Impossible d’y échapper. C’est le sujet dont tout le monde parle. Chacun y va de son commentaire éclairé. Comme pour le Covid-19 ou la guerre au Moyen-Orient, tout le monde est devenu spécialiste de la « chose judiciaire ». On croirait presque qu’une innocente a été condamnée injustement pour des faits commis « à l’insu de son plein gré ».
Que n’a-t-on pas dit : « C’est un coup monté par ses ennemis politiques ». « Un déni de justice et de démocratie». « On nous prive d’une élection gagnée d’avance ». « C’est la dictature des Juges ». « Ils s’arrogent un pouvoir qu’ils n’ont pas reçu par les urnes ». « Ils ne représentent pas les millions d’électeurs » qui sont l’avenir de la France…
Il y a quelque chose de troublant dans ces évidences. Ce sont les mêmes propos tenus par tous les tenants des régimes illibéraux quelle que soit la latitude.
Ils sont les seuls à détenir la vérité, et pour toujours puisqu’ils ont été élus par le peuple, même si c’est une contrevérité. Car même quand ils perdent, ils ont gagné : « Ils sont le premier parti de France » et devraient en toute « justice » gouverner.
En conséquence, ils n’ont que faire des contre-pouvoirs et des juges. Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin, à quoi bon de nouvelles élections une fois sur le trône ?
Mais revenons à la source. Tout est parti de l’Europe. Ce ne sont donc pas les juges français, ni même ses adversaires politiques hexagonaux qui ont découvert le pot aux roses. Marine Le Pen (MLP) a été reconnue coupable de détournement de fonds publics, l’argent du Parlement Européen. 4,4 millions d’euros ont servi à financer le train de vie du parti d’extrême droite, et 12 assistants parlementaires qui ont travaillé pour le FN/RN et non pour Bruxelles.
La fille de son père a été condamnée à 4 ans de prison (dont 2 fermes) et 5 ans d’inéligibilité pour son rôle central dans le système mis en place. Et c’est « le risque de récidive, le trouble majeur à l’ordre public, en l’espèce le fait que soit candidate à l’élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance» qui a justifié l’immédiateté de la peine d’inéligibilité.
Ce n’est ni Robin des Bois ni Jean Valjean qui ont été condamnés mais bien une femme politique qui a profité du système, en détournant nos impôts, même sans enrichissement personnel, afin de conquérir le pouvoir. Il n’y a rien de noble ni d’altruiste dans cela. Et le fait que d’autres n’aient pas encore été condamnés, ne l’absout pas pour autant. Il faut laisser la Justice agir !
Il n’y a qu’une seule question qui vaille. MLP et le RN, se seraient-ils rachetés une conduite, une fois à l’Élysée ? Il est légitime d’en douter. Comme le jugement le rappelle, « les faits constituent une double tromperie, à la fois à l’égard du Parlement européen et des électeurs ». Pour les juges, il y avait un fort risque, qu’enhardi par leur expérience, ils dimensionnent le détournement systémique à l’échelle d’un pays.
Si Jordan Bardella est le candidat désigné du RN, devrons-nous suivre la campagne présidentielle sur TikTok, comme cela a si bien réussi à Călin Georgescu, l’homme de Moscou, en Roumanie ? Il y a là un vrai danger. Les réseaux sociaux, où règne la désinformation, ont pris le pas sur les médias traditionnels et pourrait être le tremplin pour la revanche de tous les complotistes au risque de tomber de Charybde en Scylla !