. Nous y engagerons l’image de la France, l’avenir de l’Union Européenne et la possibilité d’un Monde mieux équilibré entre les modèles américain et chinois.
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