Avant d’aller au rassemblement pour la République et contre l’antisémitisme à Marseille, j’étais doublement anxieux. A cette anxiété qui ne m’a pas quitté depuis le 7 octobre, s’ajoutait celle d’un possible échec de cette marche de l’unité. Elle devait voire les français rassemblés dans un même élan comme en 2015, où nous étions « tous Charlie ». La polémique sur la présence de certains et l’absence d’autres semblait occulter la gravité de la situation au profit de calcul politiciens. Mais les Français dans leur diversité ont répondu présent.
Liberté
Nous étions là pour dire non à l’explosion d’antisémitisme qui a suivi en France le drame du 7 octobre, et dont nombre de nos concitoyens ont été victimes en Israël.
Nous étions là pour dire que 1 240 actes antisémites ça suffit !
Nous étions là pour dire que porter une Kippa, aller dans une école juive ou à la synagogue, mettre une mézouza (petit boitier contenant des versets de la Torah) à sa porte, où ne pas le faire, doit être un choix et ne pas être imposé par la peur.
Nous étions là pour revendiquer, au nom de toutes et tous, la liberté de penser, de vivre et d’être acceptés dans toute notre diversité, quel que soit nos croyances ou nos origines.
Égalité
Nous étions là pour rappeler que les femmes et les hommes naissent et demeurent égaux en droits et qu’ils ne peuvent être oubliés de la nation au gré de l’actualité internationale.
Nous étions là pour rappeler que ce droit c’est la République qui l’a accordé aux juifs comme à tous ses enfants qu’ils soient nés sur son sol où qu’ils aient fait le choix de partager son destin.
Nous étions là pour dire que fort de tout cela, nous avons également des devoirs. En particulier celui de respecter son prochain.
Nous étions là pour dire que les Lois de la République sont les garants de notre liberté. En s’appliquant à toutes et à tous elles protègent chacun de nous et maintiennent la cohésion nationale.
Fraternité
La foule était fournie, d’abord statique devant la Préfecture puis en mouvement jusqu’au palais de justice. Tout un symbole.
Silencieuse, puis entonnant en cœur des appels à l’unité, contre la violence et l’antisémitisme.
S’il n’y avait eu que des membres de la communauté juive cela aurait été un échec quel que soit le nombre de participants.
Mais étaient présents des personnes de tout horizon, des élus bien sûr, mais surtout des citoyens, à l’image de cette cité phocéenne cosmopolite, solidaires et conscients du danger de la division malgré ou grâce à leur diversité.
« DiverCité »
Cette diversité est la force de Marseille et non sa faiblesse.
Ont accosté, depuis 26 siècles, des vagues successives de réfugiés et de migrants venant du monde entier, certains pour échapper aux persécutions, comme les Arméniens et les juifs, d’autres pour fuir la misère. Ils avaient en commun la volonté chevillée au corps de survivre et de s’intégrer.
Cela n’a pas été facile, il y a eu des rejets et des échecs. Mais leur nouvelle identité, ils l’ont forgée d’abord par la proximité. Au commencement, ils sont devenus des Marseillais avant de faire Nation.
Cette cohésion a résisté malgré les accès de violence qui ont traversé la France ces dernières années.
Pour paraphraser la personnalité préférée des français, « Marseille donne à la France toutes ses différences » pour rester unis tous ensemble face à l’adversité.
Hagay Sobol, Professeur de Médecine est également spécialiste du Moyen-Orient et des questions de terrorisme. A ce titre, il a été auditionné par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur les individus et les filières djihadistes. Ancien élu PS et secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée. Président d’honneur du Centre Culturel Edmond Fleg de Marseille, il milite pour le dialogue interculturel depuis de nombreuses années à travers le collectif « Tous Enfants d’Abraham ».
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