Publié le 15 juin 2021 à 7h44 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Les élections législatives viennent de s’achever en Israël. Benjamin Netanyahu n’est plus Premier ministre, et son départ constitue en soi un véritable tsunami politique dans la mesure où il a occupé ce poste sans discontinuité, depuis 2009, à la tête du Likoud, soit douze années, auxquelles il faut ajouter, trois ans, de 1996 à 1999.
Beaucoup de jeunes n’ont connu qu’une seule personne à la direction politique du pays. Un nouveau gouvernement vient donc d’être mis en place, appuyé sur une nouvelle coalition parlementaire dont le caractère homogène n’est pas le point fort. Cette coalition est constituée de huit partis, trois partis se situent à droite de l’échiquier politique, deux partis sont considérés comme centristes, deux partis sont de gauche et enfin un parti islamiste. La nouvelle majorité dispose d’une très faible marge de manœuvre, soit 61 sièges sur 120. Cette très faible marge de manœuvre incite beaucoup de commentateurs, surtout parmi les membres de l’ancienne majorité, mais pas seulement, à considérer que cette nouvelle coalition au pouvoir ne tiendra pas longtemps, compte tenu des divergences de fond entre des partis qui la composent, et que les électeurs devront, à la première crise grave, se rendre à nouveau dans les bureaux de vote.
A l’inverse, certains estiment que cette très faible majorité a tendance à accroître la cohésion du groupe car la défection de l’un d’entre eux sera immédiatement sanctionnée par la chute du gouvernement. Aussi une aussi faible majorité incite à plus de discipline de vote. La mobilisation des membres d’un groupe qui agissent de manière rationnelle, augmente avec la sanction de la défection d’un seul des membres du groupe. Une défection sera punie par la sanction suprême, la chute du gouvernement alors que la participation sera récompensée par le maintien au pouvoir.
Cependant, cette attitude ne marche bien que si une frontière claire est tracée entre les membres de la majorité et ceux de l’opposition. Entre «eux» et «nous». Les choses se compliquent si le ciment qui lie les membres de la majorité est la présence d’une seule personne, en l’occurrence, celle de Benjamin Netanyahu comme chef de l’opposition. Que se passera-t-il si, par hypothèse, celui-ci démissionne de sa place comme responsable du Likoud ? Cette majorité tiendra-t-elle ou non ? Probablement, non.
[(Le Professeur Gilbert Benhayoun est le président du groupe d’Aix -qui travaille sur les dimensions économiques d’un accord entre Israël et les Territoires palestiniens- qui comprend des économistes palestiniens, israéliens et internationaux, des universitaires, des experts et des politiques. Son premier document, en 2004, proposait une feuille de route économique, depuis de nombreux documents ont été réalisés, sur toutes les grandes questions, notamment le statut de Jérusalem ou le dossier des réfugiés, chaque fois des réponses sont apportées.)]