Tribune du Pr. Hagay Sobol. Les Jeux Olympiques de Paris redorent l’image de la France !  

Publié le 6 août 2024 à  13h31 - Dernière mise à  jour le 2 septembre 2024 à  13h16

Avant les JO de Paris 2024, la France était divisée et prise de doute. Le déroulement impeccable des compétitions, les performances des athlètes et les médailles ont réconcilié un pays avec lui-même et marqué les esprits pour longtemps.

Loin des prédictions funestes, les JO de Paris sont un succès incontestable. Le génie français, parfois transgressifs, a placé la barre très haut. Ces jeux qui se voulaient inclusifs ont atteint leur objectif. On pense à la fraternisation entre concurrents mais également aux athlètes qui malgré la guerre ont décroché l’Or Olympique, à l’image de l’Ukraine et d’Israël ou à cette première distinction de l’équipe des réfugiés. De leur côté, les Bleus ont montré que le succès était au rendez-vous lorsque nous étions unis dans notre diversité. Quant au public international, hormis quelques esprits chagrins, il a fêté tous les héros, et en particulier la nouvelle icône de la natation mondiale Léon Marchand ou l’invincible Teddy Riner au judo.

Doutes et désinformation

Le chemin fut semé d’embuches. Et avant même la cérémonie d’ouverture, les réseaux sociaux et les médias se sont faits l’écho d’une catastrophe annoncée. Mettant de l’huile sur le feu, les extrêmes ont voulu diviser et capitaliser sur le chaos. Ainsi, LFI a feint d’oublier que les Antilles étaient la France. Quant au RN, en digne héritier du FN, il a martelé sa vision étriquée de la nation. Au seuil de ce grand rassemblement international, les Français se cherchaient vainement un trait d’union après une séquence politique erratique. Il a suffi que Paris se pare de ses plus beaux atours et accueille comme un écrin une cérémonie d’ouverture inouïe, pour que la magie Olympique opère !

L’union de la culture, de l’art et du sport

Bien loin de l’académisme rassurant des cérémonies antérieures, l’ouverture a été révolutionnaire et internationalement saluée : un festival de beauté, de couleurs, d’émotions, d’idées novatrices et signifiantes, doublé d’une prouesse technologique. De l’espièglerie bien sûr, en revisitant avec irrévérence l’histoire ou une certaine « Cène ». Mais n’est-ce pas aussi cela l’esprit Français ? Certains ont oublié que la France, souvent à l’avant-garde des idées et des mouvements artistiques, n’est pas la seule en la matière. L’art est souvent transgressif. De « la création d’Adam » de Michel-Ange, jusqu’au « carré noir sur fond blanc » de Malevitch, en passant par « l’origine du monde » de Courbet, ces chefs-d’œuvre ont subi les foudres de la critique avant de devenir des classiques. Il en fut de même de la fresque de Léonard qui n’eut pas que des adeptes. La France a osé, les Français et le monde ont aimé. Pari(s) réussi !

Pour paraphraser Clausewitz: « Le sport n’est que la continuation de la guerre par d’autres moyens ». Mais quoi de plus noble que de troquer le combat pour une compétition sportive, et des médailles militaires pour des podiums. Ne serait-ce qu’un instant, en faisant s’affronter pacifiquement, en un même lieu, des personnes qui n’auraient pu le faire ailleurs, ou de donner de la visibilité à ceux qui n’ont même plus de pays comme les réfugiés. Le monde en a bien besoin, face au risque de conflits majeurs en Europe, au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique.

Trêve Olympique ?

Malgré la trêve Olympique, trop souvent encore, les JO se transforment en arène. Quand LFI fait de la délégation hébreu une cible légitime, que l’on siffle ses athlètes ou les manifestations antisémites lors du match de football Israël – Paraguay. On n’imagine pas le courage qu’il faut pour affronter ces insultes et les accusations infondées, alors que le pays est en guerre, que le pogrome du 7 octobre a ravi des êtres chers, que tant d’autres risquent leur vie sous les balles et les missiles terroristes. Ils ont vaincu de la plus belle des manières, non seulement en participant dignement mais également en gagnant. Avec un total de 6 médailles dont une d’or, dans différentes disciplines, allant du judo à la gymnastique, en passant par les sports nautiques, ils ont hissé haut la bannière étoilée de David.

Mais la plus grande ombre au tableau des JO, pourtant exceptionnels, restera la trop discrète cérémonie en souvenir des athlètes israéliens exécutés par un commando palestinien à Munich en 1972. Elle est passée totalement inaperçue, alors que c’est l’esprit Olympique qui fut assassiné ce jour-là. Une minute de silence en leur honneur, suivi d’une autre pour toutes les victimes civiles des conflits de par le monde auraient été digne et juste. Peut-être pour Los Angeles en 2028 ?

Un bilan plus que positif !

Ces jeux ont redonné toute sa place à la France. Il a suffi de voir les Bleus en action pour unir tout un peuple comme lors de la Coupe du Monde de football en 1998. Et après une semaine de compétition, le record du nombre de médailles est déjà dépassé. Les fâcheux n’ayant plus le carburant de la haine pour diviser, ils sont pour le moment bien silencieux. Faisons-en sorte que l’effet JO perdure et comme le disait le Mahatma Gandhi: «Notre capacité à atteindre l’unité dans la diversité sera la beauté et le test de notre civilisation ».

Hagay Sobol, Professeur de Médecine est également spécialiste du Moyen-Orient et des questions de terrorisme. A ce titre, il a été auditionné par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur les individus et les filières djihadistes. Ancien élu PS et secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée. Président d’honneur du Centre Culturel Edmond Fleg de Marseille, il milite pour le dialogue interculturel depuis de nombreuses années à travers le collectif « Tous Enfants d’Abraham ».

 

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