Publié le 9 janvier 2020 à 12h19 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
A l’appel du Crif Marseille-Provence, une marche non silencieuse a rassemblé les Marseillais de tous horizons, ce dimanche 5 janvier 2020, pour que Justice soit rendue à Sarah Halimi odieusement assassinée parce que juive, alors que son bourreau ne sera pas jugé car reconnu pénalement irresponsable. Ainsi en a décidé la Cour d’appel mettant en avant que l’emprise de substance illicite, du canabis, – avait eu pour conséquence d’abolir son discernement.
Le trajet hautement symbolique a mené le cortège de la Préfecture jusqu’au Palais de Justice. Car il s’agit bien d’un appel à la République et à ses valeurs. Ces valeurs qui sont les nôtres, ne sont pas que pas des mots devant rester lettres mortes. Elles doivent s’incarner dans le droit, pour que justice soit faite, et vivre dans l’action, celle des citoyens et de ceux qui les représentent.
Et c’est le message que les Marseillais unis ont décidé de délivrer. On était bien loin d’une manifestation communautaire tant par le nombre que par la diversité des présents. Les élus, les représentants d’associations, les anonymes de toutes origines ou croyances ont répondu présents. La foule était parsemée d’écharpes républicaines, comme si l’espace d’un instant les différences étaient gommées pour ne faire qu’un.
Il est des causes qui rassemblent, celle de la défense de Sarah Halimi est de celles-là. Car tout le monde se sent concerné. En effet, qui n’a pas dans sa famille une personne qui pourrait-être Sarah ? Cette grand-mère qui après une vie de labeur continuait à se donner corps et âme dans l’action bénévole. C’est au nom de cette solidarité que le représentant des églises protestantes évangéliques s’est exprimé devant la foule rassemblée qui lui a répondu en écho par des applaudissements nourris.
Ce crime monstrueux, un acharnement inhumain, vingt minutes de calvaire, de tortures insoutenables, peuvent-ils rester sans jugement ? Le droit nous dit que pour qu’il y ait un débat équitable, il faut que le prévenu soit conscient de ses actes. Mais la réciproque est également vraie, les victimes méritent aussi un procès équitable. C’est en substance ce qu’a dit un avocat ayant voulu s’exprimer en tant que simple citoyen devant le Palais de Justice.
Parmi les slogans scandés par la foule, on pouvait entendre : «NON à la légitime défonce» ou encore «fume des joints, il ne t’arrivera rien». Car il ne s’agit pas de commenter une décision de justice mais bien d’incompréhension. «Comment ce justiciable a-t-il pu être condamné à 22 reprises pour des délits divers sans que jamais ne soit avancé son irresponsabilité, et que celle-ci ne s’impose qu’après l’assassinat de Sarah Halimi. (…) Cette Loi qui a fait tout basculer date de l’époque romaine. Nous sommes au XXIe siècle, c’est un devoir de la faire évoluer» s’est insurgé le Président du Crif Marseille-Provence, Bruno Benjamin, en présence des élus et devant la foule silencieuse.
Puis, avant de remercier l’ensemble des présents, Bruno Benjamin, a conclu en annonçant que cette manifestation n’était que «la première étape d’une longue série d’événements jusqu’à ce que Justice soit rendue pour Sarah. Car faire justice pour Sarah c’est faire justice à la France».
|Hagay Sobol est médecin et professeur des universités, conseiller PS dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille, Secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée|